La rue de la Canonnière_31 Repérage

Rue de la Canonnière, Genève, 1202,
Claire Bärtschi-Flohr
Claire Bärtschi-Flohr

Entre les numéros 47 et 45 de la rue du Grand-Pré, s'ouvre la rue de la Canonnière. Elle n'est pas très longue. Environ une centaine de mètres. Au bout de la rue, une petite villa ferme le passage et si l'on ne veut pas revenir sur ses pas, on doit s'engager dans la rue de l'Orangerie, soit à gauche pour se diriger vers la rue Schaub, soit à droite pour rejoindre la rue des Asters.

J'habitais dans cette petite villa, au numéro 5, devenu 15, de la rue de l'Orangerie, à la fin de la deuxième guerre mondiale. C'est pourquoi je possède quelques photos de la rue à cette époque. Rien n'a bougé dans ce périmètre privilégié. La dizaine de villas y sommeille toujours. L'une d'entre elles est devenue Ambassade. Les jardins sont toujours là, bercés par la sonnerie des cloches de l'église catholique de Saint-Antoine de Padoue, toute proche. Nous n'étions pas très concernés par cet appel de l'église, notre famille étant calviniste, mais quand mes camarades d'école passaient devant chez moi le dimanche matin, pour se rendre à la messe, je leur enviais le si joli petit livre qu'elles tenaient serré dans leur main : leur missel.

La rue était à nous. Nous y jouions sans nous préoccuper d'une circulation qui était alors inexistante. Il y avait là Claude Anex, Christiane Zysset, Bernard et Monique Gigy, Liliane Karlen…Puis toute la famille Pechkranz.

Nous investissions le trottoir, et le couvert de l'entrée de l'immeuble (L'allée) au grand dam de la concierge du numéro 9, quelque peu Cerbère. Un jour, j'y oubliai ma poupée, posée sur le sol. Je ne l'ai jamais retrouvée. A mon grand désespoir.

Oui, la rue était à nous. Nous y faisions des tours à vélo, nous nous y mesurions à la course. Nous y jouions au ballon. Sur la droite, s'étendait un grand terrain vague vallonné, assez profond, bordé de vieux entrepôts où se dressait une grande cheminée de brique. Tout cela a disparu, la cheminée a été dynamitée lors de la création de la rue Cramer et de la construction de nouveaux immeubles. C'était là un terrain de jeu formidable, même un peu inquiétant car il était tout en coins et recoins et il avait gardé un aspect sauvage. Les adultes n'y venaient jamais.

J'étais extrêmement peureuse, je l'admets. On me le reprochait. Mais il me semblait qu'il y avait de quoi. Dans la rue de l'Orangerie, juste avant d'atteindre la Servette, habitait un grand garçon qui se permettait d'apeurer les plus jeunes en leur interdisant le passage.

Dans un autre terrain vague, au-delà de la rue du Grand Pré, plusieurs grands garçons nous ont un jour emmenés et nous ont menacés d'utiliser nos jambes nues pour y faire ramper de gros escargots de Bourgogne bien baveux. J'en ai encore la chair de poule ! Je ne me souviens plus guère des détails. Seul le traumatisme est fiché dans ma mémoire. Il faut croire que nous ne savions pas nous défendre.

Tout près de ma maison, il y avait (il y a encore) un petit chemin, le chemin des Roses, propice aux amoureux, lorsque la nuit tombait.

Mes parents nous ont raconté une histoire véridique :

Dans les années 1950, une charmante vieille fille, comme il y avait encore autrefois, Mlle M…..rentrait chez elle par le chemin des Roses, après avoir participé au culte dans la petite chapelle protestante de la Servette, maintenant démolie. Soudain, dans le petit chemin désert, un exhibitionniste se jette devant elle, manteau grand ouvert. Sans se démonter, Mlle M. s'écrie « Rentrez-moi tout ça, mon brave monsieur, vous allez prendre froid ! ». L'exhibitionniste a obtempéré, sans discuter. Il s'est enfui, probablement honteux. Et l'histoire a réjoui un certain nombre de familles de la paroisse !!!

En 2018, la rue n'a pas beaucoup changé. Les immeubles sont les mêmes. Peu à peu, d'autres ont été construits. La rue est principalement transformée par la présence des voitures, omniprésentes et encombrantes, qui attendent sagement, garées sur les places de parc.

Lu sur le Site : ge.ch/noms-géographiques/voie/... » :

« 1945-2018

« Rue de la Canonnière

Evoque l'exercice du canon

Rue de la Canonnière

Description

Ce nom évoque l'un des "Exercices", c'est-à-dire une corporation militaire de l'ancienne République de Genève.

La Canonnière était le nom donné aux deux rives du nant des Orgues, au Grand-Pré, et vient du fait que les rives appartenaient, à cet endroit, à la Communauté des canonniers de Genève depuis la donation qui leur avait été faite de cette propriété en 1656. C'était là que se trouvait la cible de l'exercice du canon, dont le tir se faisait à Cornavin.

L'exercice du canon fut aboli en 1782.

Définition de l'Arrêté du Conseil d'Etat

Rue de l'Orangerie / Rue du Grand-Pré. »

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  • Albin Salamin

    Hello, je teste les commentaires car il paraît que tout le monde ne reçoit pas un avis dans sa messagerie. Merci de répondre par un autre commentaire.

  • Claire Bärtschi-Flohr

    Oui, j'ai bien reçu un avis dans ma messagerie. J'en profite pour vous souhaiter d'excellentes fêtes de fin d'année. Joyeux Noël !

  • notreHistoire.ch

    Bonjour Claire, nous vous souhaitons une très belle année. Plus personnellement, je dois dire qu'elle commence bien avec le récit de votre jeunesse dans cette rue de la Cannonière 31 à Genève. Mention spéciale pour ce document signifiant que c'est la fin de la Guerre. Bravo!

  • Claire Bärtschi-Flohr

    Merci. C'est toujours un plaisir de pouvoir s'exprimer sur "notrehistoire". Tous mes voeux pour vous et pour la plateforme.