Cadrans solaires canoniaux: une intéressante découverte à l’Abbatiale de Romainmôtier (2/2)

Cadrans solaires canoniaux: une intéressante découverte à l’Abbatiale de Romainmôtier (2/2)

L’Abbatiale de Romainmôtier, bâtie entre le X et le XIII siecle est une impressionnante église romane qui bien sûr était rattachée a une abbaye, la plus ancienne de Suisse, qui a été fondée par les moines de Cluny au 10e siècle sur les fondations de bâtiments plus anciens. Parfois, sur ces bâtiments religieux, on trouve des cadrans solaires (ou des traces) dits à heures canoniales, souvent gravés sur une pierre du bâtiment et datant du XII au XIV siècle. Leur raison d’être n'est pas d'indiquer les heures comme les cadrans plus récents mais les moments de la journée où doivent être célébrés les différents offices prescrits par la règle de Saint-Benoît. Ces sept heures de prière sont Laudes, Prime, Tierce, Sexte, None, Vêpres et Complies. Ces cadrans solaires sont d'une précision souvent plus que médiocre. Le style, qui porte ombre, était constitué d'un simple bâton planté dans le mur, il n'en reste plus rien aujourd'hui si ce n'est le trou de fixation. Ce style était perpendiculaire au plan du mur, et ces cadrans qui indiquaient des « heures inégales » aussi bien au fil long d’une journée que selon la saison. Ce type de cadran solaire a été relativement peu étudié et il reste entouré de de mystères. On ne sait pas exactement qui les a gravé, très probablement des moines, bien que les canoniaux ne se retrouvent pas seulement sur les abbayes mais aussi sur des petites églises rurales et des collégiales.

Lors d’une récente visite à Romainmôtier pour prendre des photos du cadran canonial connu (voir notrehistoire.ch/entries/7VW1Z...) j’ai découvert des traces d’au moins quatre autres cadrans solaires canoniaux, que l’on voit dans la photo ci-dessus. J’ai augmenté considérablement le contraste de l’image pour montrer les lignes gravées dans la pierre tendre e qui au long des siècles se sont abimées. Les trous du style, eux, sont bien visibles. Ces cadrans ne sont mentionnés nulle part, que je sache, biens qu’ils ont étés en plaine vue pour au moins 6 ou 7 siècles ! Au dessus du 3ème cadran (a droite en haut dans l'image) il me semble voir des traces d'une inscription ou d'une décoration.

Un pareil groupement de cadrans est étrange mails il n’est pourtant pas unique : Ce cadrans sont parfois gravés en plusieurs exemplaires sur le même mur d'une église sans que l'on sache vraiment pourquoi, peut-être il s’agissait d’épreuves, d’ébauches empiriques, bref, on ne le sait pas. Des groupes de cadrans canoniaux sont connues en France par ex. sur l’église de Blonville-Terre (Calvados), Bussy (Cher), Pouille (Loir-et-Cher) et bien d’autres. En tout cas, ce groupement est le seul cas connu en Suisse, où les canoniaux sont très rares. En plus il s’agit de cadrans solaire entres les plus ancien de Suisse, vu qu’ils datent très probablement du XIII ou XIV siècle. Je ne vais pas donner l’emplacement exacte de ces cadrans, je préfère laisser aux lecteurs le bonheur de les redécouvrir eux-mêmes lors de la prochaine visite à l’abbatiale !

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Claudio Abächerli
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9 septembre 2021
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