Repérage
Portrait d'Emmanuel Defago

Portrait d'Emmanuel Defago

Pierre Auguste Chappuis
Philippe Chappuis

Nous sommes à Champéry, et c'est grâce à une collaboration des Champérolains, Sophie Zurkinden, Cynthia Defago, Hubert Grenon et au final Claudie Gorgas-Berra que nous avons pu donner à ce beau portrait un nom, Fabien Emmanuel Defago, dit Emmanuel II (1877-1963) et un lieu la terrasse devant la salle à manger de l'Hôtel Suisse dont il était alors le propriétaire.Claudie Gorgas-Berra dit de lui " poète à ses heures, hôte et cuisinier remarquable. Il est le digne fils de son père Emmanuel Defago dit Emmanuel Ier



fondateur de l'Hôtel -Pension de la Croix Fédérale, créateur des Galeries Defago, qu'Emile Javelle qualifiait d'hôte intelligent autant qu'aimable..."

Article élogieux à la mort d'Emmanuel II Defago dans le Confédéré du 6 mars 1963:

"Lorsqu'une personne de la trempe de M. Emmanuel Defago, hôtelier, prend le repos à l'âge de 86 ans après une très courte maladie et que cette personne est restée jusqu'à son dernier jour en pleine activité et en pleine possession de toutes ses facultés, il faut s'attarder à considérer son ouvrage.En fait c'est toute l'histoire de la commune et de la station de Champéry depuis la fin du dernier siècle qu'il faudrait retracer pour faire revivre ce pionnier et ce bâtisseur dont le départ rapide nous remplit de chagrin. Ce qu'il fut par-dessus tout, c'est un travailleur acharné, c'est l'artisan d'une réussite brillante dans sa profession, c'est un père de famille irréprochable. Parti très jeune pour son tour d'Europe il devait en revenir cuisinier de première force, aspirant à fonder une entreprise qui fait aujourd'hui école dans la profession. Celui qui l'a entendu conter l'étrange atmosphère des brigades de cuisine des grands hôtels londoniens et les procédés exempts de ménagements des maîtres queux de Sa Majesté pour les mitrons en herbe, sait ce que fut la base de cette vie de labeur et de probité professionnelle. Amoureux de son métier il avait en outre le sens inné de l'hôtellerie, il avait cette prévenance naturelle qui n'est pas une simple politesse commerciale, il ressentait au premier contact de son hôte ce qui était nécessaire au confort personnel et particulier de celui qui sollicitait l'hospitalité de sa maison. Ainsi, de développements en améliorations, sa maison accuse les étapes du tourisme champérolain. Tourisme artisanal entendons-nous bien ! Car si Emmanuel Emmanuel Defago avait de la compréhension pour le tourisme à la grande échelle de nos grandes stations, il s'est refusé à élargir son propre hôtel au-delà de ce qui pouvait rester sous la sauvegarde bienveillante de sa famille. Particulièrement bien secondé par une épouse digne de lui et dont il cultivait le souvenir avec délicatesse, il put élever avec bonheur quatre enfants. Il faut avoir connu sa joie d'avoir pu remettre l'Hôtel Suisse à son fils l'actuel député Emmanuel Defago, tout en continuant à oeuvrer dans la maison avec ardeur et intelligence, suppléant aux défaillances du personnel et encourageant la modernisation de l'établissement. Or en marge de cette vie harassante il put encore participer aux destinées de la commune et de la station et il fut très souvent aux postes de commande, âpre à revendiquer les responsabilités les plus lourdes.(...) Il fut particulièrement heureux d'avoir vu l'aboutissement de ses efforts qui conjugués avec ceux de ses collègues de la vallée permirent la construction en 1937 du pont sur le Fayot dont on peut dire que ce fut le départ de la rénovation complète de la route de la vallée qui fait notre bonheur aujourd'hui. Très écouté au sein du comité de l'Union valaisanne du tourisme dont il était membre fondateur, il eut la joie de se voir proclamé membre d'honneur de cette importante association. Actif au sein de nombreux comités locaux et cantonaux, rien de ce qui vit le jour dans le développement touristique de Champéry ne s'est fait sans sa précieuse collaboration. Pionnier et ardent défenseur du chemin de fer Aigle-Ollon Monthey-Champéry ce n'est toutefois pas sans amertume qu'il avait abandonné les activités de « cocher 1900 » et le branlebas romantique de cette magnifique époque. A la pointe du combat pour l'aménagement des places de sport, il est resté jusqu'au bout le soutien des idées les plus hardies. Membre du conseil d'administration du téléférique Champéry - Planachaux, il fut un des promoteurs de cette installation. Par dessus tout il voua sa fidélité à la S A. des Eaux et d'électricité qu'il administra durant quarante-cinq années, dont -dix de présidence. Pour avoir connu les difficiles années 90 il savait qu'il ne fallait pas relâcher d'attention dans In question de l'approvisionnement du village en eau et en énergie électrique. Son violon d'Ingres : le folklore local (Champéry 1830) et ses chers contemporains. Que d'attentions touchantes pour son groupe du Vieux Champéry comme pour toutes les sociétés locales qu'il encourageait et auxquelles il n'a jamais refusé la bienveillante hospitalité de sa maison.(...)."

Photographie prise par Pierre Auguste Chappuis

Vous devez être connecté/-e pour ajouter un commentaire