Johannes BRAHMS, Concerto pour piano No 1, Claudio Arrau, ONRDF, Igor Markevitch, 25 septembre 1958, Montreux
Johannes BRAHMS, Concerto pour piano No 1, Claudio Arrau, ONRDF, Igor Markevitch, 25 septembre 1958, Montreux
Ce premier concerto pour piano de Johannes Brahms - composé entre 1854 et 1859 - est une oeuvre de jeunesse: elle fut donnée en première audition le 22 janvier 1859 à Hanovre par le compositeur au piano, l'orchestre étant dirigé par Joseph Joachim. Ce fut un succès mitigé, les critiques saluant plus les qualités pianistiques de Brahms que sa musique, jugée 'incompréhensible'. En fait le public et la plupart des critiques furent déconcertés par le traitement du piano qui n'assume pas la partie concertante au sens classique du terme et se retrouve le plus souvent en fusion avec l'orchestre. Certains considèrent l'oeuvre comme une symphonie avec piano obligé (Christian Merlin dans Diapason de février 2008, p.74-76). Brahms avait d'ailleurs - sur le conseil de Schumann - d'abord conçu son concerto comme symphonie, notée pour deux pianos.
Une courte description, citée du Guide de la musique symphonique publié sous la direction de François-René Tranchefort:
Le premier mouvement "[...] débute par une longue introduction orchestrale, d'une forme assez particulière. Un premier thème, attaqué d'emblée forte, véhément, sombre et volontaire, est suivi d'un motif contrastant qui est une émouvante mélodie lyrique, puis de plusieurs autres éléments thématiques secondaires dans une épisode en si bémol mineur. Le retour au ton initial marque une réapparition du premier thème, - auquel succèdent à présent de nouvelles idées thématiques, l'une en croches serrées, l'autre sous forme d'appel sur les intervalles de quarte et de quinte. Tous ces motifs divers auront, dans une plus ou moins grande mesure, leur rôle à jouer dans le mouvement. Le piano entre en demi-teintes, sur des enchaînements de sixtes. La partie soliste sera la plupart du temps exempte de virtuosité spectaculaire, tout en demeurant passablement malaisée d'exécution. Souvent incorporé à l'orchestre, le piano ne s'en réserve pas moins l'exposition d'un nouveau grand thème, - un chant ample et mélancolique en fa majeur, proche d'un choral (Poco più moderato), repris aux vents puis aux cordes, auquel le cor répliquera doucement avec le motif d'appel entendu au début de l'introduction. Le développement commence par de vigoureux traits d'octaves au piano. Dans sa partie centrale, l'écriture pianistique se fait, pour un bref moment, plus preste et fluide; avant que de puissantes secousses d'accords échangées entre le piano et l'orchestre ne précèdent la réexposition. [...] Globalement, le climat de ce Maestoso reste partagé entre la rudesse fougueuse de la ballade nordique et une rêverie qui garde toujours un fond sombre.
Au début du second mouvement, Brahms avait inscrit «Benedictus qui venit in nomine Domini», qui est en général considérée comme un hommage posthume à Schumann, que Brahms appelait «Mein Herr Domine». "[...] Quoi qu'il en soit, cette citation liturgique convient fort bien à ces pages qui s'apparentent à un magnifique cantique. Exposé aux cordes avec sourdines, puis au cor, le recueillement du thème principal passe au soliste, qui fait entendre ensuite une mélodie douloureusement interrogative, avec des chromatismes retournés. Dans la partie centrale, une montée très progressive amène un nouveau motif aux bois, d'un rythme plus marqué. Le retour du premier thème fera culminer l'Adagio dans des sonorités profondes et fournies (accords et grands arpèges au piano). La coda est introduite par un triple trille du soliste, - procédé hérité directement de Beethoven. [...]
Le dernier mouvement "[...] débute par un thème plein de verve, vigoureux et dansant, exposé au piano et repris à l'orchestre, - selon l'usage traditionnel. Le premier motif secondaire en fa majeur, plus léger, est une variante du motif principal. Les sonorités s'estompent ensuite, avant de soudains appels de cuivres et des cascades de traits au piano qui ramènent le rondo. La partie suivante, en si bémol majeur, d'abord mélodique et gracieuse, évoluera vers un fugato orchestral qui fait un peu figure de digression académique. Mais on en retrouvera la mélodie, après le retour du rondo et une courte cadence du soliste, dans la dernière partie du mouvement, en ré majeur. Des éléments du thème principal y reviendront également, sous forme de fanfares atténuées et lyriques. D'une grande richesse d'écriture, ce finale utilise volontiers le principe de la variation, cher à Brahms. La diversité des sentiments - joie alerte, mais aussi des moments plus pensifs d'attente, d'incertitude, ainsi que des élans chevaleresques -, tout ceci ressuscite, par moments, une atmosphère proche du premier mouvement. Mais la santé robuste reste l'élément dominant, et s'affirme dans une conclusion triomphale. [...]"
Lors du Septembre Musical de Montreux 1958 Igor MARKEVITCH dirigeait l'Orchestre National de la RadioDiffusion Française. Au programme de ce concert du 25 septembre:
- Carl Maria von Weber, Ouverture de l'opéra «Le Freischuetz»
- Johannes Brahms, Concerto No 1 Op. 15, Claudio ARRAU
- Peter Tschaikowski, Symphonie No 6
- Manuel de Falla, Suite de dances du Tricorne
Le concert fut diffusé en direct sur l'émetteur du Monte-Ceneri (ref.: Gazette de Lausanne, 25.9.1958, page 3), puis en différé le lundi 29 septembre sur France III (ref.: Gazette de Lausanne, 29.9.1958, page 3).
L' enregistrement que vous écoutez...
Johannes Brahms, Concerto pour piano et orchestre No 1, Op. 15, Claudio Arrau, Orchestre National de la RadioDiffusion Française, Igor Markevitch, 25.09.1958, Salle du Pavillon, Montreux
01. Maestoso________________________22:23 (-> 22:23)
02. Adagio___________________________14:11 (-> 36:34)
03. Rondo: Allegro ma non troppo___12:06 (-> 48:40)
Provenance: Radiodiffusion, Radio Suisse Romande
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