Chapelle Saint-Théodule, en 1928

Chapelle Saint-Théodule, en 1928

1928
Hélène Brandt, " Collection Luc Saugy "
Michel Savioz

Avec le charme pittoresque que lui confèrent son isolement dans un site alpestre, son porche à colonnes, son chœur sur plan polygonal et son campanile ajouré, sans oublier son autel au retable baroque, la chapelle Saint-Théodule est devenue un véritable symbole : l'image emblématique du sanctuaire de montagne valaisan. Or, outre son intérêt de chapelle type, la valeur intrinsèque de son architecture et de son mobilier, Saint-Théodule de Grimentz fait partie des très anciennes fondations religieuses de la vallée.

Il n'est pas définitivement établi que le sanctuaire ait existé avant le milieu du XIIIe siècle déjà (1245 ?), mais une « done », sorte d'aumône, est attestée dès 1300, en relation avec la confrérie de Saint-Théodule, à un moment où la chapelle placée sous la même invocation doit déjà avoir été fondée. Retenons en outre que des confréries au même titre existaient également à Saint-Jean et à (Saint-) Luc à la même époque.

Un ou des emplacements antérieurs ?

La première mention expresse d'une chapelle Saint-Théodule à Grimentz remonte à 1429. La route passe alors entre une maison et une grange situées en dessous de la chapelle, tandis qu'un raccard se trouve, lui, au-dessus de ces bâtiments. Le sanctuaire ne s'élève donc pas exactement dans un endroit désert à ce moment-là. En 1511, la commune de Grimentz vend un terrain au-dessus du lieu où fut la chapelle de Saint-Théodule, entre deux routes, l'une menant à Roua, l'autre à Saint-Jean. Doit-on en déduire qu'avant cette date la chapelle avait changé d'emplacement ? Par ailleurs, en 1583 (ou 1586 ?), des édifices sont signalés sur le territoire et le village de Grimentz « supérieur », près de la chapelle de Saint-Théodule, et en 1659, un chesal situé dans le village de Grimentz « supérieur », encore une fois, confine du côté ouest à la chapelle du « dive » Théodule.

Chapelle reconstruite, but de processions et objet d'indulgences

En 1715, pour remercier Dieu d'une pluie bienfaisante venue féconder la terre, « le curé Théodule Zufferey organisa une procession vers le col de Lona le 31 août. On partit à trois heures du matin. Il était près de onze heures quand on parvint au lac où, devant une croix, le curé célébra la messe en présence de 450 personnes. Au retour, on se rassembla près de la chapelle nouvellement construite sous le village de Grimentz. Le vicaire y attendait les fidèles. A trois heures, il célébra le saint sacrifice à leur intention. Telles sont les indications que le vicaire Chrétien-Michel Romailler lui-même consigna sur la doublure d'un gros livre que le curé Egide Massy avait légué au vicariat ». S'agirait-il du sanctuaire auquel on substitua en 1830 une petite église, elle-même remplacée par l'actuelle bâtisse de 1950 ?

Le 18 mars 1717, François-Joseph Supersaxo, évêque de Sion, acceptait la modification du parcours de la procession du vendredi suivant Pâques, dont la destination initiale était Géronde : « Répondant favorablement à l'humble pétition, pour les graves raisons alléguées, d'aller désormais pour cette dévotion à la chapelle de Saint-Théodule, quand les neiges ou la glace n'en rendent pas l'accès difficile, sinon à la chapelle de Saint-Jean d'en bas »(*).

En 1861, outre l'oratoire de « Tronzey » - au sud-est du village -, dédié à la Vierge, et celui de « Quarro-Villa » - à l'entrée du village -, dédié à Notre Dame de la Compassion, le curé de Vissoie Jean-Baptiste Rouaz signale à l'évêque, parmi les objets dignes de la concession d'indulgences, « celui dit de Saint Théodule, sis sous le chemin et dédié à Saint Théodule, y existant en guise de chapelle (…) et à la charge de la commune du lieu ».

En 1948, la chapelle Saint-Théodule de Grimentz a fait l'objet d'une rénovation à laquelle elle doit l'essentiel de son apparence actuelle. Le retable de l'autel, avec ses six statues, paraît remonter au début du XVIIIe siècle, à l'exception de la polychromie, refaite. Depuis une date mal déterminée, la cloche du campanile a disparu.

Gaëtan Cassina

(*) Erasme Zufferey, Le passé du Val d'Anniviers, L'époque moderne, 1482-1798, présenté et amendé par Michel Salamin, Sierre 1973 (Le passé retrouvé, II), p. 169.

Texte tiré du site de la Paroisse Anniviers

Voir également: St-Théodule

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  • Sylvie Bazzanella

    A lire, un bel ouvrage de Maurice Zermatten, aux Editions Victor Attinger - Neuchâtel, 1941 : Chapelles valaisannes - Le visage pittoresque et religieux du Valais avec 32 illustrations en héliogravure.