1990-2015, 25 ans de bisons à Bellevue
1990-2015, 25 ans de bisons à Bellevue
Entretien avec Laurent Girardet
Les Bisons ont remplacé les antennes
C’est en 1990 que Laurent Girardet concrétise son idée d’élever des Bisons, c’était il y a 25 ans déjà !
Pourquoi vous êtes-vous lancé dans cette aventure ?
En 1981, j’ai repris la ferme familiale avec mon frère Pierre-Alain. La famille tient une ferme à Colovrex depuis mon arrière-grand-père. Il s’agissait d’une exploitation classique de type intensif avec vigne, cultures et bétail laitier. Cette manière de pratiquer l’agriculture, je n’en avais pas « la fibre », alors en 1986 l’exploitation passe de l’intensif à l’extensif. Ça fait depuis bien longtemps que j’avais l’idée d’importer des bisons, depuis un stage en Alberta en 1976. Suite à ce voyage, j’ai vu un reportage sur un élevage de bisons aux Etats-Unis (Dakota du Sud – Rapid City), je me suis dit que c’était réalisable. En Amérique du nord, les élevages pour la viande se sont développés dans la années 80. En Suisse, le développement s’est réalisé dans les années 90.
Quelles est la différence avec l’élevage des vaches ?
Le bison est un animal rustique pour lequel il faut le moins d’intervention de l’homme que possible. Il supporte bien toutes les températures et préfère le vent et le soleil. La reproduction ne peut pas se faire par insémination. L’abattage ne peut pas se faire dans un abattoir car cela stresserait l’animal et rendrait la viande très difficilement consommable. Cet élevage, c’est aussi toute une philosophie qui se cache derrière de respect de l’animal et du consommateur. La filière entre producteur et consommateur est très courte. Enfin, il y a aussi un aspect touristique indéniable.
Où en est le cheptel ?
Au départ, il a fallu importer 10 bisons du Canada très vite suivis de 30 autres des Etats-Unis. Aujourd’hui, le cheptel se compose de 50 mères, 2 à 3 reproducteurs, pour un total de 120 à 150 animaux. C’est le premier élevage de Suisse et il est à l’origine des onze autres du pays. Une association faîtière des éleveurs de bisons a été montée. Avec Boncourt et Avenches, ce sont les trois exploitations les plus grandes de Suisse. A Colovrex, les animaux qui pâturent constituent le troupeau de base (reproduction) tandis que le troupeau de Bossy est destiné à la rente (boucherie). On abat environ 40 bisons par année dont on tire du poids total (avoisinant les 250 kg) environ les deux-tiers en viande. Il n’y a que deux boucheries à Genève qui traitent les bisons : celle du Palais à Carouge (vente en gros et au détail) et Miège à Coppet (vente en gros). Sur les deux Communes concernées par l’élevage, l’Auberge de Collex et le restaurant de la Vigne-Blanche proposent constamment des plats à base de bison. D’autres restaurants en proposent dans la région mais les identifier est chose compliquée puisque le plat est souvent proposé sur une carte saisonnière. La demande en viande est beaucoup plus forte de l’offre c’est pourquoi sur le marché il y a aussi de la viande importée.
En 2005, les bisons ont été rejoints par les wapitis, actuellement au nombre de 16 et situés à Bossy.
Quelles ont été ou quelles sont encore les difficultés ?
L’une d’elles consiste dans le fait que le bison européen est une espèce protégée et qu’elle ne peut pas être élevée pour la rente, il faut donc importer des bêtes d’Amérique du Nord et procéder à la reproduction en Suisse et dans les pays limitrophes pour éviter la consanguinité. Dans l’esprit de la production extensive, il faut aussi beaucoup de place puisque chaque animal a besoin d’un demi-hectare de pâtures, sans compter la surface nécessaire à la production de foin.
Si c’était à refaire ?
Ce serait en tous points pareils mais en plus grand !
Et l’avenir, comment se profile-t-il ?
L’extension de la ville est un aspect tantôt positif, tantôt négatif. Pour l’exploitation en elle-même, la relève n’est pas encore assurée, mais l’idée fait son chemin.
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