F. Mendelssohn, Op.64, Peter Rybar, VFO, Victor Desarzens
F. Mendelssohn, Op.64, Peter Rybar, VFO, Victor Desarzens
**Felix MENDELSSOHN, Concerto pour violon en mi mineur op. 64, Peter RYBAR, Vienna Festival Orchestra, Victor DESARZENS, 08.05.1959, WHS 400003
Felix Mendelssohn compose son concerto pour violon en mi mineur op. 64 à l'intention de son ami Ferdinand David, premier violon de l'orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Sa composition s'étend toutefois sur 7 ans: premières esquisses en 1838, 1ère finition le 16 septembre 1844, revision de l'oeuvre en 1845. Peu après David le crée à Leipzig, le 13 mars 1845, dans la salle du Gewandhaus, l'orchestre étant dirigé par Niels Gade.
Pour une courte présentation de l'oeuvre des extraits des notes rédigées par R Larry Todd en 2012 pour Hyperion, publiées dans le livret du CDA67795 (Alina Ibragimova, Orchestra of the Age of Enlightenment, Vladimir Jurowski):
"[...] *En chemin, Mendelssohn le délaissa un temps pour envisager l'écriture d'un concerto pour piano en mi mineur destiné à la scène londonienne - il en esquissa un premier puis un deuxième mouvements entre 1842 et 1844. Là se trouve l'origine du second thème lyrique du premier mouvement de son op. 64. Finalement, Mendelssohn abandonna ce projet de concerto pour piano et revint à son concerto pour violon, qu'il data de septembre 1844, même s'il commença presque tout de suite à le retoucher subtilement. Une modification plus substantielle découla d'un entretien avec David: il allongea la célèbre cadenza du premier mouvement qui, exceptionnellement, apparaît non vers la fin de la réexposition, comme le veut la tradition, mais en bout de développement.
Cette disposition de la cadenza fut une nouveauté qui influença bien des compositeurs (notamment Sibelius dans son Concerto pour violon de 1903), tout comme la remarquable ouverture, qui inverse le traditionnel agencement tutti-solo - au début, le soliste introduit ainsi le thème méditatif haut par-dessus un bruissant accompagnement orchestral, qui finit par se déverser dans le tutti orchestral retardé.* [...]. Comme les op. 25 et 40, les deux concertos pour piano achevés de Mendelssohn, l'op. 64 présente trois mouvements liés par deux transitions, un plan hérité du Konzertstück pour piano et orchestre (1821) de Carl Maria von Weber, en quatre mouvements compacts et connexes. La passion nerveuse du premier mouvement mendelssohnien cède la place à un mouvement lent et ut majeur vivement lyrique, façon Lied ohne Worte. Seule sa section centrale contrastive, qui passe à la mineur, rappelle un peu, par ses frémissants trémolos, le caractère du premier mouvement. L'alerte finale en mi majeur, annoncé par de festives fanfares de vents, offre un capricieux scherzo se déployant en rondo sur deux thèmes alternés - le premier est une leste figure subtile au violon solo; le second, un sujet façon marche, est, peut-être, un agile cousin de la Marche nuptiale contemporaine, tirée de la musique de scène du Songe d'une nuit d'été. L'irrépressible finale exploite une virtuosité effervescente pour forger un schéma limpide, translucide, d'emblée concluant en ses incursions inattendues comme en son équilibre formel. [...]"
Citations extraite des notes rédigées par R Larry Todd en 2012 pour Hyperion , publiées dans le livret du CDA67795 (Alina Ibragimova, Orchestra of the Age of Enlightenment, Vladimir Jurowski).
La partition de cette oeuvre peut être téléchargée librement sur la page correspondante de l'IMSLP.
Selon la banque de données de la Phonothèque suisse l'enregistrement que je vous présente ici a été fait le 08 mai 1959: Peter RYBAR en est le soliste, l'orchestre est nommé "Vienna Festival Orchestra", Victor DESARZENS dirige le tout. À cette époque Peter Rybar est le "Konzertmeister" de l'Orchestre Symphonique de Winterthur (l'actuel Musikkollegium de Winterthur), dont le chef est Victor Desarzens, en plus de son activité comme chef de l'Orchestre de Chambre de Lausanne (OCL). Et il trouve encore le temps de faire ces enregistrements à Vienne!
Cet orchestre "Vienna Festival Orchestra", "Orchestre Du Festival De Vienne", "Wiener Festspielorchester"... On retrouve ce nom sur de nombreux disques des années 1950-1960, surtout chez Concert Hall et Westminster, ou labels apparentés.
Dans ces années c'était une pratique courante d'utiliser un nom "générique" pour un orchestre existant ou formé pour l'occasion, généralement pour des raisons de contrat d'exclusivité - ou de ce genre - l'orchestre et/ou ses musiciens ne pouvant apparaître sous leurs propres noms. On retrouve à cette époque la même pratique dans beaucoup d'autres grandes villes, comme par exemple à Paris ou à Londres. C'était l'époque du "cachetonnage", les musiciens d'orchestre étant souvent mal rénumérés et devant jouer "en cachette" dans d'autres formations...
Certains de ces orchestres ont même conservé un très grand renom, comme le fameux "Orchestre des Cento Soli" à Paris, ou justement ce "Vienna Festival Orchestra". L'identité exacte de l'orchestre, des musiciens, a été - et est généralement aujourd'hui encore - un secret mieux protégé qu'un secret d'état, et les témoins de cette époque qui pourraient le révéler sont aujourd'hui de moins en moins nombreux.
Il existe bien aujourd'hui un orchestre portant ce nom - "Vienna Festival Orchestra" - il n'a toutefois rien à voir avec l'orchestre de cet enregistrement, ayant été fondé beaucoup plus tard, en 1999. Il n'a fait que réutiliser ce nom.
Selon John Hunt (dans son livre "Concert Hall discography of the concert hall society and concert hall record club", 2011) il s'agirait en fait de l'Orchestre symphonique de Vienne (le Wiener Symphoniker), dont Herbert von Karajan était le chef titulaire à cette époque, de 1950 à 1960. C'est peut-être la raison pour laquelle cet orchestre a été obligé de faire ces enregistrements sous ce nom d'emprunt. Les enregistrements avec ce "Vienna Festival Orchestra" sont en tous cas très nombreux, et sous la direction de plusieurs des meilleurs chefs de l'époque (dont par exemple Hans Swarovsky et Josef Krips, qui ont fait renaître le Wiener Symphoniker après la guerre), mais jamais sous la direction d'Herbert von Karajan, qui lui ne dirigeait que le Wiener Symphoniker...
La première parution a lieu la même année sur les disques Whitehall WH 20003 (en monophonie) et WHS 40003 (en stéréophonie) - Whitehall étant un label de la maison de disques Westminster. La parution est par exemple annoncée dans la revue "The Billboard" du 12 octobre 1959, en page 25: ce disque faisait partie des premiers disques de cette nouvelle série Whitehall consacrée aux grands classiques de la musique.
C'est un exemplaire de ce WHS 40003 que j'ai utilisé pour cette restauration, donc en stéréo, mais bien sûr une stéréo encore à ses débuts.
Mon disque a quelques courts passages assez endommagés, que je ne peux malheureusement pas entièrement réparer - qui "grattent" encore pas mal - et quelques déformations de sillon locales - que j'ai essayé d'atténuer le mieux possible sans pour autant altérer l'enregistrement: elles restent par endroits audibles, de petits, très courts bruits - comme quand on tappe légèrement avec le doigt contre le chassis du tourne-disque. Le problème est que si j'essaie de les atténuer plus, je risque de faire encore plus de dégats - autant les laisser, ces défauts sonores ne sont d'ailleurs que très courts.
L'enregistrement que vous écoutez...
Felix Mendelssohn, Konzert fuer Violine und Orchester in e-moll Op. 64, Peter Rybar, Vienna Festival Orchestra, Victor Desarzens, 08.05.1959, WHS 400003 (1. Allegro molto appassionato (env. 13:10:400), 2. Andante attaca 21:42, 3. Allegretto non troppo - Allegro molto vivace 07:05)
WHS 40003 -> WAV -> léger à moyen DeClick avec ClicRepair, de nombreuses réparations manuelles -> MP3 320 kbps, le tout effectué par moi-même: l'enregistrement est donc de ce fait libre de droits d'autres personnes ou sociétés, le disque étant paru pour la première fois il y a plus de 50 ans, et le compositeur et autres ayants droits décédés il y a plus de 70 ans.
L'enregistrement peut être aussi téléchargé sur la page suivante de mon site, en format FLAC (donc comprimé sans pertes):
Cher René, comment vous remercier pour cette archive musicale sortie de votre musée! Je me souviens si bien de cette époque où mon père a réalisé cet enregistrement. Peter Rybar est merveilleux au violon.... Au risque de me répéter je suis toujours séduite par la qualité de l'enregistrement datant des années 1959.... Une question; avez vous eu beaucoup de travail pour restaurer ce disque ? Encore merci et cordiales salutations....
Merci pour votre commentaire, chère Martine. Oui, la maison Westminster faisait des bonnes prises de son! En ce qui concerne le travail de restauration pour cet enregistrement: env. 1/2 heure par minute de musique, soit au total une bonne douzaine d'heures. Donc, il faut effectivement avoir le temps, et aussi de la patience... Suivant l'état du disque il faut compter entre environ 5 et 60 minutes de travail par minute de musique. La 2e partie de la seconde face - avec l'ouverture "Les Hébrides ou la Grotte de Fingal" va suivre dans quelques jours! Elle a quelques méchantes griffures qui ont besoin d'un peu plus de patience, pour être bien corrigées!
Votre travail, patience, mais avant tout passion, Cher René, confèrent à ces précieux enregistrements, une délicatesse à savourer sans modération.
Merci pour votre très gentil commentaire, chère Sylvie! Restaurer ces vieux disques est en effet devenu vraiment ma passion, c'est devenu presque un vice... mais dans le sens positif! Et puis, celà me fait tellement plaisir de pouvoir partager ces enregistrements avec d'autres mélomanes, et surtout de pouvoir faire un peu revivre des artistes souvent bien oubliés.