Réfection du pont de Noës

Réfection du pont de Noës

Pierre-Marie Epiney

Pourquoi une réfection ?

Après presque 70 ans de service, constatant des signes de fatigue plus ou moins avancés, le pont sur le Rhône à Pont-Chalais a nécessité une inspection plus approfondie de ses dégradations. Avec l’agrandissement du centre sportif d’Ecossia et son accessibilité future par les transports publics, il a été naturel de prévoir sa réfection générale afin de prolonger sa longévité et aussi de pouvoir adjoindre à ces travaux une voie sécurisée réservée aux mobilités douces.

Bref rappel historique

Lors de l'inondation du Rhône du 4 septembre 1948, le pont précédent en acier fut entièrement emporté, cela préserva la région de Noës de l'inondation puisque les matériaux accumulés contre les piles et le tablier du pont formaient un important barrage.

  • Source : L'écho illustré du 18 septembre 1948

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Nb: La photo d'illustration a été prise au même endroit 72 ans plus tard.

  • On n'a pas chômé puisque la construction du nouveau pont en béton démarra en décembre 48 pour se terminer en mai 1949.

Vidéo réalisée avec un drone (Vivian Epiney):

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Du constat à la réalisation des travaux

Lors de l'examen général de cet ouvrage d'art en 2016, on remarqua qu'une restauration du pont était nécessaire à sa pérennisation. La présence de contaminants (sels de déverglaçage notamment) et des conditions atmosphériques humides ont malmené le béton armé dans la partie supérieure du pont. Certains fers d’armature étaient déjà bien corrodés et le béton, mal vibré lors de sa mise en place en 1949, n’avait plus de grandes propriétés mécaniques. A contrario, la partie basse du pont englobant la structure porteuse principale de l’ouvrage est dans un état jugé sain pour un ouvrage de cette époque.

  • Vue actuelle de la restauration du pont. Photo : Vivian Epiney

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  • Détail sur l'armature en fer du pont. On remarque que les fers à béton ont été très attaqués par l'humidité et que le béton perd de sa substance :

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La technique utilisée pour retirer le béton malsain est l’hydrodémolition. Cette méthode de démolition par l’eau à haute pression peut être appliquée de différentes manières. Un robot peut venir à bout des éléments linéaires et surfaciques, tandis que le jet tenu par l’homme permet d’atteindre les recoins et autres détails constructifs.

"L’hydrodémolition est une méthode de destruction du béton qui utilise un jet d'eau à haute pression pour enlever le béton détérioré. Cette méthode permet d'obtenir une surface rugueuse, bien adaptée à l'application d'un nouveau matériau de réparation." [source]

  • Ouvrier occupé à l'hydrodémolition :

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Après avoir réparé les fers à béton détériorés, remplacé les fers trop rongés et appliqué une nouvelle armature de renforcement, on couvrira le tout avec un matériau composite fibré ultraperformant.

Ce pont appartient à la Commune de Sierre, remis par l’Etat du Valais lors du reclassement de cet axe routier. Les travaux sont entièrement à la charge de la Municipalité sierroise.

Finalement, un ajout important sera apporté à l'ouvrage : une passerelle de 3 m. de large permettra aux piétons et aux cyclistes de traverser en toute quiétude. Cette passerelle bénéficiera d’une participation financière de la Confédération dans le cadre de l’Agglo Valais central.

  • Un matériau innovant :
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Un matériau innovant, le CFUP est utilisé.

"Le CFUP est un matériau composite dont les caractéristiques se situent à mi-chemin entre l'acier et le béton. Il associe une matrice cimentaire composée de poudres réactives, renforcée par une grande quantité de fibres fines généralement en acier. Dans le cas présent, afin de rendre le CFUP encore plus efficace au niveau de sa résistance et de sa robustesse, il est renforcé avec des barres d’armature. Les structures porteuses et les éléments de construction en CFUP sont conçus dans le but de maximiser leur rigidité et de minimiser les dimensions des sections, le poids propre et l’utilisation du précieux matériau." [source]

  • L'armature métallique avec des ouvriers à l'œuvre :

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On recouvre la bande roulante d'une armature de fer sur laquelle on coulera ensuite le CFUP (photo prise le 11 octobre 2020).

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Sur cette image, l'armature est partiellement couverte de CFUP.

  • Les machines utilisées :

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Vue partielle sur quelques machines utilisées.

  • Les vieux fers inutilisables :

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Les vieux fers inutilisables de l'armature de 1949 sont rassemblés dans cette benne destinée au recyclage.

NB:

Cet article a bénéficié de la relecture et de la correction de M. Stéphane Delaloye, ingénieur de la Ville de Sierre, et de M. Thierry Spalla , responsable études et travaux, que nous remercions.

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Crédit photographique :

  • L'écho illustré du 18 septembre 1948
  • photos : Vivian et Pierre-Marie Epiney

Plus d'informations sur l'historique du pont :

Consultez cette page richement documentée :

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  • Renata Roveretto

    Un gros travail avec une bonne mise en valeur de celui-ci de par le votre cher monsieur Pierre-Marie Epiney. Cela peut être aussi une grande reconnaissance pour les ouvriers ayant fait de leurs mieux pour que tout puisse couler sans refaire des gros dégâts.

Pierre-Marie Epiney
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14 octobre 2020
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