Fronton de la maison du Grand St-Bernard au Clou (Ferret)

Fronton de la maison du Grand St-Bernard au Clou (Ferret)

1920
Emile Gos
Médiathèque Valais-Martigny 019ph-02075a

Partant de l'image de la croix du Clou photographiée par Pierre Auguste Chappuis

et grâce aux commentaires du chanoine Jean-Pierre Voutaz, je suis arrivé, de fil en aiguille, à Emile Gos, photographe, qui a pris, vers 1920, quelques images du Clou qui sont accessibles à la Médiathèque du Valais. Cette dernière a bien voulu mettre à disposition l'image du fronton de la maison ayant appartenu aux chanoines de l'hospice du Grand St-Bernard, qui logeaient ici durant la préparation du bois de chauffage et de construction pour l'hospice comme l'indique le chanoine Jean-Pierre Voutaz: "

Le comte Thomas de Savoie offre à l’hospice du Grand Saint-Bernard les bois nécessaires à cet hospice le 24 mars 1189, soit le bois d’affouage (chauffage) et le bois de construction (AGSB 1339). De ce fait les chanoines organisent un transport par chevaux, allant des lieux de coupe au Clou, où étaient transportés les bois pour séchage, puis du Clou à l’Hospice via d’abord le col de Fenêtre (les trois lacs), puis, depuis 1736, via le col des Chevaux."

Sur le fronton, l'armoirie renvoie à celle de l'hospice mise sur NH par Sylvie Bazzanella

Mais avec quelques différences qui ont du sens.C'est encore avec l'aide du Chanoine Voutaz que l'on peut décrypter cette inscription au fronton de la maison:

"Les armoiries du Gd-St-Bernard, présentent les deux colonnes du Grand- et du Petit St-Bernard (colonnes celtes), le cœur présentant les hospices qui y ont été construits, maisons de charité symbolisées par un cœur enflammé, l’étoile qui permet de guider les pèlerins dans la montagne. L’interprétation allégorique y voit les colonnes de la foi, l’étoile de l’espérance et le cœur de la charité. L’hospice du Simplon, a repris cette interprétation allégorique pour dire l’identité de la mission dans une autre maison en y mettant un soleil rayonnant une croix, entourée d’un cœur et d’une ancre.

La colonne vient dans les armoiries au 14e siècle et les autres éléments sont mouvants jusqu’à nos jours. On y voit parfois un lys, tiré de l’armoirie du chapitre d’Aoste dont saint Bernard était archidiacre, c’est le cas du sceau de la paroisse d’Orsières, on y voit parfois un gland au sommet, parfois dans une forme de losange.

Si je vois bien les armoiries du Grand St-Bernard sur la pierre de la maison du Clou, au milieu, au fond, le lys y est mis à l’envers, cela signifie que nous sommes au début du 18e siècle et que les chanoines valaisans font le deuil d’avoir un prévôt étant encore membre du chapitre de la cathédrale d’Aoste. Mettre les armoiries à l’envers est signe de deuil, c’est ce que fait le dernier descendant d’une lignée pour signifier qu’avec lui la lignée s’éteint. Le début du 18e siècle est une période de fortes tensions entre les chanoines valaisans, partisans de la libre élection du prévôt par le chapitre, selon les constitutions de 1438 et les chanoines du Val d’Aoste, sujets du roi de Sardaigne-Piémont, qui sont en faveur de la coutume et tolèrent les interventions des ducs de Savoie (et de leurs descendants) dans la nomination des prévôts depuis 1451. Les Valaisans signifient par le lys à l’envers, puis par le fait d’enlever le lys et parfois une colonne (cf une plaque de cheminée située actuellement à l’entrée du prieuré à Martigny), qu’ils font le deuil de leurs origines pour vivre libres par rapport aux autorités politiques, s’attendant à une sécularisation des chanoines et des biens situés sur la Savoie, ce qui arrive en 1752. Au-dessus du lys, j’y vois une étoile à cinq branches à l’envers par rapport à aujourd’hui. Sur l’étoile je ne vois pas bien, ce pourrait être comme l’indication d’une flamme que l’on retrouve actuellement sur le cœur. C’est bien une variante des armoiries de la congrégation.

Pour la croix entre 17 et 16, c’est la manière habituelle de noter les dates sur les poutres pour manifester que Dieu en la personne de son Fils mort et ressuscité, est le seul maître du temps et de l’histoire, soit de renvoyer celui qui lira la date et les indications techniques vers le seul qui demeure. Cela pourrait venir de la manière de préparer le cierge pascal le Samedi-Saint, en y traçant la croix puis l’année, de cette manière"

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