Un garage mythique

Un garage mythique

Charly Arbellay
Charly Arbellay

Petite histoire d’un garage mythique

Comment deux Italiens contribuent à l’essor mécanique d’une ville

Père et fils ou la mécanique dans les gènes

Au début du siècle passé, le Valais comptait 20 automobiles et 2630 vélos (statistiques de 1913). Il fallait donc être audacieux pour ouvrir un garage ou plutôt un atelier mécanique.

Champions de la bricole

Champions de la bricole, François Garbaccio et son beau-frère Pierre Triverio, deux Italiens du Piémont, émigrent en Valais en 1908.

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  • L’aéroplane de François Garbaccio présenté en 1911 en face de son garage à Glarey. L’avion ne décollera pas souffrant d’une erreur d’aérodynamique. Collection Arbellay

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  • L’aéroplane de retour au garage après des essais infructueux. Pierre Triverio est devant le garage avec François Rey. Collection Arbellay

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  • La « Siders », prototype 1913 de la voiture à hélices propulsée par un moteur Anzani et imaginé en 1913 par François Garbaccio. Elle a été présentée en Italie. Photo Automanie – Automania 2021

Le premier ouvre un garage à Montana, le second à Glarey-Sierre. A leur début, ils réparent surtout des vélos, puis des motos, et enfin des voitures automobiles. La mécanique fascine tous les jeunes hommes qui voient leur avenir dans l’automobile. Avec raison. Car en 1927, le réseau routier est en pleine extension. En effet, l’Etat du Valais fait tout pour sortir de leur isolement les communes et villages des vallées latérales.

Dans la Plaquette de Germaine Jaquard-Oggier sur la famille Oggier de l’Hôtel Terminus, l’autrice parle de François Garbaccio comme étant le chauffeur de son papa Louis Oggier.

Premier apprenti de Montana.

C’est dans ce climat de mobilité nouvelle que le jeune François Rey (1907-2002), de Corin entre en apprentissage au garage de François Garbaccio à Montana en 1922. Aujourd’hui, (en 2021) son fils, le coureur automobile sierrois bien connu, Roger Rey (*1934), 88 ans, en parle avec émotion. « Mon père était le neuvième et dernier enfant de la famille. Il est le fils d’Emilien Rey, qui était un guide chevronné. Mon grand-père avait suivi le collège de Brigue et avait un esprit très ouvert. Il côtoyait déjà une clientèle internationale. En obligeant son fils François à suivre un apprentissage de mécanicien, il a senti que l’époque moderne allait modifier le mode de déplacement des gens ». C’est ainsi que François Rey devient le premier apprenti de la commune de Montana. « Les autorités communales étaient tellement fières qu’elles lui ont offert la somme de 200 francs pour le féliciter de son diplôme cantonal, une somme énorme pour 1925 ».

Dépanneur du médecin.

Son certificat de capacité en poche, François Rey travaille à Sierre auprès de Pierre Triverio qui tenait le garage International à Glarey-Sierre.

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  • Agrandissement de François Rey, père de Roger Rey. Ldd

« Les automobiles étaient rares. Il y en avait une vingtaine dans la région, dont celles des docteurs de Werra et Bourguinet. En altitude, les moteurs chauffaient et tombaient souvent en panne. Mon père filait à leur secours. Un médecin lui a dit : « Vous êtes plus fort que moi ! Malgré toutes mes études, je suis incapable de remettre en marche ma voiture ». Aujourd’hui encore, les mécaniciens ont toujours une aura auprès du public ».

En 1935, la crise mondiale freine l’économie. Les garagistes n’arrivent plus à vivre décemment. Le salut arrivera de l’AIAG, (usines valaisannes d’aluminium de Chippis) qui viendront solliciter François Rey. « Son diplôme cantonal a été déterminant pour son engagement ». Il y restera jusqu’à sa retraite, 38 ans plus tard.

Roger Rey, la foi en la mécanique automobile.

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  • Portrait de Roger Rey en 2021. Photo Arbellay

Titulaire d’une maîtrise fédérale de mécanique générale, le Sierrois Roger Rey est une figure emblématique des courses automobiles de notre pays. Organisateur de compétitions, de rallyes ou simple participant, il a pratiqué le sport automobile durant plus de 60 ans, pris part à plus de 1000 départs, glané quelques 150 victoires dans sa catégorie. Fondateur de l’Ecurie 13 Etoiles en 1956, il a côtoyé tout au long de ces années les meilleurs, notamment : Fangio, Lauda, Moos, Regazzoni, Prost, Hill, Siffert, Clark, etc. Son génie : il a construit de ses propres mains cinq monoplaces en améliorant à chaque fois leurs performances. « On peut tout faire quand on est jeune ! La question est juste de savoir combien de temps on reste jeune », résume avec philosophie Roger Rey. En 2015, il a encore participé à plusieurs courses, « mais sans chronomètre. Juste pour le plaisir… ».

Puis un jour...

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  • Le garage International Triverio en bas à droite en 1960, seule photo de l’immeuble avant sa démolition. Collection Arbellay

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  • L’immeuble abritant le garage international Triverio à Glarey, puis les bureaux de géomètre Raoul Pellanda, père de Gérard Pellanda, démoli en 2010. Photo Arbellay

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  • Le garage Triverio en phase finale de démolition en 2010. Photo Arbellay

Voir aussi :

Illustration principale:

Cette photo prise au Garage international de Sierre date de 1929. De gauche à droite, Pierre Triverio, le patron, un voiturier anonyme, Marius Vuistiner, de Granges, et François Rey, de Corin. Ldd

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  • Charly-G. Arbellay

    Merci à Pierre-Marie Epiney pour cette belle mise en page! J'aime.

  • Yannik Plomb

    Une invention intéressante On écrit de Sierre : M. François Garbaccio, constructeur, à Sierre, vient de mettre la dernière main à la construction d’une auto-hélice. Cette machine peut circuler sur terre, comme une automobile, sur neige comme un traîneau et sur l’eau comme un bateau. Elle est muni d’un moteur Anzani, type « traversée de la Manche » et peut faire facilement 100 kilomètres à l’heure sur route et 50 km. sur neige et sur eau. M. Garbaccio a l’intention de l’essayer prochainement sur le Léman, de Vevey à Evian-les-Bains et sur neige depuis Brigue à Iselle par le Simplon. Feuille avis Montreux, samedi 15 février 1913 SriptoriumBCU

  • Charly-G. Arbellay

    Quand François Garbaccio est-il décédé? Malgré de nombreuses recherches on ne le sait pas! Il a vu le jour en 1878 dans le Piémont et en 1908 il se trouve à Sierre. En 1919, il perd son fils Bruno, 18 ans, qui se noie sous la glace du lac de Géronde en faisant du patinage avec des copains. En 1942, François Garbaccio dépose encore un brevet pour l'une de ses inventions. Puis plus rien! Pas de faire-part de décès dans les médias. Toutes informations sur la vie de ce génial constructeur et inventeur seraient bienvenues. Merci déjà à la Médiathèque Valais pour les précisions sur sa date de son décès.

  • Yannik Plomb

    Quelques résultats ma foi pas encore complet, mais pas évident à trouver!

    TRIVERIO Pierre je n'ai pas trouvé de date de naissance dans les archives italiennes du Piémont

    Seulement une souscription œuvre du Corhete Biellese (dans le journal du Piémont)en 1906

    Décédé dans sa 80 ème année fin janvier 1963 à Sierre

    GARBACCIO Francesco Fortunato gestionnaire de garage né à Cossato Région du Piemont en 1878

    Emigré en CH, signalé de 1898 à 1942

    je n'ai pas trouvé de date de décès dans les archives du Piémont