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Essai sur les objets de dévotions chrétiens situés hors des édifices religieux et l'utilisation des symboles sacrés dans le monde profane.

3 mai 2013
Marianne Carron
Marianne Carron

(Liste non exhaustive des usages, merci de m'aider à la compléter et corriger)

Les croix de chemins. Ce sont des croix monumentales en bois, pierre, métal ou ciment, bordant les chemins et les croisées jusque au coeur des hameaux et des bourgs. Elles sont bénies pour demander la protection divine sur les voyageurs afin qu'ils soient préservés de dangers de toute nature.
D'une manière générale, on se signe devant toute croix et les hommes enlevaient leur chapeau en signe de respect pour le faire.

Au carrefour de Meyrin. Genève

**Les croix de carrefour sont placées à la croisées des chemins. A partir du Concile de Clermont en 1095, un droit d'asile sacré - jusque-là attribué seulement aux églises- est conféré aussi au socle des croix de carrefour. Les croix des chemins sont le plus souvent édifiées par la communauté, elles comportent un cartouche quand elles ont été l'objet d'un don. Lieu de processions - dont celle les Processions des Rogations qui encerclaient symboliquement l'espace paroissial en cheminant vers ces carrefours principaux- elles sont encore importante dans les dévotions actuelles. La tradition des Rogations a pour origine les 3 jours de pénitence solennelle institués par St Mamert en 469 pour obtenir par la prière confiante la fin des calamités qui s'étaient abattues sur son évêché de Vienne/FR (un archevêché à l'origine de ceux de Suisse Romande). La coutume de ces Rogations se répandit dans la vallée du Rhône bien avant que l'Eglise n'inscrive celle-ci en 511 dans son calendrier liturgique.

Processions en Anniviers Un reposoir

Certaines servaient aussi de reposoir lors des convois funèbres, permettant le temps de quelques prière aux porteurs de la bière de se reposer; la maison du défunt où avait eu lieu la veillée mortuaire pouvant être très éloignée de l'église où aurait lieu la messe d'enterrement. Autre reposoir, la pierre des morts, devant l'église ou sur le chemin du même**.**

Les chemins des morts. Chemin ou sentier de hameau par lequel on transportait à dos d'hommes le cercueil jusqu'au village principal où se trouvait l'église paroissiale et le cimetière.

La légendaire Procession des morts. En Valais, dans les Grisons et dans le nord de l'Italie, les rencontres avec la Procession de morts faisaient partie des récits de veillées. Cette procession nocturne de défunts, priants et portant bougies, quittait le glacier leur servant de Purgatoire pour se rendre à un cimetière en empruntant des chemins connus comme tels, et qu'il fallait ne pas encombrer à certaines dates de l'année. Sur leur trajet, les âmes en peine cheminant entre Sion et le Plan des Morts, sous Hérémence, se désaltéraient à la Fontaine des Morts, puis traversaient un chalet malencontreusement construit sur leur antique chemin. De petites croix sont fichées autour de la Fontaine des Morts par les vivants qui s'y désaltèrent.

Les chemins de morts, de Rose-Claire Schüle

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Les croix des missions sont élevées lors de la clôture d'une mission paroissiale; un prêche d'une durée d'environ une semaine, clôturée par une procession et l'élévation de ce mémorial daté. Ce type d'enseignement fait par des religieux venant de l'extérieur se fait cycliquement dans les paroisses afin d'éclaircir des points de théologie et prévenir les dérives sectaires. Il semblerait que ce soit Saint Fançois de Sales qui soit à l'origine de ces Missions.

Croix des Missions au Grand-Saconnex. Genève

Le monogramme des Jésuites est parfois peint sur la façade de maisons de particuliers. Je suppose qu'il peut s'agir d'une mention que la maison a été bénie lors d'une prédication ou pour marquer la date d'un prédication en ce lieu. On en trouve aussi dans des édifices religieux. Ce monogramme comporte le IHS dont le H est surmonté d'une croix ( christogramme) et un coeur surmonté de trois clous.

Les croix mémorielles rappellent un drame ou au contraire, un miracle ou une grâce particulière arrivée à cet endroit.

Les croix des cimetières sont, soitles croix qui encadrent la terre sacrée qui accueille les tombes**,** soit les croix tombales individuelles comportant le nom et les dates de naissance et de décès. Les croix tombales blanches sont celles des enfants baptisés n'ayant pas atteint l'âge de raison (7 ans), l'âge du discernement du bien et du mal. Par ce que morts dans la grâce du Baptême et n'ayant pas encore péché consciemment, ils sont considérés comme saints, on leur attribue la blancheur; signe de pureté et de joie.

* Qu'en est-il des tombes hors les murs ? Enterrement de criminels exécutés, de suicidés, de victimes d'épidémies, d'étrangers de passages, d'enfants en bas-âge non baptisés ?

Les sanctuaires à répit sont des lieux où l'on implorait un retour temporaire à la vie pour un enfant mort-né, afin qu'il puisse recevoir le baptême avant sa mort et entrer ainsi directement au Paradis. Les chapelles à répit étaient le plus souvent dédiées à Notre-Dame-de-Pitié (Notre-Dame-des-7-Douleurs). Les sanctuaires à répit: en Valais; Visperterminen: Chapelle de la Visitation, Sion: l'Ermitage de Longeborgne ou se demandait aussi la grâce d'avoir un enfant, Savièse: Chapelle Notre-Dame des Corbelins de Chandolin, Glis: Eglise de la Vierge Marie, Mörel-Bitch: Chapelle de la Vierge de Hohenflüh, Randogne: Chapelle Notre-Dame des Neige de Cretelles, Saint-Maurice: Chapelle de la Vierge Marie de l'église St Sigismond. Quand le sanctuaire à répit officiel était trop éloigné, la population instaurait un sanctuaire à répit « sauvage » par exemple au vieux four à pain du Mayen du Plan (source Marguerite Brumagne: la poudre de sourire. (sur quelle commune ?)

Les croix de peste rappellent une épidémie et ont été élevée pour demander d'en être protégé.

Cimetière des pestiférés de Sous-les-Rangs, Jura.

Les croix de pèlerinage marquent une étape sur un pèlerinage ou est un élevé en souvenir ou reconnaissance pour un pèlerinage effectué par son donateur.

Les croix de limites sont des bornes. Les entrées et sortie des villages étaient le plus souvent marqués d'une croix ( monument ou stèle) servant de repère administratif topographique. Toutes limites religieuses ou profanes étaient matérialisées par des croix gravées dans la pierre.

Les croix des ponts. Souvent démontés ou emportés par les inondations et les avalanches, détruits par des incendies ou d'autres calamités, ou tout simplement effrayants à traverser, les ponts étaient mis sous la protection d'une croix. La difficulté de concevoir et réaliser un ouvrage suffisamment résistant a donné naissance à de nombreuses légendes, dont celle du Pont du Diable.
Si le cours d'eau servait de frontière, la croix pouvaient aussi situer le lieu du péage. Certains pont comportaient un(e) reclus(e), sorte d'ermite choisissant de vivre dans un espace restreint comme forme de pauvreté. Les reclusoirs étaient plutôt attenant à des églises ou chapelles, afin de pouvoir suivre la messe.

Les croix des sommets de très nombreuses montagnes ont étés dotées d'une croix par les alpinistes depuis deux siècles.

La croix du Besso, du Val d'Anniviers

Les croix des source et les croix des fontaines. Bénédiction d'un élément indispensable, et parfois, sanctification d'un lieu ayant été l'objet d'un culte païen.

Les croix de batailles sont gravées sur les lieux de batailles.

Les croix de jubilé. Le jubilé est un grand événement religieux qui se réfère au jubilé juif. C'est l'année de la rémission des péchés et des peines, l'année de la réconciliation entre les adversaires, de la conversion et de la pénitence. Des indulgences sont accordées si un pèlerinage à Rome est effectué dans des conditions précises. Le 1er jubilé eu lieu en 1300, ensuite en 1350 - 1390 - 1400 - 1425 -1450 - 1475 - 1500 - 1525 - 1550 - 1575 - 1600 - 1625 - 1650 - 1675 - 1700 - 1725 - 1754 - 1775 - 1825 - 1825 - 1875 - 1826 - 1875 - 1900 - 1925 - 1933 - 1950 - 1975 - 1983 - 2000.

Les croix de Saint-Jean. Protection divine contre feu, la foudre et les mauvais. Autrefois en Valais, la nuit du 24 juin, lors de la fête de Saint-Jean on fabriquait avec des fleurs* de petites croix à bras de taille égales. Une fois bénites, elles étaient fixées au-dessus des portes des maisons, des granges, remises et des écuries afin de les mettre sous la protection de Dieu par l'intercession de Saint Jean-Baptiste. Il est étonnant que la croix soit le symbole de Saint Jean Baptiste, car en tant que précurseur du Christ, il fut décapité plusieurs mois avant la Crucifixion de Jésus, et l'instauration de celui-ci comme symbole chrétien, cependant la tradition le représente toujours avec un bâton portant une traverse figurant une croix. Bien qu'en 362 l'Empereur Julien aie ordonné de détruire son tombeau, de brûler ses os et de disperser ses cendres au vent, le corps du saint se serait reconstitué miraculeusement plusieurs fois. De ce feu qui ne pouvait le détruire durablement est venue la tradition de conserver chez soi pour se préserver des incendies et de la foudre, les tisons restant du Feu de la Saint Jean.

Composition: Millepertuis, l'armoise vulgaire, le millefeuille, la reine des bois, l'œillet de poète et la rose

  • Les croix de protection . A la saint Jean on allait cueillir les fleurs avec lesquelles on confectionnait des croix de la Saint Jean (coutume disparue aujourd'hui) : il fallait le faire la veille de la fête, car elles devaient recevoir la rosée du matin de la St Jean. Ces croix étaient ensuite fixées sur les portes des maisons, des granges, des étables, des greniers en signe de protection pour toute l'année. En cas de menace de la nature, d'orage, de grêle, d'avalanche, etc.. on brûlait dans le fourneau une de ces croix ; cela devait nous mettre à l'abri des menaces de la nature. A entendre les récits des anciens, cette coutume aurait souvent évité des dégâts aux cultures et aux bâtiments, mais également aux personnes sur les entiers des hameaux. (Extrait de : Les quatre saisons à Buitonnaz. Dans les années 50. de Roland Carron)

Sur une grange à Fully

Les croix faîtière, croix de bénédiction gravées sur l'extrémité de la poutre faîtière des habitations et des granges-écuries.

Sur une grange à Fully

Les croix de justice marquaient le lieu où était rendue la justice, en ville. Cette tradition est postérieure a l'époque carolingienne. La cour de justice de Martigny était au Bourg, sur la place de la chapelle saint Michel, l'entrée principale se trouvant au sud-ouest. La cour de justice de Chamoson était à la Tornallaz. Existait-il des pierres de justices (pierres pénales destinées a des peines afflictives) comme en Belgique, que le condamné devait porter ou traîner sur un parcours plus ou moins long en fonction du délit de médisance ou d'injures ?

Pierres de Justice de Soral, Genève

Les Calvaires

Les Chemins de Croix

Les Monts Sacrés

Mont Sacré de Brissago au Tessin.

Le Crêton de la Mèche désigne un lieu où les gens d'un hameau éloigné pouvaient voir l'église. De là ils pouvaient participer à la messe de loin en priant le chapelet durant la cérémonie et en s'agenouillant au moment de la Consécration, sonnée au clocher à leur intention.

Les Martyrets, Martorets, ou Morteray

Ce lieu-dit signalait une construction dont la nature est incertaine. Son orthographe diverses ( marteret, martherey, martolley, martollet,…) a peut-être pour origine martyretum (sépulture de martyre) signalant le tombeau d'un saint ou le lieu d'un martyre. Il semble qu'il pourrait s'agir des premiers oratoires fondés hors des villes par St Martin de Tours ( 317-397) ** alors qu'il parcourait l'Europe dans le but d'évangéliser les campagnes. En de nombreux endroits il aurait remplacé des sanctuaires païens par des ermitages ou des lieux de dévotions- oratoires ou reliquaires- pour les communautés de chrétiens vivant dans des régions éloignées des églises. Il se peut aussi que le martoret signale un cimetière (ils étaient situés hors les murs des agglomérations à l'époque romaine, signalés par une lanterne des morts ou une pile funéraire monumentale ; ce cénotaphe s'apparentant à une colonne ou une tour.). D'une façon ou d'une autre, s'il y avait eu un lieu sanctifié par la présence de reliques, les tombeaux des chrétiens ont pu se regrouper à proximité, devenant à la longue un cimetière autant qu'un lieu de dévotion. De là peut-être l'origine au moyen-âge des églises cernées par un cimetière qui devinrent ensuite le centre des paroisses.

*A ne pas confondre avec martroi, qui signale un lieu d'exécutions.

** St Martin de Tour est contemporain de St Théodule et la légende signale son passage en Valais, notamment au sanctuaire de Tarnade que saint Ambroise, rebaptisera Agaune en 385 et qui deviendra St Maurice ensuite. Sa demande de pouvoir emporter des reliques des martyres d'Agaune fut rejetée, si bien qu'il se rendit sur le pré ou avait eu lieu l'exécution et découpa une motte de terre en guise de relique. Miraculeusement, celle-ci se mit à saigner, si bien qu'elle lui donna une fiole de sang qu'il emporta en Italie où il finit sa vie. Peu rancunier, il offrit au sanctuaire le poignard dont il s'était servi.

Les oratoires sont presque toujours dédiés aux saints et saintes, dont la Vierge Marie. Leur origines et leurs buts sont très divers.

Les ermitages devenu lieux de pèlerinages. Si bien souvent les ermitages furent à l'origine de villes en cristallisant bien involontairement autour d'eux des constructions de croyants, certains par leur inaccessibilité ont pu préserver leur solitude, mais sont devenu des lieux de pèlerinage, des buts de promenades, voir de tourisme. La grotte de saint Béat, par exemple, un missionnaire irlandais qui au premier siècle vint prêcher les celtes habitant au bord du lac de Thoune et qui installa son ermitage dans une grotte dominant le lac après avoir chassé le dragon qui s'y trouvait, pu préserver son isolement, l'ermitage de saint Amé aussi

L'ermitage de Saint-Amé,sur Saint-Maurice

Les ex-votos

Les cloches et leur clocher

Le rôle des cloches est particulier. Avec le clocher, elles forment en soi un ensemble sacré indépendant de l'église.

Avant d'y être placées, les cloches sont bénites; elles reçoivent une onction sacrée en présence de leurs parrains et marraines (les donateurs) et sont mises sous le patronage d'un saint dont elles portent le nom et parfois l'effigie.

Elles deviennent des porte-parole dont la voix s'entend au loin, annonçant par une sonnerie (mise en branle des cloches au moyen d'une corde) plus ou moins riche, la nature de la cérémonie et du temps liturgique à laquelle elles invitent à la prière. Angélus, Vêpres,…. Aux paroissiens se trouvant dans un lieu éloigné, un tintement annonçant la Consécration permettait de savoir à quel moment s'agenouiller durant la messe.

Le glas sonnait pour annoncer un décès, il semble qu'avant il était sonné au moment de la mort, que ce soit de jour ou de nuit, pour inviter la communauté à prier pour cette âme en partance. Il sonnait encore dans l'après-midi, la veille de l'enterrement: deux coups pour une femme, trois pour un homme.

Elles avaient d'autres fonctions plus laïques, comme sonner les heures ou le tocsin.

Le tocsin - un martelage rapide de 90 à 120 coup/minute - d'une ou de deux cloches au timbre clair et timbre sombre - était d'ailleurs le signal d'alarme communal signalant un danger imminent, rameutant les pompiers pour l'incendie ou l'inondation, ou signalant une invasion.

Les cloches de grêle ou cloche du temps : Lorsque des intempéries menaçaient ; orages, grêle et tempêtes risquaient de détruire les récoltes et lors de catastrophes naturelles, on sonnait une cloche spéciale dotée d'une grâce de protection particulière. Celle de saint Théodule ou celles des saints Abdon et Senens, étaient réputées pour cela.

La première cloche de Suisse remonte à l'époque romaine. Elle aurait été offerte par le Pape à Saint Théodule évêque d'Octodure (Martigny) vers 380. Selon la légende, saint Théodule convainquit le Diable de la porter de Rome jusqu'à Octodure, ce qui fait qu'il figure courbé et ahanant sous le poids de l'objet dans l'iconographie du saint patron du Valais. Une parcelle de cette cloche se trouve dans toutes les cloches fondues pour les églises du Valais.

Le campanile est un clocher inventé de saint Paulin de Nole, ami de saint Théodule et de saint Ambroise de Milan. Encore usité aujourd'hui, c'est un clocheton qui surmonte la façade des premières églises visibles après ces périodes de persécutions ou les chrétiens vivaient dans la clandestinité. Peut-être est-ce par le concile d'Aquilée (381) où se retrouvent ces amis que se répand cette innovation.

Le clocher pointu, lui, comporte 8 pans incurvés et surmonte le logement des cloches dont il amplifie la voix. Le 8 symbolisant l'accomplissement, la montée de la matière vers le ciel, le spirituel, elle renvoie au 8ème jours, celui où après les 6 jours de la Création et du repos du 7ème jours, débute dans la Bible l'histoire de l'humanité dans Adam et Eve. Le 8ème jour est aussi celui du jour de la Résurrection. Ainsi, le clocher porte vers les hauteurs la communauté qui l'entoure. Et plus prosaïquement, sert de protection contre la foudre...

Pater, Avé et chapelet comme mesures de temps. A l'époque, pas si lointaine, où les montres et horloges étaient inexistants dans la plupart des ménages, que le cadrant solaire servait de mesures des heures, les mesures "fines" de temps, pour situer la longueur d'une action, se disaient par ex.: "le temps d'un Pater et d'un Ave", "le temps de 3 Ave", ou "le temps d'un chapelet". On trouve encore ces mentions dans des recettes de cuisine familiales, ou dans des contes.

Le pain béni

Lors de certaines fêtes religieuses, on offrait des morceaux de pain béni aux paroissiens après la messe. Cette tradition, l'Eulogie, remonte au début du christianisme ; elle accompagnait souvent l'Eucharistie, mais contrairement au sacrement, celui-ci était destinée à une plus large distribution dans l'esprit des pains et des poissons que Jésus avait béni et multiplié pour nourrir les foules qui écoutaient son enseignement. Une Eulogie pouvait avoir des formes variables- mais était le plus souvent un aliment, pain, vin, …- qui recevait une bénédiction faite par un religieux. C'était un cadeau de choix, parfois royal, car l'objet avait une puissance reconnue, servant aussi bien pour la guérison, la protection ou la délivrance de possessions démoniaques ou le secours spirituel. Pour distinguer sans confusion le pain consacré de l'hostie du pain béni de l'eulogie, l'Eglise a institué l'usage du pain azyme (non levé) pour les hosties et celui du pain levé pour les eulogies.

A Fully, le 6 janvier jour de l'Epiphanie, on distribuait le pain béni des Rois à la sortie de la messe. Celui-ci devait être consommé avec une courte prière : « Pain béni, je te prends. Quand la mort me surprend, tu me serviras de sacrement à l'heure du Jugement ». A ce que je comprends, il avait valeur de viatique sous condition, ce qui était un secours appréciable dans cette âpre région montagneuse aux villages et alpages éloignés dont les voies étaient souvent coupées par les avalanches et les ravines. Je suppose que cette tradition a disparu à Fully dans les années 1960-1970 ?

Qui sait si le Pape François ne remettra pas cette vieille tradition à l'honneur, pour donner un secours efficace mais non sacramentel aux fidèles qui ne peuvent communier ?

  • Un tableau d'Ernest Bieler « Distribution de pain et de vin à Pâques » montre une Eulogie à Savièse, en 1901.
  • Les pains liturgiques du Valais (Michon des Rameaux, Pain béni, Pain de la St Sébastien, …) kulinarischeserbe.ch/product.a...
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  • Marianne Carron

    Le coq culminant sur nos clochers serait du a l’initiative de l’évêque de Brescia en Lombardie (I), qui fit installer en 820 un coq en bronze sur le clocher de son église, en recommandant à ses paroissiens d’en imiter la vigilance. Le symbole du coq est complexe puisqu’il fait référence à Saint Pierre ( dont le Christ prédira qu’il le trahira 3 fois avant que le coq ne chante deux fois) mais est aussi assimilé à la Résurrection du Christ à l’aube du 3 ème jour. Il annonce par là un monde nouveau et le triomphe de la Lumière sur les Ténèbres. Le Pape Léon IV approuve l’idée et en fait de même au clocher de la Basilique Saint Pierre à Rome. Une bulle pontificale imposera le coq sur tous les clochers de la catholique. En Valais, lors des guerres de religions, Erasme regrettera que: « Hélas en bien des endroits, l’oiseau tomba avec la croix, sous les coups des réformateurs ». Le coq- ou le globe sur lequel il se trouve- est souvent un reliquaire, contenant des parcelles de reliques. (Je n’ai pas d’exemple pour la Suisse mais il y en a plusieurs en France, par ex. le globe de la flèche de Notre dame de Paris, ouvert en 1935 à révélé contenir des fragments de la Couronne d’Epine, de St Denis et de Ste Geneviève.)

  • Sylvie Bazzanella

    Mais aussi : Dans la bible, le coq est le plus intelligent des animaux (Job, 38). Le coq au sommet du clocher des églises est appelé « cochet ». Il fait souvent office de girouette et indique la direction du vent. Mais sa véritable fonction va bien au-delà d’une simple indication météorologique. Attesté depuis le début du VIe siècle par saint Eucher, son rôle est de désigner les églises orientées — orientées : tournées vers l’orient, le soleil levant, l’Est —. Si l’édifice n’est pas tourné vers l’Est pour un motif particulier, le coq est absent du clocher. Il est remplacé, par exemple, par une étoile ou un croissant de lune, ou encore par un globe ou un soleil flamboyant. Ainsi l’étoile indique que l’église a été bâtie dans l’axe d’une étoile fixe ou d’une planète. Mais ces exceptions sont relativement rares car, selon la règle, tout édifice religieux chrétien doit avoir son maître-autel dirigé vers le point de l’horizon où le soleil apparaît le jour de la fête du saint patron auquel il est dédié. Si l’église est orientée, elle aussi, vers l’Est, le maître-autel est placé dans l’axe de la nef. Si le sanctuaire n’est pas orienté vers l’Est, le maître-autel est décalé afin qu’il soit dirigé dans la bonne direction. Réf : Dictionnaire des Symboles.

  • Pierre-Marie Epiney

    Très intéressant document. Je le classe dans mes favoris pour en aprofondir la lecture.

  • Pierre-Marie Epiney
  • Marianne Carron

    j'ai ajouté un mot sur les cloches et clochers. Il me faudrait un peu d'information sur " le fil et le sel de sainte Agathe" et le pain béni des Rois, un quignon qui, accompagné d'une prière spéciale, pouvait servire en cas d'urgence à remplacer l'Extrème Onction. Sur les Chemins des Morts, et leurs légendes aussi.

Marianne Carron
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3 mai 2013
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