Porter le deuil en 1922

Porter le deuil en 1922

1922
Pierre Auguste Chappuis
Succession Pierre Auguste Chappuis et Photo Elysée Lausanne

Visite à Champéry de Eugène Samuel Chappuis (1856-1942) le père de Pierre Auguste avec Emilie. Promenade à Champéry, sur le chemin des Creuses menant au Col de Cou ou à Planachaux, au lieu-dit "Les Volants" en compagnie de Suzanne à la large ceinture noire, Pierre Yves Abram et son frère Jacques couverts de chapeaux de paille à ruban, au centre la tante de Suzanne , tante Louisa, demi-soeur de Louis Jaques.

Eugène Samuel porte un brassard noir au bras gauche et on peut se demander si Emilie et Suzanne ne portent pas, avec lui, le deuil sous forme de cette longue ceinture noire et un chapeau noir pour Emilie.

Photographie de Pierre Auguste Chappuis

Dans l'expression porter le deuil, "deuil" désigne les signes extérieurs de l'affliction liée à la mort et en particulier le vêtement, signe codifié en cette circonstance.

Pierre Larousse dans son Grand Dictionnaire de 1870 écrit:

"Aujourd'hui le deuil est bien moins compliqué. Des vêtements noirs les plus simples possible, voilà ce que nous portons dans notre monde.Pourtant il existe à Paris et dans d'autres grandes villes des magasins spéciaux pour la vente des étoffes de deuil. Ces magasins distribuent des petits livrets où les dames peuvent trouver toutes les indications nécessaires sur la manière dont on porte le deuil dans ce qu'on appelle le grand monde, selon les divers degrés de parenté du défunt."

Ce commentaire au sujet de l'historique des modes de deuil ( porter le deuil rôle dévolu à la femme autrefois).

"Les règles du deuil sont tellement compliquées qu'un rappel continuel est nécessaire. On trouve un "règlement du deuil" en une double page du catalogue spécial deuil de La Samaritaine de 1918. Il demeure néanmoins que de nombreuses femmes ayant perdu un proche durant la Grande Guerre ont porté le deuil pratiquement toute leur vie: La première guerre mondiale marque un tournant dans le deuil. De très nombreuses femmes perdent un père, un mari, un ou des enfants et vont en porter le deuil, parfois à vie. Tous ces morts au combat vont laisser des milliers de femmes, qui, par le deuil, vont témoigner de la perte qu'elles ont éprouvée et rendre ainsi visibles tous ces absents. Les grands magasins proposent des vêtements de deuil dans les premières pages de leurs catalogues généralistes. Les gravures présentent des silhouettes féminines enfouies sous les voiles, y compris dans les catalogues d'été. Une évolution se dessine à partir de la seconde moitié des années 20. Le deuil est présent mais les vêtements de deuil ressemblent de plus en plus, par leur coupe et leur ornementation, aux toilettes à la mode. En particulier le voile tend à diminuer, avant de disparaître et les ourlets raccourcissent. Vers la fin des années 30, les pages destinées aux tenues de deuil disparaissent des catalogues. Le port d'un vêtement noir suffit à remplir les obligations sociales. Le noir est par ailleurs une couleur qui est très à la mode tout au long du siècle.

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  • Renata Roveretto

    Cher monsieur Philippe Chappuis, le deuil rose ou noir, le deuil passe par les profondeurs, invisible et protégé devant les regards curieux et malsains