Joseph Roua, © Collection Nicole Salamin

« Rappelez-moi Seigneur »

En 1872 Joseph Roua devient préfet du district de Sierre. Il est mieux placé encore pour améliorer la route d'Anniviers. Aussi élabore-t-il des plans, lance-t-il des projets. Son grand rêve? Construire une route large et belle de Sierre à Mission.

De Mission, qui serait devenu un carrefour, partir avec une route vers St.-Jean pour revenir vers Grimentz, avec une autre route vers St.Luc et Chandolin, avec un embranchement vers Ayer.

Mais ses projets sont sabotés (on dit que les démocraties sont ingrates!) Le préfet Roua dut certainement en souffrir. Nous l'imaginons volontiers au devant de sa maison à Villa (Sierre).
Il regarde longuement son Val d' Anniviers ... La route avec ses lacets qui prennent Niouc d'assaut, la route qui part en flèche à travers les pentes abruptes vers les Pontis, vers Vissoie..., la route..., qui pourrait être tellement plus belle!

Malgré tout, aucune parole de dépit ne tombe des lèvres tremblantes de l'auguste vieillard. Il rentre chez lui et il écrit: "La route a coûté jusqu'à ce jour 212'953 francs. La dépense est énorme. Toutefois, Anniviers ne regrette rien. Ce chiffre ne lui laisse pas de mauvais souvenirs, puisqu'il est payé".

Ce fut un peu son « Nunc dimittis... - Rappelez-moi Seigneur». Comme le vieillard Siméon, il pouvait partir.

Non! Il ne partira pas encore. Ce n'est pas pour rien qu'on a bu du "glacier", mangé de la viande séchée et du fromage vieux! Les hommes ont encore besoin de lui. Il présidera une séance du grand conseil à l'âge de 91 ans, mais peu après, en 1893 après avoir tant travaillé pour la route d'Anniviers, il prit la lumineuse route de l'Éternité.