Autrefois : téléphériques sur le Gorwetsch
Autrefois : téléphériques sur le Gorwetsch Repérage
Complément pour l’histoire de la région sierroise
Deux téléphériques sur le flanc de l’Ochsenboden (Gorwetsch en patois glareyard)
En quête de magnésium
Durand la première guerre mondiale, l’économie suisse manquait de magnésium. Aussi, les géologues ont prospecté l’ensemble du territoire. Une carrière de dolomie a été découverte en 1916 et exploitée sur le flanc nord de l’Ochsenboden sur la rive gauche du Valais au-dessus de la Forêt de Finges. Le carbonate était descendu en plaine au moyen d’un câble de chantier puis acheminé à l’usine de Martigny-Bourg. Il était ensuite transformé en magnésium métallique pur (Mg) pour l’industrie par la Société anonyme pour la fabrication du magnésium sise à Lausanne. Le câble a été démonté par la suite après la deuxième guère mondiale.
Pour comprendre :
La dolomie est un carbonate double de calcium et de magnésium, de composition chimique MgCa (CO3)2.
La dolomite est un minéral constitué d'un carbonate de calcium et de magnésium de formule chimique CaMg (CO3)2, avec des traces de Fe, Mn, Co, Pb et Zn.
Minerai de dolomie. Dr.
Magnésium anniviard
Le carbonate dolomie et le minerai dolomite sont bien présents entre le Val d’Anniviers et le Turtmanntal. On en trouve dans plusieurs mines, notamment à Baicolliou au-dessus de Grimentz, à Zirouc au-dessus de Zinal, à Grand Praz près d’Ayer, à Kaltenberg dans le Turtmanntal, à Plantorin au sommet de l’Omen Roso au-dessus de Mottec à 3031 mètres d’altitude et à Tignousa inférieur, au-dessus de St-Luc.
Deuxième téléphérique : en quête de bois
En 1920, la bourgeoisie de Sierre qui possède une grande forêt sur le flanc du « Gorwetsch » achète un câble d’occasion provenant des usines à charbon d’Isérables afin de descendre en plaine le bois de coupe : coût de l’opération 18 000 francs, accessoires compris. Il est construit en 1921 et 1922 par Justin Salamin de Grimentz. Il se trouve à moins de 150 mètres du téléphérique de la carrière de dolomies toujours en fonction à cette date.
Réception des billes de bois à la station inférieure à Finges. – source inconnue
Lorsqu’en septembre 1922, le câble est tendu pour être mis en fonction, un accident mortel se produit. Le jeune bourgeois Henri Kummer perd la vie. En 1931, un incendie réduit en cendre la station supérieure du téléphérique : les cordes du câble sont brûlées, le treuil détruit et les chars de transport des bois carbonisés. Par chance, l’installation était assurée et la bourgeoisie est rentrée dans ses frais et reconstruite en 1932.
Bûcherons à l’œuvre. Peinture de Hans Beat Wieland (1867-1945) Bâle. Site officiel
De 1954 à 1955, la Bourgeoisie de Sierre, la commune de St-Luc et la Société d’aluminium de Chippis s’entendent pour construire une route d’accès à la conduite et forêt. Dès lors, le téléphérique est abandonné. Tout rouillé, le câble est démonté en 1983 car il constituait un danger pour les hélicoptères lors des luttes contre les incendies. Surtout après la mort du pilote des glaciers Fernand Martignoni qui heurta un câble semblable avec sa machine en 1982.
Sources :
- La Bourgeoisie de Sierre, L’essor d’une institution de 1850 à nos jours, Muriel Borgeat Theler et Sophie Providoli – Monographic 2013.
- Mines et minéraux du Valais – Anniviers et Tourtemagne, Stefan Ansermet – Editions Porte-Plumes 2012.
Voir aussi :
notrehistoire.ch/entries/OPYgP...
En complément :
La chapelle St-Antoine de l'Ochsenboden à cette page
Sur ce document (image d'illustration reprise ici en entier), on voit les deux téléphériques (câbles). A gauche celui du magnésium et à droite celui de la bourgeoisie de Sierre.
copyright Bourgeoisie de Sierre
Cette plongée dans les activités d'extraction de minerai permet d'ouvrir les yeux sur l'utilisation des ressources naturelles dans nos régions.
Si pour beaucoup de personnes, le magnésium se consomme comme un complément alimentaire pour réduire la fatigue et contribuer au bon fonctionnement du système nerveux et des muscles. Il entre aussi dans de nombreux procédés industriels:
Facile à usiner et léger, il est employé dans plusieurs alliages, servant à faire par exemple des carrosseries de voitures, des pièces de vélo, des boîtiers d'appareils photos ou de marchines à écrire, etc. Il se combine aussi facillement avec de l'aluminum. La proximité des usines de Chippis sont dans le cas présent un débouché tout trouvé!
C'est aussi un réactif chimique important, employé lors de la fabrication des aciers et la purification des métaux. Le magnésium sert aussi de protection contre la corrosion des métaux immergés, principalement du fer. On l'utilise couramment dans la protection de coques des bateaux ou de ballons d'eau chaude.
Seul bémol, sa production et son recyclage sont par contre difficiles, énergivores et polluants.
Est-ce que un.e membre saurait nous éclairer sur son utilisation précises à Chippis ou dans l'industrie suisse ?
Magnifique ! Merci pour ce complément très bien informé et espérons que votre appel soit entendu !
Très intéressant...la station supérieure du téléphérique est toujours là !
Merci Jean-Louis. Aurais-tu dans un de tes albums une photo de cette station supérieure ?
Elle est là :notrehistoire.ch/entries/OPYgP...