Carte postale envoyée du lieu de stationnement du Bataillon 21 à Sonvilier en août 1916 et montrant la frontière Franco-Suisse entre Courcelles (F) et Montignez (CH).

La carte porte le cachet de la poste de campagne du Bataillon 21.

C’est un oncle qui écrit à ses nièces :

«8 août 1916

Mes petites nièces

Ci-joint un petit souvenir de mon service à la frontière; d’ici nous voyons le ballon et des avions chaque jour, nous avons à 200 m des chasseurs d’Afrique, ils sont très gais et nous parlent beaucoup.

Bien des salutations à votre famille et à vous en particulier.

Votre oncle Édouard »

Dans le journal Le Jura du 23 juin 1916, on trouve l’article suivant :

« Encore un avion

Hier matin, l’état-major de l'armée, bureau de la Presse, nous télégraphiait le communiqué suivant :

Le 21 juin, entre 2 h. 40 et 3 h. 14 de l’après-midi, un avion allemand a survolé notre territoire près du point 510, au nord de Beurnevésin ; ensuite en longeant la frontière au-dessus de Montignez et de Boncourt, il a continué son vol par Delle sur Belfort.

Au retour, il réapparut au-dessus de notre territoire, près du hameau du Maira, au sud-ouest de Boncourt, puis il survola Buix et Montignez pour disparaître vers Courcelles. Sur tout son parcours en notre territoire, nos postes ont ouvert le feu. On estime qu’il volait à une hauteur d’environ 2000 mètres.

Etat-major de l’année, Bureau de la Presse.

Cette incursion nouvelle d’un avion allemand, se produisant au lendemain du jour où les assurances les plus formelles furent données que nous serions à l’abri de ces violations de territoire, nous suggère deux suppositions. Ou bien l’autorité civile allemande chargée de répondre aux représentations du Conseil fédéral, est sans pouvoir vis-à-vis de l’armée d’Allemagne en campagne, et celle-ci agit à sa guise, ou bien les aviateurs de ce pays ayant pour objectif Belfort, prennent la route de notre contrée pour éviter la canonnade spécialement organisée pour les recevoir sur certaines parties du territoire français de la frontière. Ils préfèrent risquer une punition éventuelle s’il s’en produit que de risquer leur peau. En volant à une grande hauteur sur territoire suisse, à 2000 mètres par exemple, ils ont des chances d’échapper à la fusillade. Et ils sauront touiours se tenir à distance de nos autres installations contre avions capables de les abattre. Il y aurait donc lieu d’augmenter celles-ci. Ce vol d’avion a été aperçu mercredi après midi même de Porrentruy. On pouvait fort bien remarquer l’éclatement des shrapnels des défenses françaises de la frontière accueillant l’oiseau ennemi, tant à l’aller qu’au retour. »

L’avion présent en haut à droite de la carte est un montage.

Les soldats et civils de l’Epicerie Restaurant Au Canada posent pour le photographe. Les fusils sont sur un râtelier devant le bâtiment de droite, cela dénote une situation plutôt calme sur cette zone frontière. La présence réelle d’un avion n’ aurait certainement pas permis pareille photo. Cela n’empêche pas que la ligne de front est extrêmement proche et que Français et Allemands s’affrontent autour de Courcelles.