Vissoie-Bourg

Vissoie-Bourg

1 février 2005
© Collection Bertrand Zufferey
Michel Savioz

VISSOIE (A). - En lisant l'histoire de ce petit coin d'Anniviers, le lecteur est frappé par la constance des malheurs que dut endurer la communauté de Vissoie.

En effet, déchirée par des procès qui lui valurent finalement son indépendance, la commune ne tarda pas à connaître une grande catastrophe. C'était il y a cent ans, le 21 septembre 1880 plus exactement. Ce jour-là, un terrible incendie ravageait le village, détruisant quatre maisons et 35 granges. Le violent foehn qui soufflait ce jour-là n'était certes pas étranger à cette propagation destructrice.

La célèbre tour «Le Bailles», habillée de bois, devait également être la proie des flammes. Ainsi se consommait le seul vestige que Vissoie conservait d'un très lointain passé.

Près de 200 personnes subirent des dommages considérables. Mais, exceptés 800 francs reçus de la Caisse cantonale, les intéressés déclinèrent toutes les offres de secours, bien décidés qu'ils étaient à s'occuper seuls de leurs ruines !

La reconstruction fut entreprise au printemps suivant Et, aujourd'hui à Vissoie sur de nombreuses façades, l'on peut lire, sculptée sur la plus belle poutre, une date symbolique : 1881.

Le calice du refus...

Quarante-six ans plus tôt, une autre catastrophe paralysait la commune de Vissoie. En 1834, en effet, la fonte du glacier de Durant devait se révéler funeste. Grossie fortement, la Navizence finit par déborder, provoquant des dommages terriblement importants pour l'époque. Les dégâts étaient estimés à 150 000 francs. Immédiatement, un comité suisse se forma pour recueillir les secours en envoya, peu de temps après, une somme importante aux Anniviards.

Blessés dans leur fierté et leur orgueil, ceux-ci refusèrent catégoriquement cette aide. Ils renvoyèrent donc cette «aumône», préférant que cet argent soit remis à de plus malheureux qu'eux. Ce fut une belle surprise dans tout le pays. A Berne, cela ne s'était bien sûr encore jamais vu. Pour marquer l'événement, l'on offrit aux habitants de Vissoie un calice richement décoré. Une inscription y est gravée en latin. Elle dit ceci: «Aux généreux habitants de la Navizence, les distributeurs des dons de la charité suisse. »

Aujourd'hui encore, ce merveilleux calice est jalousement conservé en Anniviers.

Heureusement,

en 1980...

Mais, c'était il y a cent ans. Aujourd'hui Vissoie se développe harmonieusement Plusieurs dizaines d'habitations ont été construites, notamment sur la route de Saint-Luc et par le lotissement du Rotzec. Ce lieu de passage est devenu en 1980 le centre estudiantin du val d'Anniviers. Mais le caractère des gens de là-haut ne s'est guère modifié. Les habitants de Vissoie tiennent toujours autant à leurs terres et à leurs champs. Aujourd'hui encore il les défendraient avec le même amour têtu ! . En 1880, la zone sinistrée s'étendait de l'église à la tour de l'évêque. Aujourd'hui, les demeures dans ce secteur arborent des façades en maçonnerie.... on ne sait jamais !

A Vissoie, il existe un dicton tiré du patois qui dit ceci : « Fa tozor ung de jordrè po mettre un ordre» , autrement dit : « Il faut toujours un désordre pour mettre de l'ordre ». Une philosophie qui, jusqu'ici, à fait ses preuves en Anniviers.

Nouvelliste, 16 février 1980

Photographie prise du haut de son parapente, par Bertrand Zufferey. Hiver 2005.

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