La carrière romaine de la Raisse près Concise

La carrière romaine de la Raisse près Concise

juin, 1909
Industrie graphique J.Rossi-Vogt Grandson
Yannik Plomb

La carrière romaine de la Raisse près Concise ou la belle oubliée

La Raisse un petit hameau de la commune de Concise sur les bords du lac de Neuchâtel. Situé entre lac et montagne, au cœur du vignoble de l’appellation Bonvillars.

Aujourd'hui au même endroit

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L'exploitation de la carrière de pierre de la Raisse, non loin de la chartreuse de La Lance, date de l'époque romaine, comme en témoigne un tronçon de voie antique mis au jour près du site.

Le site est classé comme bien culturel suisse d'importance nationale !

La carrière romaine fut perdue de vue et oubliée, elle sera remise au jour en 1909 par des fouilles archéologiques

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Photo: Albert Naef Archives cantonales vaudoises 24.11.1909

Aujourd'hui s'y rendre est une véritable expédition.

C'est vrai qu'aucune indication ne l'indique sur le bord de la route. Donc avec une bonne carte nous trouvons une place de parc à un petit kilomètre,

Une dizaine de minutes de marche et nous voici face à un très vieux portail.

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Une fois franchi une mauvaise route et enfin un très vieux panneau.

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Mais il faut deviner que le sentier est dans la jungle derrière ce dernier

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Après une centaine de mètres, nous arrivons sur le site, la nature à l'état pur, un site qui peu à peu se referme,

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Notre œil est tout de suite attiré par ces profondes rainures servant à la délimitation des blocs

Ce sont les traces caractéristiques laissées par l’escoude, un outil de carrier utilisé pour l’extraction manuelle de pierre tendre

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Il reste encore des blocs dont le plus grand se situe en haut de la carrière

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Photos Yannik Plomb 21.08.2020

Et pour la petite histoire

La Revue de Lausanne samedi 2 septembre1899

Les carrières de la Raisse au temps des Romains.

Concise sur les bords du lac de Neuchâtel, un kilomètre au nord de Concise, on aperçoit une falaise de rocs blanchâtres qui s’élèvent de 10- 20 m. au-dessus du niveau du lac. Cette falaise présente un développement d’environ un kilomètre entre le château de la Lance et le moulin de la Raisse. C’est là que d’après une tradition constante, les Romains sont venus chercher les plus belles pierres qui leur ont servi construire les remarquables monuments d’Avenches, la capitale de l’Helvétie, aux premiers temps de la domination romaine.

Les deux énormes corniches engagées dans le soubassement de l’église d’Avenches, par exemple, proviennent certainement des carrières de la Raisse. Les traces du travail des ouvriers sont encore aussi nettes, dans ces carrières, que s’ils venaient de les quitter. Ils exploitaient cette pierre très dure la tranche, comme on fait pour la mollasse de nos jours.

On voit encore çà et là des blocs ébauchés, des tronçons de colonnes abandonnés sur le rivage, et jusqu’à des fragments de marbre poli, dont un certain nombre ont été utilisés dans la construction du chemin de fer d’Yverdon Neuchâtel. Les carrières de la Raisse n’ont dû être accessibles que du côté du lac d’Yverdon Neuchâtel, la route, qui occupe, sans doute, l’emplacement de l’ancien chemin des Romains, passe en arrière de la falaise, 40 m. plus haut. Ce serait donc par le lac que se seraient faits les transports jusqu’aux portes d’Avenches rien de plus naturel.

Dans un intéressant travail que publie le Bulletin de la Société vaudoise des ingénieurs et architectes M. Jules Michel, ingénieur en chef de la C“ P.-L.-M., démontre que les pierres employées par les Romains pour édifier la basilique d’Agaune, devenue plus tard l’abbaye de St-Maurice, sont des calcaires à chama qu’on ne trouve nulle part dans la vallée du Rhône. Les magnifiques blocs qu’on a retrouvés à St-Maurice l’état de vestiges de la construction primitive, ont dû être extraits des carrières de la Raisse, transportés par le lac jusqu’à Yverdon, d’Yverdon Morges, puis par le Léman jusqu’au Bouveret, et de là St- Maurice et Martigny. Quelque étonnant que cela puisse nous paraître, il faut admettre que des transports réguliers étaient organisés entre Saint-Maurice et le lac de Neuchâtel.

Les Romains, habitués à demander leurs belles pierres de taille aux ouvriers exercés qui exploitaient les carrières de la Raisse, ne se donnèrent pas la peine de chercher dans le Valais celles qu’ils auraient pu trouver, s’ils l’avaient voulu. Depuis le moment où elles ont fourni les pierres des dédicaces Drusus et Caligula jusqu’à l’époque où on en tiré le tombeau de Nitonia, les carrières de la Raisse ont été exploitées pendant près de trois siècles.

Pourquoi les a-t-on abandonnées Faut-il en chercher la cause dans les invasions des barbares, ou bien ne peut-on l’attribuer un exhaussement du niveau du lac de Neuchâtel déterminé par les alluvions de l’Aar ? Les eaux seraient-elles venues noyer les grottes, encore visibles, qui devaient servir d’habitation aux ouvriers ? M. Michel ne saurait le dire mais il pu constater que si le niveau du lac de Neuchâtel n’avait pas été abaissé d’environ 2 m. 50, il a une vingtaine d’années, par suite de la correction des eaux du Jura, il n’aurait pu visiter les carrières de la Raisse aussi facilement qu’il l’a fait récemment, en suivant les bords du lac.

M. Michel signale aussi à Martigny l’emploi du calcaire de la Raisse. Il y avait à Martigny un monument décoré de colonnes et de stèles avec inscriptions. Une quinzaine de blocs plus ou moins atteints par le feu, qui a, sans doute, détruit ce monument, ont été employés dans les constructions mises jour récemment par les fouilles exécutées au voisinage de Martigny. Ce sont également des calcaires à chama des carrières de la Raisse, On peut en voir aussi quelques fragments dans les restes des remparts du vieux château de St-Triphon, qui commandait la vallée du Rhône, en dessous de St-Maurice, et dans les murs de la curieuse chapelle romane qui s’élevait la pointe du rocher où était établi cet ancien poste fortifié. Enfin, les Romains avaient aussi construit, sur les hauteurs qui avoisinent Lausanne, avec les calcaires chama de la Raisse, un monument considérable, si l’on en juge par les dimensions des pierres employées au douzième siècle par les architectes de la cathédrale de Lausanne. Ceux-ci ont trouvé sur place, cette époque, des blocs assez nombreux et d’assez belles dimensions pour tailler les pierres qui forment le revêtement extérieur du soubassement de ce bel édifice. La plupart de ces revêtements subsistent encore. Les trous de louve qu’ils portent presque tous sur la face verticale, une hauteur plus ou moins grande, prouvent qu’ils ont eu primitivement une autre destination qu’ils proviennent de blocs recoupés au douzième siècle, et qu’ils n’ont pas été pris dans la carrière au moment de la construction de la cathédrale de Lausanne.

Source Scriptorium BCU

Calcaire à Chama calcaire blanc avec de très nombreuses coquilles de fossiles cassées de mollusques marins bivalves de la famille des Chamidae.

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Yannik Plomb
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22 août 2020
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