Sans dents à 22 ans

11 septembre 2019
Pierre-Marie Epiney

Irène Epiney-Melly (1934) évoque le jour où le dentiste lui a dit qu'elle devait arracher toutes ses dents parce qu'elles n'étaient pas soignables. Elle avait 22 ans. Jeune mariée, elle a dû rester un mois sans dents. C'était en 1957.

Pierre-Marie Epiney
Maman en 1956
Maman en 1956

Maman une année avant l'arrachage de dents.

Le dentiste d’Irène Epiney

complément de Charly Arbellay

Le récit d'Irène est saisissant et reflète bien le mode de vie des communautés montagnardes. Des villages retirés, l'absence de contrôles dentaires à l'école, des brosses à dents et du dentifrice hors de prix : tous les facteurs étaient réunis pour mener à une dentition prédestinée aux extractions. Les caries n'étaient pas soignées. La dent affectée était extraite et la plaie nettoyée à l'alcool fort. Sans aucune prévention adéquate, les problèmes s'accumulaient : manque d'hygiène bucco-dentaire, pas de détartrage, gingivite, parodontite, etc. C'était la réalité de l'époque.

Une dizaine d'années me sépare d'Irène Epiney, et nous partagions le même dentiste : Henri Michelet (1921-2004). Non seulement il était médecin-dentiste, mais aussi un fervent chasseur et le président de la Diana de Sierre. C'était un praticien compétent, cependant, il avait la regrettable habitude de lésiner sur les anesthésies. Son cabinet se trouvait dans l'immeuble Zwissig, au numéro 2 de la place du Château de la Cour à Sierre.

Pierre-Marie Epiney
Le dentiste Michelet
Le dentiste Michelet

Henri Michelet, photo : Charly Arbellay

Parfois, en marchant sur le trottoir, on pouvait entendre les cris des adolescents auxquels le Dr. Michelet extrayait les dents. J'ai été l'un de ces adolescents. Plus tard, à l'aube de sa retraite, il me confia : « Si vous saviez le nombre de parents que j'ai dû réprimander pour ne pas imposer d'hygiène dentaire à leurs enfants, ils rempliraient une église ». C'est dit.

Un autre souvenir de son enfance assez comique celui-ci :

voir aussi :

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  • Pierre-Marie Epiney

    Un complément très intéressant concernant les soins dentaires dans les années 50 ans a été rédigé par Charlx Arbellay, journaliste et grand connaisseur de la région. Vous pouvez le lire ci-dessus

    • Renata Roveretto

      Cher monsieur Pierre-Marie Epiney,

      Merci à vous et aux participants de votre publication présente.

      Concernant la remarque faite par monsieur Charly Arbellay

      L'horreur, il existent des dentistes encore de nous jours qui n'ont mal pour personne d'autre que pour eux même, et pire parfois que pour leur portemonnaie. Toutefois il y en a qui heureusement font un travail remarquable et qui avec peu de moyen et beaucoup de douceur arrivent à redonner le sourire aux gens. A propos de dents à arracher, j'ai eu ma mère qui elle s'était mariée sans dents s'étant retrouvée un peu dans la même situation que votre chère maman Irène Epiney-Melly. Mieux que rien, un dentier et des d'aphtes douloureux l'avaient accompagnée pour le restant de sa vie

      Est-ce que de nos jours les personnes en situation très précaires sont ils beaucoup mieux soignés ? A partir de combien de dents restantes ont ils droits que l'on se bougent très sérieusement aussi pour eux ? ?

      Amitiés Renata

Pierre-Marie Epiney
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11 septembre 2019
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