Mais qui est donc ce Jules Zuber ?
Le contexte
"Peu après l'éclatement de la Première Guerre mondiale, le Conseil fédéral décrétait la mobilisation générale de l'armée suisse le 1er août 1914. En moins d'une semaine, 220 000 soldats ont été rappelés au service actif."
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Ce document est une carte-photo expédiée "sous les drapeaux". Elle porte l'oblitération du bataillon 169 (dispense de timbre pour les militaires en service).
Une carte qui interroge
Le signataire se nomme Emile. Il est mobilisé avec un certain Jules Zuber, à qui cette carte était adressée. Le texte précise l'année : 1914. Malheureusement le jour et le mois ne sont pas donnés mais la carte a été expédiée après août pour des raisons évidentes.
Il est surprenant de constater que la photographie ne reflète pas la vie militaire, contrairement à l'ensemble des cartes postales envoyées par les soldats de l'époque. Cependant, elle offre un aperçu précieux de la mode vestimentaire de cette période. Emile et Jules sont-ils présents sur ce document ? Mystère. Jules est censé reconnaître au moins deux personnes...
Voici le texte écrit au dos (l'orthographe est transcrite fidèlement) :
Mon cher ami,
Merci de ton aimable carte. Véritablement j’ai été très surpris de ton brusque départ. A le veinard. Dimanche nous sommes tous consignés, donc tu pourras rentrer seul.
As-tu vu mon photographe. Voici un spécimen d’une tournée de cave à Echallens en 1914. En reconnais-tu au moins deux ? Au nom de tous, je t’envoie mes salutations – Emile
Meilleures salutations de Mimi.
Qui était ce Jules Zuber ?
Le destinataire, Jules Zuber est conscrit comme le signataire de la carte. Il a la chance d'avoir été libéré pour une permission. [Ah, le veinard !]. Il est âgé de 34 ans en 1914.
Boucher très connu
D'après nos recherches, Jules Zuber exerçait la profession de boucher. Né en 1880 et décédé en 1930, il était marié et résidait à Sierre, juste au-dessus des abattoirs proches de la cave Coopérative Provins, aujourd'hui démolie. Ce maître-boucher jouissait d'une honorable réputation, reconnue non seulement dans sa région mais également dans l'ensemble du Valais. Son commerce se trouvait en plein centre-ville, adjacent au Café du Rothorn, et fut ultérieurement transformé en boucherie Veraguth.
Président de combats de reines
Jules Zuber a œuvré pendant de nombreuses années en tant que membre du jury dans les concours d'élevage visant à améliorer la race d'Hérens et celle du petit bétail. En outre, il a participé à tous les combats de reines, que ce soit en tant que président d'organisation et membre de syndicats ou en tant que juré.
Un homme populaire
Lors de son décès, le journal le Rhône du 21 novembre 1930 lui rend hommage : « D’un caractère doux et gai, M. Zuber était un homme d’un commerce agréable. Atteint, il y a deux ans d’un cancer à l’œsophage, il a conservé jusqu’à ses derniers moments de ses facultés. Il est mort à l’âge de 50 ans ».
À cette époque, la presse ne faisait preuve d'aucune retenue concernant les détails d'une maladie. Cela contraste fortement avec le respect de la protection des données qui est primordial de nos jours.
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