D’où proviennent les noms de famille ?
D’où proviennent les noms de famille ?
Les registres des paroisses ont largement contribué à clarifier les filiations. Le Synode de Rome voulait éviter les mariages entre proches parents.
Par Charly-G. Arbellay
Pourquoi s’appelle-t-on Antille, Bornet, Bruchez, Closuit, Salamin ou Roch ? Qui est à l’origine des noms de famille ?
Pour le savoir, il faut remonter au dixième siècle. La genèse des noms de famille européens s’étend du 10e au 16e siècle. Elle se situe dans la période du Bas Moyen-Age et de la Renaissance. En effet, les éléments qui vont conduire à la création des noms de famille héréditaires commencent à apparaître peu avant l’an mil et à la fin du 16e siècle avec la généralisation des registres paroissiaux. Précédemment, la grande majorité des noms ont été transmis oralement, les gens étant illettrés. On ne connaissait ni l’état civil, ni les papiers d’identité. Celui qui devait enregistrer ou écrire un nom le faisait donc suivant ses propres principes et il le faisait à la main, c'est-à-dire parfois avec une écriture très difficile à relire. Malgré ces aléas, les noms se sont transmis généralement de façon assez fidèle.
Proscrire les mariages consanguins
La mise en vigueur de la législation sur les noms de famille a joué un rôle capital. C’est elle qui a fixé définitivement les noms en arrêtant le renouvellement des surnoms. Avant la loi, les registres de paroisses auxquels on se réfère désormais pour l’identité des personnes ont été déterminants. Tenus pas les curés, ils apparaissent d’abord en Italie à la fin du 14e siècle. Leur but était à l’origine d’éviter les mariages consanguins. C’est le synode de Rome qui a prescrit aux curés en 1406 de tenir ces registres. En Suisse romande, les registres de baptême ne sont tenus qu’à partir du 17e siècle: Fribourg 1674, Bulle 1602, Broc 1623, Charmey 1631, Ayent 1660.
- Extrait de baptême de 1794 à Saint-Maurice de Laques (Valais). Pour consulter le document, cliquer ici.
Les origines possibles
Selon l’étymologie et le sens, les noms de famille peuvent être répartis en quatre catégories:
- > Les prénoms de baptême deviennent des noms de famille (Charles, Richard, Hugues, Louis, Claude, Rémy, etc.).
- > Les noms d’origine évoquant le lieu de provenance de la famille: ville, village, ou lieu-dit, (Turin, Nendaz, Loye, Fontana, Dumoulin) voire d’ethnies: (Sarrasins, d’Anniviers).
- > Les noms de professions, d’état de parenté: (Cordonnier, Couturier, Pannatier, Masson, Fournier).
- > Les sobriquets qui expriment des défauts ou des qualités, souvent ironiques: (Cornu, Prince, Marquis, Mouton, Racine, Planche, etc.).
La particule "de"
A l’époque, la particule «de» n’est nullement un signe de noblesse. Qu’il s’agisse de noms de localités ou de domaines, il n’y a aucune différence d’aspect entre les noms roturiers et les noms nobles (Dayen: de Ayent). Ensuite, les vicissitudes orthographiques qu’ont subies les noms de famille viennent encore compliquer les recherches étymologiques. Aucune langue n’en a souffert autant que le français.
La médiathèque cantonale du Valais signale un extrait de l'article "La fausse noblesse" paru dans l'Impartial du 11 septembre 1922 et disponible en ligne à cette page :
"Le mot « de » n'est en réalité qu'une préposition qui est parfois l'ellipse d'un titre de noblesse, mais qui, d'elle-même, n'indique pas la noblesse. C'est par abus souvent audacieux et aujourd'hui admis par prétention, qu'il est convenu qu'elle ennoblit.
Elle est noble lorsqu'elle rappelle la propriété d'une terre jouissant elle-même du privilège de noblesse. A partir du Xème siècle, la terre devient notamment chez les familles nobles, la « grande nomenclatrice ». Le «de » devient alors un génitif qui marque la possession : Simon de Montfort, Enguerrand de Coucy et il suppose vraiment l'ellipse d'un titre seigneurial. Le « de » se traduit en ce cas dans les actes publics par un génitif latin : Simon, de Montfort, abréviation de Simon, comte de Montfort, se disait en latin : « Montis fortis dominus ».
Au contraire, le «de » est dénué de toute valeur nobiliaire lorsqu'au lieu d'exprimer la possession, il n'exprime plus que la provenance. Foule de «gens de peu » ont pris des noms en raison non pas d'une terre qui leur appartenait, mais de la glèbe sur laquelle ils travaillaient. L'idée exprimée par la particule n'est plus une idée de suzeraineté, mais de vasselage.
Notre langue, incapable vu sa pauvreté de différencier ces deux rapports, les a confondus dans le même mot, et de cette confusion il est résulté des erreurs innombrables sur lesquelles sont venus se greffer les abus du genre de celui que Chrysale reproche à Arnolphe. De nombreuses familles, aujourd'hui acceptées comme nobles, ont tiré leur nom d'un objet quelconque ayant appartenu à un ancêtre, propriétaire assurément, mais point gentilhomme. [...]"
Changer son nom
Si votre nom de famille ne vous plaît pas, il est possible de le changer. Il faut pour cela adresser une requête justificative à Conseil d’Etat qui en décide. Dernier exemple en date : les Dussex ont modifié leur nom en Dussey.
A propos de l'illustration
Les blasons indiquent que sur la base d’un mot, il peut y avoir plusieurs noms de famille : ici "Bär" (l'ours) a donné naissance aux noms Anchisi, Bärenfaller, Berrut et Orsat.
Images modifiées ou générées par l'IA
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