Loèche - chapelle baroque Ringacker Repérage

5 octobre 2013
Ringacker 1, 3953 Loèche, Suisse
A. Salamin
Albin Salamin

La chapelle baroque Ringacker de Loèche-ville

Entre Loèche-ville et le village de La Souste, se trouve un plateau sur lequel fut construit lors de la grande peste de 1629-1630, un cimetière et une petite chapelle qui permettaient de célébrer des messes pour les malades et l'inhumation des victimes. Il était courant à cette époque de construire des cimetières et des chapelles loin des agglomérations afin d'éviter la contagion.

Les sépultures étaient entourées d'un mur épais. En cet endroit se trouvait également un ancien couvent de Sainte-Catherine habité par des Augustines mais abandonné suite aux guerres.

Avec les années, l'endroit est devenu un lieu important de pèlerinage et la petite chapelle devint trop petite pour accueillir les nombreux fidèles.

Les bourgeois de Loèche décidèrent de démolir l'ancienne petite chapelle et l'ancien couvent. Sur leur emplacement et sur celui du cimetière, ils construisirent en 1694, une nouvelle chapelle baroque.

Remarquons que les fidèles des villages voisins (Albinen, Guttet, Feschel, Erschmatt et Bratsch), qui appartiennent alors à la paroisse de Loèche, refusèrent de participer à la construction et à l'entretien, onéreux, de ce luxueux sanctuaire.

Suite au déclin du régime féodal, Loèche devint une riche bourgade, avec de puissantes familles bourgeoises qui elles seules avaient les moyens financiers pour édifier cette magnifique chapelle dédiée à la Vierge Marie, "Chapelle de la Visitation".

Ils s'y feront représenter par des fresques et un cartouche les identifiant... histoire, sans doute, d'afficher le pouvoir et la richesse de leur "Leuca fortis".

Pourquoi le nom de Ringacker?

A la création du cimetière, celui-ci fut entouré par une enceinte rectangulaire que l'on désigna du nom allemand de Ringmauer (mur en forme d'anneau). C'est ce cimetière emmuré qui donna le nom de Ringacker, le champ emmuré.

Architecture: Le porche du sanctuaire se trouve à l'ouest vers le bas Valais et se compose de quatre colonnes. Il abrite une porte à deux battants sculptée.

Une autre porte simple mais sculptée se trouve sur la façade nord de la chapelle

La chapelle baroque fut construite selon un type classique de croix latine. Dans les bras du transept, se trouve deux chapelles latérales, abritant chacune un autel secondaire.

Le maître-autel, immense pyramide, a sans doute été commencé par le sculpteur

J. Ritter, achevé en 1705 par le sculpteur Johann Sigristen (1653 Brig -1710) et peint en 1709, il est consacré à l'Immaculée-Conception.

L'une de ces chapelles latérales est dédiée à Saint Sébastien et sur le tableau au-dessus de son autel on peut observer à l'arrière-plan une représentation ancienne de Loèche avec sa chapelle et ses châteaux, peint en 1803 par I. Reinold.

Au-dessus du troisième autel de la chapelle (collatéral de droite), une huile sur toile, réalisée en l'honneur de Saint Joseph à l'agonie, figure sept gerbes de blé dont l'une, au centre, est surmontée d'une hostie miraculeuse, baignée de lumière. C'est ainsi que le lieu où Loèche allait bâtir une chapelle fut miraculeusement désigné. Le tableau est d'A. Hecht, peint en 1811.

Plus de 200 anges et ouvrages en stuc décorent l'intérieur. Le plafond au dessus du chœur est également peint.

Le plafond de la Nef l'est aussi

La chaire de l'église est accessible par un petit escalier à l'intérieur du mur

Remarquons que les autels latéraux ainsi que la chaire sont en stuc.

Et enfin, à l'arrière (Narthex), nous trouvons un orgue très ancien construit bien après celui de l'église de Valère (1435) et celui de l'église Saint-Théodule à Sion (1718). Orgue du XVIIIe siècle, plus précisément 1722.

Remarquons que cet orgue et celui de St-Théodule sont des exemples assez semblables d'un type d'orgue répandu dans l'arc alpin entre 1600 et 1750 environ (Source: Edmond Voeffray, musée de l'orgue, Roche)

Après une tempête en 1951, la croix de fer forgé du clocher avait été détruite et cette chapelle méritait donc d'être restaurée. Ce fut terminé en 1960. Une nouvelle restauration fut entreprise en 1997 et en 2016, une restauration des murs extérieurs est réalisée.

Ce chef-d'œuvre de l'art baroque, d'une éblouissante richesse de formes, de tons et de couleurs mérite une visite!

En 1939:

Photo de M.Chappuis

Sources:

- Aide documentaire: Sylvie Bazzanella

- Blondel, Le Bourg de Loèche

- Les chapelles baroques valaisannes, Vinciane Glassey, 2003

- Le plus somptueux édifice baroque du Valais, Crettol, Bibliothèque ETH, Zürich

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Albin Salamin
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