Archibald Quartier, une figure neuchâteloise au service de la nature
Le naturaliste Archibald Alexandre Quartier, personnage haut en couleur et volontiers frondeur, a laissé son empreinte dans la gestion de la nature du canton de Neuchâtel.
Eléments de biographie
Neuchâtelois pure souche originaire des Brenets, Archibald Quartier naît en 1913 et passe son enfance à Boudry qu’il décrit ainsi dans un entretien avec Georges Gygax intitulé « Parlons nature avec Archibald Quartier » et daté de 1978:
un patelin bien placé, près de la montagne, des gorges, du Val-de-Travers, en contact avec l'eau de la rivière et du lac. C'est ce que j'appelle un bon environnement. Nous vivions en pleine campagne. Nous participions aux vendanges, aux moissons; nous gardions les vaches. Nous faisions de la varappe dans le Creux-du-Van et nous dormions dans le foin. C'était une véritable symbiose entre la nature et nous autres, les gosses de Boudry...
Après une maturité latin-grec, Archibald Quartier fréquente l'Université de Neuchâtel où il obtient une licence en sciences naturelles. Il débute sa carrière professionnelle comme assistant de géologie à l’Université.
Dès 1943, il devient inspecteur de la Chasse et de la Pêche du canton de Neuchâtel, un poste qu’il occupera durant 35 ans et où il pourra donner la pleine mesure de sa passion naturaliste, jusqu’à sa retraite en 1978. Sa fonction et son engagement pour la nature feront d'Archibald Quartier une personnalité très connue dans son canton et bien au-delà.
En 1972 dans sa rubrique Mon pays, c'est..., l'émission Horizons propose le portrait du "Bas" de Neuchâtel esquissé par Archibald Alexandre Quartier.
Des actions fortes
Ecologiste avant l'heure, Archibald Quartier a des idées fortes sur la protection de l'équilibre de la nature ainsi que la combativité et de grands talents de communicateur pour les imposer. Son franc-parler et son humour pince- sans-rire en font un interlocuteur très apprécié des médias, comme le montre cet extrait d'un entretien avec Michel Dénériaz datant de 1977.
La réintroduction d'animaux
Le canton de Neuchâtel doit donc à Archibald Quartier la réintroduction d'espèces animales, comme le chamois, le bouquetin ou le lynx. S'il n'a pas relâché des mammouths et échoué à imposer le retour de l'ours dans la Principauté de Neuchâtel, l'inspecteur de la Chasse et de la Pêche a permis au lynx de recoloniser le Creux-du-Van en 1975.
Le cirque naturel du Creux-du-Van est en effet propice à la vie d'une faune de tout poil comme le laisse imaginer une vue prise par le photographe Max-Francis Chiffelle et publiée sur notreHistoire par le DAV:
Le Creux-du-Van, où le dernier ours aurait été tué à la Ferme Robert en 1870, est désormais une réserve naturelle, agrandie en 1959. Dans le plus grand secret, Archibald Quartier travaille à réintroduire des lynx dans cet environnement à vocation sauvage. C’est chose faite en 1974 et 1975 : de discrets lâchers de lynx y sont effectués, non sans susciter un certain émoi...
Résumer l'action d'Archibald Quartier à ce coup d’éclat serait pourtant réducteur.
La vulgarisation scientifique
Le naturaliste neuchâtelois, consterné par les comportements humains qui détruisent la nature, a beaucoup œuvré à sensibiliser le public à la sauvegarde de l'environnement.
Ainsi Archibald Quartier a contribué à la modernisation du Musée d'histoire naturelle de Neuchâtel dont il est le conservateur. En 1964, de splendides dioramas sont installés dans des vitrines d'exposition pour présenter de manière vivante différentes espèces empaillées dans leurs habitats naturels. Les explications du conservateur dans l'émission Carrefour:
A côté de la publication d'une revue intitulée Nature Information, ce vulgarisateur hors pair donne également des conférences. Son accent prononcé, ses bons mots et ses anecdotes contribuent à faire passer le message de l'écologie auprès du public.
Archibald Quartier écrit de nombreux ouvrages scientifiques et collabore notamment à un film destiné à la promotion des poissons indigènes, les corégones. Ce film est proposé par la Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds sur la plateforme notreHistoire.
Des engagements politiques affirmés
Archibald Quartier a également été un homme politique. Sous l'étiquette socialiste, il siège au Conseil général neuchâtelois à deux reprises entre 1948-1964 et 1980-1988. Il est élu au Grand Conseil neuchâtelois entre 1981-1993.
Il sera à l'origine d'un décret cantonal neuchâtelois de 1966 sur la protection des sites naturels et de la loi fédérale sur la protection des eaux de 1971.
Le 6 décembre 1992 après le refus de la Suisse d'adhérer à l'Espace Economique Européen, Archibald Quartier manifeste sa protestation en se rasant la moitié de la barbe. Très critique, il estime que la Suisse est un pays de petits vieux qui n'ose plus prendre de décisions. S'il souhaite que la Suisse ouvre les fenêtres, c'est pour ses petits-enfants, comme il le dit au micro de Bernard Guillaume-Gentil.
Au terme d'une vie au service de la nature, Archibald Alexandre Quartier s'éteint le 1er mars 1996.
Sources
Dictionnaire historique de la Suisse, "Archibald Quartier" (en ligne) https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/043570/2009-11-13/ (21.06.2022)
Georges Gygax, « Parlons nature avec Archibald Quartier » E-periodica, août 1978 (en ligne) https://www.e-periodica.ch/cntmng?pid=gep-001%3A1978%3A8%3A%3A465 (21.06.2022)
RTN, Le père des lynx neuchâtelois, Archibald Quartier, à l'honneur (en ligne) https://www.rtn.ch/rtn/Actualite/Region/20220610-Le-pere-des-lynx-neuchatelois-Archibald-Quartier-a-l-honneur.html (21.06.2022).
Téléphonie en Anniviers
D'après Paul-André Florey, qui a écrit un ouvrage notable sur le bourg médiéval de Vissoie, le télégraphe fut introduit dans le val d'Anniviers en 1876, suivi par le téléphone en 1899.