Le débat dans le forum sur la question des documents sans indications de date, d'auteur et de descriptif révèle un point délicat de notrehistoire.ch. Comment faire appel à la contribution gracieuse des membres tout en exigeant un certain travail de documentation et de rédaction? Sans doute touchons-nous là une limite de notre projet éditorial et du réseau social constitué autour des archives audiovisuelles de Suisse romande. Bien sûr, nous souhaitons - et encourageons - une meilleure édition des documents, mais nous devons également tenir compte de la réalité de l'implication de chacun.

Pour avoir évoqué cette situation par des échanges directs avec des membres, il nous est apparu que certains hésitent à écrire - souvent par crainte de se tromper autant que par manque d'informations à transmettre - d'autres veulent simplement contribuer en présentant leurs documents, sans passer plus de temps dans une recherche documentée.

Il est vrai aussi que notrehistoire réunit des personnes de tout horizon qui ne forment pas une équipe homogène de rédacteurs. C'est en essayant de rassembler toutes les sensibilités et de fédérer des intérêts variés que la dynamique de la plateforme s'est mise en place. Vous le savez, certains échanges sont très pointus et démontrent à quel point notrehistoire.ch met en relation des personnes compétentes, mais nous pensons que le degré d'implication à notre projet éditorial ne saurait être imposé à chaque contributeur, sinon pour le respect des règles fondamentales de la charte.

Faut-il « sanctionner » des membres qui ne vont pas jusqu'au bout du travail que nous souhaitons ? Ce n'est pas notre avis. D'abord parce que notrehistoire.ch est dans son essence un projet ouvert. Nous parlons bien de notre histoire à laquelle chacun, avec ses propres archives privées, peut contribuer, à l'instar de tous ces visages anonymes, de toutes ces vies effacées qui ont participé, toutes à leur façon, à la construction de ce lien social et culturel que la plateforme appelle à illustrer.

Ensuite parce que notrehistoire est un projet contributif qui doit se confronter avec la réalité d'un public aux intérêts épars et à l'activité irrégulière.

Enfin, notre modération s'applique sur des points essentiels, à savoir le droit d'auteur, l'interdiction de la reproduction d'illustrations imprimées, ou encore les thèmes manifestement inappropriés. Cette modération « douce » est à notre sens un élément essentiel à la réussite d'un projet aussi original et délicat où chacun doit pouvoir trouver sa place.

Il n'empêche que ce débat, et les attentes de membres qui souhaitent un travail d'édition plus complet, doit être entendu. Nous pensons qu'une façon d'y répondre consiste maintenant, après plus de trois ans d'activité, à une meilleure mise en valeur du contenu publié avec soin. Il convient en quelque sorte de hiérarchiser le fonds constitué maintenant de plus de 40'000 documents et de 700 groupes d'intérêt.

Nous étudions actuellement des moyens pour favoriser plusieurs niveaux de lecture. A l'activité incessante sur notrehistoire - chaque jour de nouveaux documents et des commentaires sont publiés - doit répondre une meilleure mise en valeur des archives documentées. En outre, des groupes sont plus complets que d'autres et doivent être plus facilement accessibles. Ce sont là quelques pistes.

Nous sommes sensibles à la demande d'exigence qui est exprimée dans ce débat. A nous de trouver des solutions originales et enrichissantes qui permettent à chacun de se sentir bien sur notrehistoire.ch. Le propre d'un réseau social sur internet est de former des cercles concentriques de membres. Au centre, les personnes très impliquées qui participent entièrement au projet, puis des cercles qui s'éloignent du noyau de notre travail à mesure que leur intérêt, leur passion, leurs fonds ou simplement leur temps se réduisent.

Dans la logique participative qui est la nôtre, nous devons partir du centre pour rayonner vers l'extérieur. C'est pourquoi nous comptons beaucoup sur le partage d'informations, les recherches croisées, les échanges fructueux qui permettent une amélioration générale de l'édition. C'est sans doute une position qui nous place aux frontières d'un projet utopique et pourtant, notrehistoire.ch recèle d'exemples où cette dynamique de l'échange et de l'enrichissement mutuel est réussie.

Nous espérons mener à bien ce travail d'amélioration dans le courant de cet automne. Le débat reste ouvert, bien sûr, et vos commentaires, avis et propositions sont les bienvenus.

Claude Zurcher, responsable éditorial