Repérage
"Le bus à Chaudet"

"Le bus à Chaudet"

23 mars 1966
Collection Eliane & Roger Epiney
Michel Savioz

Qui se souvient du "bus à Chaudet"?

VISSOIE — Un jour de janvier 1965, le Conseiller Fédéral Paul Chaudet trouva une curieuse lettre sur son bureau du Palais Fédéral. Laborieusement écrite sur des feuilles de cahier d’école, elle était signée sur quatre pages par tous les garçons de Vissoie, le calme et sympathique village du Val d’Anniviers. Sur un ton respectueusement direct et confiant, les jeunes Valaisans expliquaient au Chef du Département militaire qu’on les avait dotés d’une belle patinoire naturelle, qu’ils se débrouillaient pas mal en hockey sur glace, mais qu’ils éprouvaient de sérieuses difficultés à déplacer leurs équipes de juniors, novices et minimes, à cause des frais élevés de transports. Ils demandaient à M. Chaudet un « coup de main » pour qu’ils puissent acheter à bon compte un petit car VW tel que l’armée en liquide périodiquement. Pas un moment mes Jeunes amis ne doutèrent que M. Chaudet leur répondrait. J’avais joint à leur lettre quelques lignes d’explications. C’est ainsi que je reçus la réponse de M. Chaudet remerciant les garçons de Vissoie pour leur témoignage d’affection et de confiance et les informant que, par le même courrier, il donnait des instructions au Parc Automobile de l’Armée à Thoune, afin qu’une solution satisfaisante soit apportée à leur problème.

Quelques Jours plus tard, le Col. Keller, de Thoune, m’annonçait qu’il se faisait un plaisir de mettre à disposition de mes jeunes amis un bus VW au prix exceptionnel de Fr 800. C’est alors, qu’autour de ce petit véhicule se déclencha une véritable réaction en chaîne, de gentillesse, de compréhension, de générosité. Tout d’abord, les porte-monnaie des papas, des oncles, des parrains s’ouvrirent, et, en quelques jours les garçons réunirent Fr 1’000, un mécano italien conduisit le petit bus par le col du Pillon jusqu’à Vissoie où les garçons l’attendaient depuis des heures. Le garage de M. Michel Melly se chargea gracieusement de la révision. Un Jeune carrossier de Sierre, M. Roland Jossen, sacrifia de nombreuses heures pour remettre la carrosserie en parfait état. MM. Bovier et Revaz, de la Carrosserie de Chippis firent aux garçons un magnifique cadeau en mettant à leur petit car une belle robe aux couleurs de la société sportive, orange et blanc. Puis M. Jean Rouvinet, le peintre décorateur sierrois bien connu y ajouta l’inscription et peignit un hockeyeur sur les portes de devant. Cet hiver on a pu voir le pimpant petit véhicule filer sur les routes du Centre et du Haut Valais avec sa cargaison de bruyante jeunesse.

J’ai longtemps hésité à écrire cette histoire, de peur qu’elle ne donne à de jeunes lecteurs l’idée de bombarder M. Chaudet de lettres analogues. Si je le fais quand même, c’est parce que cela me permet de remercier encore publiquement tous ceux qui ont ajouté un chaînon à la chaîne d’amitié qui s’est nouée autour de notre petit bus. Et aussi parce que tout cela ressemble à un conte de fées moderne où la bonne fée serait remplacée par un Conseiller Fédéral. Tout cela a commencé le jour où un garçon de Vissoie, laissant échapper un bout de langue soucieux, entouré de graves conseillers aux têtes brunes et blondes, écrivait au sommet d’une page :

« Cher Monsieur Chaudet ».

Le Nouvelliste du Rhône, 23 mars 1966

Derrière, de gauche à droite:

Simon Epiney-Michel-André Massy?-François Massy-Louis Martin-Etienne Crettaz-Gaston Epiney-Joseph Genoud-Gérard Epiney-Dominique Crettaz?- Charles-Henri Melly

Devant à gauche : René Massy-Olivier Florey-Charly Bonnard-René Crettaz-Henri-François Crettaz-Richard Amnann-Bruno Florey-Gilles Rossi-Alain Epiney-Bruno Theytaz-Jean-Bernard Epiney-Patrice Theytaz.

Société Sportive de Vissoie. Magnifique photo prise devant l'ancien centre médical à Vissoie. Merci de compléter et corriger!

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