Jacqueline Oyex, Casimir Reymond et Victor Desarzens; une rencontre dans la sensibilité.
- Eau-forte, épreuve d'artiste, sans titre, 1955 ou 1956, reçue de l'artiste
La première fois que j'ai rencontré Jacqueline Oyex, c'était à Aran dans notre maison familiale entre 1960-1970.
http://www.notrehistoire.ch/photo/view/33556/
A cette époque le sculpteur Casimir Reymond faisait un buste de mon père Victor Desarzens.
Voir ; http://www.notrehistoire.ch/photo/view/41112/
et http://fr.wikipedia.org/wiki/Casimir_Reymond
Jacqueline Oyez travaillant dans l'atelier du sculpteur, situé au chemin de la Toffeyre 19 à Lutry, ces deux artistes ont créé des liens d'amitié. Je pense que la sensibilité de mon père a rencontré celle de Jacqueline Oyex et qu'ils ont alors établi un dialogue basé sur les émotions que leur suscitait la musique et la gravure ou la peinture. Lorsqu'elle est venue chez nous pour la première fois, elle était accompagnée de Casimir Reymond http://www.notrehistoire.ch/photo/view/43801/, mon père a emmené les deux visiteurs dans son atelier de musique.
J'ai vu une femme tenant un cartable, dont il était difficile de donner un âge et d'un physique très frêle. Par la suite chaque fois que Jacqueline Oyex rendait visite à mon père, ils se voyaient dans son studio de musique. A notre question de savoir pourquoi Jacqueline Oyez ne restait pas au jardin ou dans la grande pièce d'accueil, mon père nous a répondu que c'était pour ménager l'extrême sensibilité et timidité de l'artiste, que notre présence « plutôt vivante » pourrait déranger Jacqueline Oyex.
- Eau forte, épreuve d'artiste, sans titre, 1955 ou1956, reçue de l'artiste.
- Eau-forte, épreuve d'artiste,sans titre, 1955 ou 1956, reçue de l'artiste.
Jacqueline Oyex, artiste lausannoise, née à Lausanne en 1931 d'une famille aisée, Jacqueline Oyex fut une enfant surprotégée, en raison sans doute de la mort de son frère jumeau quelques jours après sa naissance. Placée dans un état de solitude et de convalescence permanent, elle passe de longues heures à dessiner. Elle accomplit une scolarité studieuse, et s'inscrit en 1951 à l'École des beaux-arts de Lausanne.
Elle est considérée par ses professeurs, notamment le peintre Marcel Poncet, photo ci-dessous,
et le sculpteur Casimir Raymond, comme une élève talentueuse, mais dont il faut respecter l'indépendance. photo ci-dessous,
Après un séjour d'une année à Paris, en 1954-1955, auquel une maladie met un terme, elle retourne à Lausanne chez ses parents. Elle travaille dans l'atelier de Violette Diserens http://dbserv1-bcu.unil.ch/persovd/detailautcent.php?Cent=1&Num=982, qui l'initie à la gravure.
En 1965, elle rejoint le groupe des graveurs de l'Epreuve, fondé par Albert-Edgar Yersin et Pietro Sarto
En 1957, le sculpteur suisse Casimir Reymond l'accueille dans son atelier à Lutry. Elle lui voue un amour exalté et platonique, qui ne fera que s'intensifier après son décès en 1969, auquel elle ne veut pas croire. Sujette à des crises de dépression, elle est hospitalisée en 1982, et, à partir de 1984, placée dans un home médicalisé jusqu'à sa mort en 2006. C'est par son œuvre gravé surtout que Jacqueline Oyex s'est fait connaître, compositions oniriques, angoissées, peuplées de visages hiératiques qui fixent le spectateur, silhouettés par une ligne extraordinairement concise. Ses peintures, d'une matière épaisse et tourmentée, dénotent l'influence de Chaïm, Soutine
Source : Wikipédia.
Le Musée de Pully a consacré une rétrospective Jacqueline Oyex, en 2011
« ….L'exposition met en avant l'extraordinaire parcours de l'artiste lausannoise reconnue pour la qualité de son œuvre gravée. Elle révèle en outre une part de la production de l'artiste demeurée confidentielle jusqu'à aujourd'hui : son intense activité en peinture et en dessin … »…
Au fil d'un petit nombre de sujets abordés, de techniques utilisées, l'œuvre de Jacqueline Oyex (1931-2006) révèle, dans cette première richesse et pouvoir d'émotion. Comme si cette œuvre avait attendu la disparition de l'artiste, discrète, introvertie et tourmentée, pour s'épanouir, aux yeux du grand public. Des pans de cette œuvre avaient déjà assuré le renom de Jacqueline Oyex, les gravures particulièrement. Restait, pour l'amateur, à découvrir l'entier du travail, les peintures chargées de matière, puis les images réduites à quelques tracés apposés à l'aide du doigt, et les dessins, des plus nerveux et travaillés, au crayon gras, jusqu'aux plus économes, ces œuvres tardives à la fois légères et denses sur le plan affectif.
Alors que des plaques gravées restées inédites sont en cours d'impression à l'atelier de Saint-Prex, l'exposition, sur deux étages, dévoile un univers que l'artiste a mis en forme et en images d'une manière maîtrisée, une manière acquise auprès de Marcel Poncet, qui sut la diriger, ainsi que du maître par excellence, le peintre et sculpteur Casimir Reymond, aux côtés de qui elle travailla durant plusieurs années. Après la mort de ce dernier, Jacqueline Oyex conserva à son égard une admiration et une reconnaissance confinant à l'amour.
Exotisme et fantasme
Autour du genre central du portrait, et de l'autoportrait, l'œuvre décline ses variantes, figures esseulées sur un banc, accompagnées d'un oiseau, couples soudés, familles idéales, visions toujours peu ou prou teintées d'exotisme ou de fantasme, ainsi que des natures mortes et de plus rares paysages.
Frontal, le portrait est assorti d'éléments symboliques ou oniriques, des mains autour du cou pour exprimer l'oppression, des feuilles et des fleurs, des ailes, tandis que la bouche, au dessin large et appuyé, se communique à autrui, dans des scènes fusionnelles. L'huile des compositions associant fruits et légumes, ou des bouquets floraux, est travaillée pleine pâte, le désarroi ne se lisant plus dans la nature des motifs, mais bien plutôt dans la surcharge d'une matière striée, malaxée, mouvementée. Dans la monographie qui paraît aux éditions Infolio, Michel Thévoz revient sur le parcours de Jacqueline Oyex, jumelle privée de son jumeau, personnalité fragile que la peinture aura sauvée. Elle-même, rendant hommage à Marcel Poncet récemment disparu (en 1953), rappellera les paroles de son professeur: «Il faut perdre sa vie pour la sauver.»
Livre et exposition s'accordent pour donner de Jacqueline Oyex l'image d'une forte personnalité contenue dans un esprit en effet fragilisé, d'un peintre sûr de ses moyens, dont les portraits, notamment, anticipent des recherches ultérieures dans le registre de la déformation expressive, d'une nouvelle figuration tragique et ulcérée, puis d'une économie croissante d'effets. Cette «dématérialisation» étant destinée à mettre en évidence ce fait très simple qu'on est au monde et que ce monde, d'aucuns le ressentent comme une prison (Personnage derrière les barreaux, vers 1980).
Source : Journal Le Temps mardi 7 juin 2011, Laurence Chauvy
Jacqueline Oyex, par Michel Thévoz Coédition Infolio/Fondation Jacqueline Oyex, 2011 190 pages, 112 reproductions en couleur et noir et blanc Disponible à la librairie du Musée de Pully et dans toutes les bonnes librairies.
Site de Jacqueline Oyex; http://www.jacquelineoyex.ch/index.html
Histoire des jeux vidéo en Suisse romande
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