Les péripéties de Beau-Site à Sierre
Les péripéties de Beau-Site à Sierre
SIERRE - Construite pour héberger les jeunes filles, l’hôtel pension Beau-Site a connu bien des péripéties.
Notre enquête
Lieu d'accueil pour jeunes filles
On peut attribuer la construction de la Villa Beau-Site (par la suite orthographié Beausite) peu avant celle du temple protestant inauguré le 8 décembre 1905. Une décision du Conseil d’État valaisan du 15 décembre 1906, stipule « qu’il est accordé aux frères Julen propriétaires un droit d’enseigne pour leur établissement à Villa « rière Sierre », sous le nom de : « Hôtel-Pension Beau-Site ».
On ne sait pas grand-chose sur ces frères Julen si ce n’est qu’ils sont très nombreux à Sierre et à Muraz, tous actifs dans le bois. Ils répondent aux prénoms de Henri, Gabriel, Maurice, Denis, Natal, André, Jean, Gustave, etc.
Dès 1906 à 1911 la pension accueille des jeunes filles de passage ou en formation. Elles ont la possibilité d’apprendre la comptabilité, l’allemand, la couture, le repassage, les travaux ménagers, etc.
Une pension ouvrière
En 1908, le vent de l’industrie souffle sur Sierre et Chippis avec l’arrivée de l’AIAG (connu ensuite sous le nom d’Alusuisse). L’usine va embaucher des centaines d’ouvriers. En 1919, l’hôtel Beausite se mue en une « pension ouvrière », tenue par Mme Schreier-Fahrni. Par la suite, l’hôtel pension Beau-Site est racheté en 1920 par François Studer qui va l’exploiter à l’enseigne d’une « pension populaire ». Il promet une cuisine d’excellence mijotée par un chef français. Les tarifs y sont bas, soit 4 francs par jour. De plus, il installe toutes les modernités sanitaires ainsi que le téléphone qui portera le numéro 19.
L'accueil des réfugiés militaires
Dès 1916, la maison accueille des réfugiés militaires.
Liquidation ?
Le 18 mai 1929, le Conseil d’Etat lui accorde une nouvelle patente d’exploitation pour une durée de cinq ans, soit jusqu’en 1934. A travers les enchères publiques du Journal de Sierre, on lit que l’exploitation touche à sa fin aux vues des liquidations de tables, chaises, mobiliers, vaisselle, fourneaux, gril, etc.
La clinique Beausite
C’est à cette date de 1934, qu’apparaît le Dr. Meinrad de Werra, médecin scolaire et préfet du district de Sierre. Il fonde avec le Dr médecin et pilote Pierre Michelet, (qui se tuera le 3 avril 1955 avec son avion Piper sur l’aéroport de Sion), la Clinique Beausite.
Pour son fonctionnement, il s’entoure des sœurs religieuses infirmières de la Providence qui en profiteront pour y intégrer une chapelle. Dès cette date, cette clinique de proximité connaît une très grande fréquentation pour les patients de la ville et du district.
A la même période, le Dr de Werra favorise la création de la Croix Rouge sierroise. Il fait installer les dernières découvertes en matière de médecine comme les rayons X ainsi que les transfusions sanguines dont il s’occupe personnellement. L’exploitation de la clinique dure jusqu’en 1961.
Photo : Charly Arbellay
A Noël de cette année-là, les religieuses et les malades assistent à l’ultime messe de minuit en ces lieux. Dès le mois de janvier 1962, la «clinique » déménage à la Providence, sur la colline de Plantzette et prendra le nom de Clinique Sainte-Claire. A sa tête le Dr chirurgien Egon Boedker qui va diriger l’institution.
Photo aérienne de la même époque. On remarque le long de la route d’accès, des gravas et de la terre du chantier de la transformation de la Providence en clinique.
A nouveau foyer pour jeunes filles
Désertée, la désormais « Villa Beausite » ne sera pas abandonnée pour autant. Après un réaménagement des appartements et des extérieurs, la vénérable maison retrouve dès 1966 sa mission d’origine. En effet, un comité composé de quatre femmes relance l’idée d’un foyer pour les jeunes filles, étudiantes, apprenties, vendeuses, etc. « qui ne peuvent rentrez chez elles ». Ce quatuor était composé de Mme Marcel Gard, Mme Frochaud, Mme Ducret-Ruedin et de sœur Bénédict-Exquis, la directrice. L’institution a fonctionné durant de nombreuses années.
Aujourd'hui
Suite de l'enquête dans quelques jours
Merci Pierre-Marie Pour ce captivant récit riche de l'histoire de cette Noble Contrée que nous ne nous lassons pas de lire et apprécier. Car c'est ainsi que devrait être présenté les sujets dignes d'un intérêt historique pour que l'histoire rejoigne notre Histoire et soit utile pour les historiens confirmés ou en herbes. Les récits captivants, comme celui-ci,sont des ponts vers notre histoire collective, permettant aux lecteurs de tous horizons de mieux appréhendé le monde qui les entoure et non pas comme la bête copie de Wikipedia! J'espère que la suite continuera à susciter notre intérêt et notre curiosité pour les racines qui ont façonné toute l'évolution pour comprendre le monde d'aujourd'hui. Notre attente pour la suite avec est palpable. BRAVO
Que c’est intéressant! Je ne savais pas. C’est la que je me suis fait opérer de l’appendicite. Comme à ce moment-là on restait une bonne semaine nous avions des distractions; c’est alors que j’ai fait connaissance avec Léo Devanthery qui répétait plusieurs fois les deux mêmes chansons. Je sais maintenant que c’étaient l’entier de son programme de débutant! J’en ai gardé un bon souvenir, même du masque de chloroforme!
Très très intéressant de connaître l'histoire intense de ces deux "Maisons". Surtout que nous avons eu la chance de connaître et côtoyer souvent, tant le Dr Boedker que son épouse, deux personnes tellement pleines d'humanisme, tellement abordables par tout un chacun, avec un coeur gros comme ça. Et il y a deux ans, nous avons encore eu le bonheur de recevoir la visite de leurs enfants qui ont voulu revenir sur les les lieux de leur début de vie à Sierre. Bravo à Pierre-Marie et Charly qui nous font encore mieux aimer Sierre.