Les fous du ciel

Les fous du ciel

Une passion qui se transmet d’oncle à neveux.

Voici un article que j'ai fait pour l'Omnibus, journal de la région d'Orbe.

Ce jour-là, le rédacteur du jour avait rendez-vous avec Thierry et Laurent Guignard, les neveux de Donat du même nom. On a pu les voir dans l’émission de Paju qui a été diffusée récemment. Pour mémoire, les frères ont réédité l’exploit de Donat en franchissant la distance Ste-Croix - Thonon sur un ULM électrique. Donat l’avait fait en 1938 sur une avionnette de sa fabrication, le Pou du ciel.

Le défi de cet article est de relater des éléments au sujet de Donat que l’émission n’a pas montrés.

On pourrait déjà dire, pour ce dernier, qu’il était l’un des quelques passionnés qui se sont lancés dans la construction de Poux du ciel. Parmi eux Roland Py, de l’Orient, décédé en 2017 et qui en a construit un, figurant au musée des transports de Lucerne. Il fut inventeur d’une moto-neige, comme Donat le fut pour une luge à moteur. A signaler aussi Henri Martignier, de Vaulion, qui avait déjà construit un étrange avion qui lui avait permis de faire des essais peu concluants en 1908 déjà. Malgré une série de décès de plusieurs de ces passionnés, Donat a persévéré pour créer son Pou.

Mais on pourrait citer aussi l’une de ses inventions qui lui a permis de gagner l’Oscar de l’invention lors d’une foire à Bruxelles en 1961 pour un pistolet-attacheur de vigne. Donat et Roland ont tous deux été les découvreurs de bien d’autres choses comme des nouveaux moteurs pour bateau, moto-neige, sous-main antidérapant pour manchot ou encore un amortisseur de bruit pour mousqueton. Donat avait déjà, à neuf ans, inventé un système d’alerte pour l’aider à garder les vaches. Il réparait aussi des jouets ou objets détériorés. Ces Géotrouvetout de chez nous n’ont pas échappé aux moqueries de certains de leurs concitoyens devant l’originalité de leurs démarches, mais qui se sont assez vite transformées en consécrations devant leur courage, leur obstination et leurs résultats.

Pour en revenir à Donat, en marge des centaines d’heures de travail passées à la réalisation de ses trois avions, il faut savoir qu’il a quadrillé l’Europe pour rencontrer d’autres concepteurs, acquérir du matériel ou participer à des événements : Paris, Bruxelles, Milan, Bruxelles l’ont vu échanger, acheter, troquer. Il arrivait aussi à prendre des leçons de pilotage à Lausanne le soir ; cela l’obligeait à quitter son travail de Ste-Croix (10 heures quotidiennes), descendre à la capitale, dormir sur place à même un plancher et remonter pour commencer le travail à 7 heures !

Un autre exemple de cet enthousiasme s’est exprimé dans l’année 1935 où son Pou du ciel était exposé avec d’autres attractions à la Riponne sous une tente de l’Armée du Salut. Donat y resta quinze jours dormant sous la tente pour surveiller et encaisser les entrées.

Détail cocasse : lors de son exploit, il emporta seulement une chambre à air pour une chute éventuelle dans le lac, une boîte d’allumettes pour se situer par un feu sur le terrain et un paquet de bonbons. Il avait été sauvé à deux occasions lors de chutes avec ses appareils auparavant, une fois par un casque militaire qu’il avait emporté sans trop de conviction et une fois par des badauds qui l’avaient sauvé de l’étouffement alors qu’il était emberlificoté dans les débris de son avion.

Voilà donc quelques éléments qui sont tirés de son livre, écrit par sa femme sous sa dictée, mais aussi de quelques articles de journaux de l’époque. Un film de la construction du Pou a aussi été réalisé par Jean Perrenoud. Il y aurait encore beaucoup à dire bien sûr sur une vie qui sort de l’ordinaire. Donat aurait aimé le faire, mais la mort l’a surpris à l’âge de 60 ans.

Ses neveux sont sur ses traces comme l’a montré les deux émissions de Paju et se souviennent de leur oncle avec émotion.

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