Les éléphants de la ménagerie Hagenbeck employés au transport du combustible

Depuis l'ouverture des hostilités, c'est-à-dire deux mois et demi environ, les pensionnaires de la ménagerie Hagenbeck nous tiennent fidèle compagnie, sans que la population n'ait jamais eu à s'en plaindre.

Parmi ces hôtes occasionnels, les éléphants ont été plus que des objets de curiosité, ils nous ont rendu de signalés services. Maintes fois, on a pu voir passer le long de nos rues, les chariots de la ménagerie mis à contribution pour toute sorte de transports lourds, et traînés part un ou deux des pachydermes de la Place du gaz.

Nous avons eu l'occasion, un jour, de prendre une photographie que nous reproduisons ici et où deux de ces éléphants remorquaient, sans aucun effort, un chargement de houille qui n'était pas inférieur à 6500 kilos.

On sait, d'autre part, que pour autant que la température s'y prête, une partie des animaux de la ménagerie Hagenbeck est mise en pâture aux alentours des tentes qui les abritent. Ces bêtes d'autres cieux et d'autres climats, à côté de nos sapins, constituent un tableau particulièrement pittoresque.

Une bonne maman, qui contemplait ce singulier spectacle avec son petit garçon, a trouvé le mot de la situation quand elle disait à cet enfant :

— Regarde bien ; tu pourras dire, plus tard, quand tu seras grand, avoir vu en automne 1914, des chameaux, des zèbres et des lamas paître en liberté, dans les pâturages de La Chaux-de-Fonds.

L´Impartial, samedi, octobre 10, 1914

Ancienne carte postale colorisée, photographie A Werner, La Chaux de Fonds