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Le centenaire

Le centenaire

15 décembre 1954
Collection Jean-Louis Kittel
Michel Savioz

Photo, collection Jean-Pierre Genoud

Grande fête à Vissoie, au val d'Anniviers, ce dimanche 20 décembre .... On y fête le centenaire de M. Frédéric Kittel, né le 15 décembre 1854, d'une famille venant de Tourtemagne et, plus en arrière encore dans le temps, de Lucerne...

Sans doute le fait n'est pas unique, pas même à Vissoie. Mais il est assez exceptionnel de fêter un centenaire qui ne connaît ni infirmités, ni maladies, qui remplit scrupuleusement ses obligations de citoyen, fréquente les urnes, se rend chaque dimanche à la messe, et travaille encore parfois à la forge...

Car M. Kittel est forgeron, comme l'avait été son père. Il connut le temps où le chemin conduisant à la plaine n'était qu'une piste muletière et où les riches paysans venaient régulièrement à la forge pour y faire ferrer leurs mulets où y commander une pièce de charrue ...

Les temps ont bien changé en cent ans. Les forges sont remplacées par des garages. La piste muletière a disparu. Une belle route a été taillée dans le roc. Une nouvelle, plus belle encore, plus large et plus directe va s'inaugurer prochainement en même temps que commenceront les travaux du nouveau grand barrage hydro-électrique de la Gougraz ...

Cependant cette fête qui réunit à Vissoie une nombreuse descendance éparpillée dans le val ou dans la plaine et jusque dans le Jura (beaucoup de Valaisans ont pris du travail dans l'horlogerie), comme aussi les habitants de cette très grande paroisse (comme elle était il y a peu encore, avant qu'on la divise), fut aussi une occasion de se retrouver entre Anniviards et comme une fête de famille.

Tôt le matin, le centenaire se rendit aux urnes, puis à la messe. Il va sans dire que, dans cette vaste et belle église de Vissoie, M. le curé avait préparé des paroles de circonstances. L'église était pleine, le centenaire à sa place habituelle, au dernier rang. ("Ah! c'est lui, le centenaire, dit un ouvrier saisonnier ? Je l'ai vu passer tous les jours sans m'en douter. On ne lui donne pas son âge ...").

Quelques parents le félicitèrent au sortir de la messe, puis il se rendit chez lui, où vinrent le chercher le président du gouvernement valaisan, le secrétaire de la Chancellerie, le sous-préfet, M. Aloys Theytaz, des parents et la fanfare. Puis ce fut, sur la place, par le brouillard malheureusement, la grande et belle fête de famille que nous avons dit... Henri Jd

Frédéric Kittel décèdera à l'âge de 103 ans.

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