Le pavillon du Club Alpin

Le pavillon du Club Alpin

1 janvier 1896
Laurent Antoine

Le pavillon du Club Alpin (extrait du Guide Officiel)

En gagnant le Village Suisse, le visiteur longe le pavillon du Club Alpin (Groupe 43), au toit recouvert de bardeaux et dont l'aspect est rustique et montagnard. Il se dresse sur un monticule élevé de deux à trois mètres et domaine un paysage pittoresquement situé, que l'art intelligent de M. Jules Allemand a transformé en un parc alpin.

L'ensemble de ce paysage, disposé sur une surface de 2000m, offre à l'œil un délicieux tableau reproduisant l'alpe avec ses rochers et ses fleurs, avec ses torrents grondant en cascades au bas des ravins profonds et des gorges mystérieuses, avec ses minuscules pâturages drapés de mille fleurs qui étincellent comme des bijoux au grand soleil des sommets. Les rochers nous rappellent les voûtes du vallon d'Ordran, près du Reculet. Ici et là, émergent du sol des blocs disposés dans le désordre charmant de la nature ; on les dirait venus des âges préhistoriques.

Le Jardin est réservé aux plantes alpines qui s'acclimatent au chemin Dancet ; placées dans leur milieu alpestre, aux fentes des rochers et sur les gazons des pâturages, elles donnent aux visiteurs l'illusion de la haute montagne. Ils y trouvent les rhododendrons et les gentianes, les edelweiss et les soldanelles, toute la flore des plaines herbeuses et des solitudes empierrées.

Dans le lointain faisant fond à l'horizon, le curieux, débouchant du pont de l'Agriculture, jette des regards admiratifs sur les groupes compacts de pins alpestres, de mélèzes d'aroles, de sapins et autres essences. Des sentiers serpentant à travers le Jardin lui permettent de parcourir en tous sens ce petit parc, véritable oasis des Alpes transplantée dans la plaine de l'Arve.

Quant au Club Alpin Suisse, fondé à Olten, le 19 avril 1863, il a, le 1er mai 1896, accompli sa 33ème année d'existence. Le pavillon prouve que son œuvre n'a pas été vaine.

En effet, cette Société a clos l'année 1895 avec 4802 membres répartis en 40 sections, très inégales suivant l'étendue des cantons dans lesquels elles ont été fondées ou l'importance de la localité où elles siègent. La plus petite est la Section Wildhorn avec 14 membres et la plus nombreuse la Section genevoise avec 479.

La fortune du Club Alpin suisse s'élevait au 31 décembre 1895 à 10 000 francs. Ce chiffre modeste, pour une société si importante, s'explique par le fait que le C.A.S. ne thésaurise pas et emploie ses fonds en œuvres utiles à la Société et au pays, par exemple, à la construction de cabanes et à l'entretien de celles qui existent et qui ont absorbé 10 000 francs en 1893, 19 000 en 1894 et 19 000 en 1895. Leur nombre est actuellement en Suisse de 45.

L'Exposition contient une de ces cabanes construite au frais d'un clubiste neuchâtelois et destinée aux Alpes valaisannes.

Deux sommes importantes sont consacrées chaque année à l'assurance des guides et porteurs et à l'organisation de cours à leur usage. Ceux qui ont été reconnus capables reçoivent après examen un diplôme et un insigne spécial aux armes du Club.

Les études de la mensuration des glaciers ont tenu une large place dans les bureaux du C.A.S. Celles du glacier du Rhône, en particulier, commencées en 1871, et dont l'Exposition donne les intéressants résultats, ont coûtés au Club alpin Suisse plus de 36 000 francs.

Les visiteurs qui parcourent le pavillon du C.A.S. y trouvent tous les travaux de l'association : les cartes et reliefs des régions montagneuses de la Suisse, à éditions populaires, l'Annuaire (Jahrbuch), l'Echo des Alpes (organe mensuel), l'Alpina, moniteur officiel du Club, et de nombreuses brochures.

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Photographie : Fred Boissonnas

© Collection particulière Laurent ANTOINE LeMog

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Laurent Antoine
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17 octobre 2015
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