Baptême à domicile en 1950
Baptême à domicile en 1950
Dire que je m'en souviens semble propos d'illusionniste (je suis né en 1946 et non 48), et pourtant je crois revoir la scène, sans nul doute reconstruite dans ma mémoire, dans le chalet familial de Morges, dans le salon aux deux grandes fenêtres donnant sur le grand jardin de mon père...Les raisons de ce choix de mes parents, faire baptiser un de leur enfant chez eux, m'échappe, je me souviens avoir été hospitalisé à l'Hôpital de l'Enfance à Lausanne pour une "mauvaise scarlatine"...peut-être est-ce contemporain ? Je ne crois pas que mon frère et ma soeur aient été baptisés à domicile. Le choix de Franz Burnand, père de ma mère, pasteur de l'Eglise Libre à la retraite se comprendra aisément.
Baptiser en 1950.., le texte de Bernard Raymond sur NH (Quand ma grand-mère se rendait au culte) donne un éclairage enrichissant sur les moeurs, us et coutumes autour de cette cérémonie et je me permet de le citer:
"Les baptêmes
Comme j'étais fils unique, je n'ai pas eu l'occasion d'assister à un baptême avant d'avoir vingt ou vingt-et-un ans pour la simple et bonne raison qu'on n'en célébrait pas au cours du culte public. En revanche, je me rappelle très bien avoir vu à maintes reprises des familles se rendre après le culte dans l'espace situé près de la sortie nord-ouest du temple Saint-François pour des baptêmes célébrés sinon en catimini, du moins dans le seul contexte du cercle familial.
Quand l'habitude s'était-elle prise de ne plus célébrer les baptêmes au cours du culte public ? Ce doit être au cours du 19ème siècle, au fur et à mesure que la foi devenait une affaire plus individuelle que communautaire. J'ai même entendu citer, mais sur le ton de la réprobation, le cas d'un pasteur qui, dans le premier tiers du siècle dernier, dissuadait presque les familles de se rendre au temple pour le baptême proprement dit en leur proposant de le célébrer plutôt à domicile.. Comme la majorité de ceux qui sont nés comme moi avant la deuxième guerre mondiale, j'ai été baptisé au temple, un dimanche, en dehors du culte public. Il doit en avoir été de même pour mes parents, voire pour mes grands-parents.
De la famille Viret-Peyrollaz, j'ai hérité un objet devenu une rareté : une aiguière de baptême - non pas celle d'une paroisse, mais bel et bien celle de la famille. Dans le cas où le baptème était célébré au temple, l'examen détaillé d'un tableau du 16ème siècle représentant l'intérieur du temple Paradis, à Lyon, m'en a fait comprendre l'utilité et la fonction : on y voit une famille entrer dans la salle de culte, la mère de l'enfant portant un pot d'étain et un linge. C'est donc que la famille apportait au temple l'eau nécessaire à l'administration du sacrement. Il suffit de visiter d'un œil un peu inquisiteur les anciens temples de Suisse romande pour se rendre compte qu'en général ils n'étaient équipés d'aucune amenée d'eau (et encore moins d'installations sanitaires !). Quand donc une famille s'y rendait pour le baptême d'un nourrisson, elle apportait l'eau dans une aiguière. Par temps froid, elle prenait peut-être la précaution de la remplir d'eau tiède : une gravure hollandaise montre une assistance chaudement habillée et de la vapeur s'échappant de la vaisselle baptismale. En fut-il de même, jadis, pour le baptême de mes aïeux nés en plein hiver ? Il se peut tout aussi bien que l'aiguière dont j'ai hérité ait été utilisée pour des baptêmes à domicile.
Dans les cas de mariages mixtes, la grande question souvent débattue était le choix de la confession dans laquelle les enfants seraient ou avaient été baptisés. L'Église catholique ne reconnaissait et ne reconnaît encore en principe comme mariages dûment conclus que ceux qui l'ont été en son sein et en présence d'un prêtre. En principe toujours le conjoint non catholique doit accepter que tous les enfants à naître de cette union soient baptisés selon le rite catholique et soient donc réputés devoir recevoir leur instruction religieuse dans cette Église. Mais dans une région de mixité confessionnelle croissante comme c'était de plus en plus le cas dans les cantons protestants de Suisse romande au siècle dernier, ce principe était difficile à faire respecter. Pendant toute la première moitié de ce siècle-là, de très nombreux mariages mixtes furent conclus avec la clause que les fils seraient de la confession du père et les filles de celle de la mère - une solution un peu bancale qui n'était de nature à satisfaire aucune des deux Églises en cause.
Ayant vécu son enfance et sa jeunesse dans un district de stricte parité confessionnelle depuis la Réforme, ma grand-mère Viret était très attentive à ce problème. Elle en parlait souvent et ne manquait pas de critiquer la manière dont l'Église catholique essayait par le baptême de s'assurer une sorte de mainmise confessionnelle sur des enfants qui n'étaient même pas encore nés. Mais du côté protestant, on tenait parfois aussi des propos donnant à entendre que, « baptisé protestant », un enfant appartenait pour ainsi dire à cette confession - une manière assez peu protestante d'envisager la situation ! Je sais des pasteurs qui, dans le cas de parents qui avaient décidé d'envoyer leurs enfants au catéchisme catholique bien qu'ils aient été baptisés au temple, n'ont pas hésité à défendre fermement la liberté des intéressés de changer d'orientation confessionnelle. Ce faisant, ils se sont montrés plus réellement protestants que s'ils avaient cherché à conserver coûte que coûte dans le protestantisme des ménages qui ne s'y reconnaissaient plus."
Lors de sa séance automnale du Synode de l'Eglise nationale en décembre 1948, je lis dans la Feuille d'Avis de Vevey:
" Le baptême des enfants de parents faisant profession de christianisme est légitime. Aucun pasteur n'est autorisé à refuser par principe de baptiser les enfants. Tout baptême cependant sera précédé d'un entretien avec les parents. Le pasteur s'abstiendra d'encourager les parents hostiles ou manifestement indifférents à faire baptiser leurs enfants. Les parents attendront dans la règle la fin de l'instruction religieuse et une demande formelle des intéressés pour administrer le baptême aux catéchumènes qui n'ont pas été baptisés. Ce baptême remplace normalement la confirmatlon. Il est désirable que le baptême soit administré dans la paroisse de domicile. Sauf circonstances spéciales le baptême ne sera administré ni à domicile ni dans les maternités".
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