De pont en pont dans la vallée de Conches
De pont en pont dans la vallée de Conches
Pont couvert de Reckingen de 1944, conçu par l'ingénieur Jean Barras de Bulle
Qui dit sentier, chemin, route dit gué, passerelle, pont. Cette allégation est particulièrement adaptée à la vallée de Conches, dont les villages s’égrènent le long du jeune Rhône et dont les versants sont traversés par de nombreux torrents.
Ces ouvrages représentent un lieu de ralliement et de passage obligé qui met en relation deux rives, deux hameaux pour permettre aux villageois de se déplacer, se rencontrer et échanger.
De la simple dalle aux grands ouvrages modernes, les ponts vivent au rythme des événements. Ils sont les témoins de l’histoire des habitants, de leur culture et parfois aussi de leur foi, comme l’atteste le plafond de la chapelle d’Unterwassern à Oberwald ou encore le petit oratoire à Münster, tous deux dédiés à Saint Jean Népomucène, le protecteur des ponts.
Entre Oberwald et Niederwald, le Rhône est enjambé par vingt passerelles et ponts qui sont autant de traits d’union tangibles et physiques. A chaque fois, ils révèlent un savoir-faire et une technique, qui sont le résultat d’une longue expérience.
Pendant très longtemps, le pont est tiré de la nature proche : du bois, de la pierre. Vient ensuite le métal qui autorise des portées plus larges et des formes allégées. Il y a le fer, puis l’acier, l’aluminium, chacun apportant des propriétés nouvelles et ouvrant la porte à de nouvelles applications. Quand le béton fait son apparition, il bouleverse la technique de construction. Supprimant de nombreuses contraintes, le béton permet de s’exprimer beaucoup plus librement. C’est le début d’un âge nouveau. Béton armé, béton précontraint, enfin alliance parfaite du béton et du métal dans les ponts haubanés, l’évolution des matériaux s’accélère fortement au 20ème siècle.
Parallèlement grâce à l’ordinateur, les techniques de calcul et de dessin font un bond en avant. Et déjà s’annoncent à l’horizon les matériaux composites dont l’extrême légèreté et la solidité laissent entrevoir la possibilité de nouvelles prouesses.
Bien que la totalité des anciens ponts en bois typiques de la vallée de Conches aient été remplacés dans les années 1930 suite aux améliorations foncières cantonales, il en existe quelques-uns sur le Rhône qui méritent une certaine attention.
Tout d’abord, le pont couvert d’Ulrichen, dont la longueur de 21,65 m. permet aux piétons de traverser le Rhône à l’abri de la circulation. Construit en 1987, il est un pont-treillis constitué d’un assemblage de pièces de bois triangulaires croisées, surmonté d’une couverture de tavillons de mélèze.
Mentionné déjà au 16ème siècle par les voyageurs et géographes, le pont de Reckingen unit les deux parties du village séparées par le Rhône. L’actuel pont couvert, conçu par l’ingénieur Jean Barras de Bulle, date de 1944. Ses deux pignons comprennent des inscriptions : à l’ouest, les noms des constructeurs et du président en fonction sous les armoiries de la commune et à l’est sous une pietà cette incantation : « Marie Mère de la Chrétienté. Soyez notre pont vers l'éternité. Sauvez-nous du feu et de la pénurie d'eau. Et donnez-nous une mort bénie ».
Réalisé en 1941 d’après les plans du même ingénieur fribourgeois, le pont de Münster sur le Rhône présente une structure métallique alors qu’il ressemble à un pont en bois. Il est caractérisé par des membrures supérieures de forme semi-parabolique reliées aux parties inférieures et au tablier par des montants verticaux et des tiges disposées en diagonale.
La vallée de Conches est donc une région où la nature et les hommes offrent d’étonnantes réalisations pour franchir le Rhône et d’autres torrents comme le Münstigerbach à Münster, qui emporta plusieurs ouvrages sur son passage lors de la crue des 24/25 août 1987.
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