Notre cuisine à la Ferme du Château de Béthusy, avenue Beaumont 6  à Lausanne.

Notre cuisine à la Ferme du Château de Béthusy, avenue Beaumont 6  à Lausanne.

Nous avons vécus dans cette ferme du château de Béthusy à Lausanne jusqu'en 1955; c'étaient les premiers appartements subventionnés de la Ville de Lausanne, ils étaient grands et très beaux et lumineux, mais sans confort. Propriété de la Commune de Lausanne depuis 1947, c’est 1948 que la ville de Lausanne entreprit d'importants travaux qui ont permis la création de cinq appartements, mettant un terme à la vocation agricole du domaine. Les architectes qui ont restauré cette maison ont eu la présence d’esprit de garder beaucoup de traces de ce qu’était le domaine agricole ; une cour couverte avec une grande fontaine est devenu un espace de jeux pour les enfants, une lessiveuses à bois où les femmes faisaient les lessives, elles rincaient le linge dans l’eau de grande la fontaine et de grands jardins pour que les locataires puisent cultiver leurs légumes. L'hiver ma mère allumait les feux dans les fourneaux de la cuisine et du hall, la cuisine restait la seule pièce chaude de l'appartement. Malheureusement je n'ai pas de photo de la cuisine. Nous aimions jouer dans ce qui s'appelait la cour couverte ; il y avait aussi une balançoire, sur cette photo nous sommes Jean-Marie, Martine et Isabelle jouant dans la cour, derrière nous on voit "Le château de Bethusy » construit en 1774 par le Compte de Béthusy, situé au numéro 2 de l'avenue de Beaumont. Enfants l'immense parc du Château de Béthusy était notre terrain de jeu; des arbres merveilleux et rares, des bassins romantiques avec des sculptures, les nuits d'été nos parents nous emmenaient regarder les lucioles au-dessus de l'étang, bref un jardin merveilleux...ce magnifique jardin fut entièrement démoli dans les années 1970 pour en faire un parc public. A la cuisine pour obtenir du gaz il y avait une horloge à "pièces"; il fallait mettre de l'argent, un franc dans l'horloge pour obtenir du gaz. Lorsque ma mère ou mon père était aux fourneaux dans notre grande cuisine en compagnie de nombreux amis autour de la table familiale, combien de fois j'ai entendu mes parents demander que les amis cherchent dans leurs poches pour trouver des pièces afin de pouvoir continuer à cuisiner.... nous aimions les amis de nos parents, Rodolphe-Théophile Bosshard, Casimir Raymond, Lélo Fiaux, Henriette Grindat, Robert et Jeanne-Marie Farvarger, Marcel et Anne-Marie Poncet, Armand Forel, Marc Gilliard etc.....

Enfants, nous étions familiarisé avec ce système d'argent, on trouvait cette horloge à gaz presque chez tous les amis de mes parents. Je me souviens que cet événement se produisait également souvent à Riez chez Rodolphe-Théophile Bosshard chez qui nous allions tous les dimanches après-midi, lorsque sa femme préparait le repas du soir....

Notre cuisine était très grande, nous pouvions facilement manger 12 personnes autour d'une grande table, il y avait des rayonnages remplis de livres d'histoires, de philosophie, de sculptures, des peintres, de géographie, de musique, des dictionnaires... achetés aux puces, une grande cartes des métros parisiens était fixée au mur; Portes des Lilas, Porte Maillol, Palais Royal.....nous adorions mémoriser ces noms !

Nous faisons nos leçons à la cuisine après un goûter pris souvent en lisant des bandes dessinées des années 1920 que notre père nous rapportait de la Maison du Vieux; l'histoire des indiens, des trappeurs au Canada, etc... ma grand-mère faisait le repassage pendant que mon grand-père préparait des confitureries ou des biscuits...

Il y avait un très grand fourneaux en fonte à gaz; aujourd'hui une antiquité....12 feux et 3 fours ! Nous aimions confectionner des plats sous la surveillance bienveillante de notre mère Louky. Nous avions une grande pièce avec une cheminée parisienne et le piano à queu de notre père, cette pièce s’appelait le studio de musique, cette pièce était remplie d’instruments de musiques, de livres et de tableau. En hiver nous devions fermer la porte tant cette pièce était froide. Dans cette maison y avait le peintre Jean-Pierre Kaiser, une famille nombreuse, etc...un mélange de population très intéressante et riche en contacts. Il y avait beaucoup d'enfants dans ce quartier à cette époque. Enfance si heureuse !

copyright de la photo : Victor Desarzens. Jean-Marie 6 ans notre frère adoré, Isabelle, 3 ans la petite soeur et Martine 5 ans.

copyright de la photo Henriette Grindat ; Victor au piano avec ses 3 premiers enfants; de g à d. Martine, Jean-Marie et Marie.Christine

copyright de la photo Henriette Grindat ; Victor Desarzens joue du Violon sous les regard attentifs de ses enfants……

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  • Nicolas Ogay

    Beau témoignage, merci pour cette jolie histoire familiale! Vivre de la musique n'était pas toujours facile à l'époque, non?

  • Martine Desarzens

    Il est vrai que mes parents ont "mangé" de la viande enragées durant pas mal d'années... Ces années 1940-1950 ont été des années de grande solidarités entre les artistes, les personnes, les écoles et les institutions.... Un important mouvement d' artistes se retrouvaient autour de projet culturels romands très riches, mais chacun était pauvre d'avoir choisi ce métier !!! Mais quelle richesse d'avoir vécu une telle enfance !

  • Pierre-Marie Epiney

    Quelle belle évocation ! Merci Martine.

  • Martine Desarzens

    Merci à vous cher Pierre-Marie.

Martine Desarzens
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20 mars 2012
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