J.S.BACH, Concerto pour 4 claviers, BWV 1065, OCL, Victor DESARZENS, 1950
J.S.BACH, Concerto pour 4 claviers, BWV 1065, OCL, Victor DESARZENS, 1950
Le portrait de Victor Desarzens illustrant ce descriptif est cité de cette vidéo (https://notrehistoire.ch/entries/ZxwB6bVQB21)
Le Concerto pour 4 claviers et orchestre en la mineur, BWV 1065, est un arrangement du 10e concerto de l'opus 3, RV 580, d'Antonio Vivaldi (en si mineur pour quatre violons). En fait, c'est plus qu'un simple arrangement: en le transcrivant, Bach l'a baissé d'un ton, coupé une mesure au finale et considérablement enrichi sa trame contrapuntique. En projetant l'oeuvre des instruments à archets aux instruments à clavier, il donne une vision toute nouvelle de l'oeuvre de Vivaldi.
Ce concerto est assez peu souvent joué, vu les moyens nécessités, assez considérables. Mais quand un concert a une autre oeuvre nécessitant également 4 pianos, et qui ne remplit pas la soirée, c'est une bonne occasion pour le mettre au programme, comme dans ce concert du 26 mai 1950 avec «Les Noces» d'Igor Strawinski:
"[...] Neuvième concert d'abonnement de l'O.C.L. - «Les Noces» d'Igor Strawinsky
Si le concert s'est fait attendre, c'est pour qu'il soit plus parfait. Victor Desarzens voulait tous les atouts dans le jeu difficile, celui de «choeur» principalement, admirablement annoncé et préparé par Marie-Louise Rochat. La sûreté et la ferveur des chanteurs, haussant leur rôle au joyeux sacerdoce, sont dignes des plus grands éloges. Les pianistes Denise Bidal, Renée Peter, Jacques Horneffer, Maurice Perrin, l'importante batterie avec Peschier à sa tête s'acquittèrent de leur tâche avec science et plaisir. Les solistes: Flore Wend, Nancy Waugh, Hugues Cuénod, Heinz Rehfuss et incidemment la basse profonde André Mauriand tinrent leur périlleuse partie avec une belle aisance, sensible surtout chez un soprano fort habile et un ténor qu'on croirait volontiers inégalable. L'animateur, maître de son texte et confiant en ses moyens, a pu et a su conduire dans une euphorie nuptiale et communicative.
Et c'est ce qu'il faut à cette oeuvre extraordinaire dans sa forme, où l'art et l'instinct se joignent étroitement, à ne pas distinguer l'un de l'autre. Ramuz ne s'y était pas trompé, qui fournit sur un thème très russe un de ses poèmes les plus libérés, les plus universels sans quitter la couleur locale. Emporté par la «course irrésistible» des «Noces», l'auditeur néophyte a besoin de souffler un instant pour mieux mesurer l'élan premier qui l'a soulevé; chose inouïe, deux auditions des «scènes chorégraphiques russes» en un même concert paraissent indispensables, on en aimerait presque une troisième. Je ne pense pas que beaucoup d'oeuvres puissent supporter ce régime. Submergés que nous sommes dès l'abord par la force rythmique, ce n'est qu'en second lieu que s'éclairent le chant et la mélodie, qu'apparaissent les richesses de la pensée, les multiples ressources de l'intervention. Nulle part mieux que dans «Noces», le génie de Strawinsky ne fait mesurer son économie, puis sa prodigalité, sa simplicité et son raffinement. Et ici l'oeuvre du mandarin (pour ne parler que des difficultés de réalisation) rayonne pour tous par son intense humanité et demeure «l'événement». Et cela peut être une définition du chef-d'oeuvre.
Comme au concert de 1934, où Ernest Ansermet nous révélait «Les Noces», le programme comportait le Concerto pour quatre, violons, de Vivaldi, celui pour quatre pianos, de Vivaldi-J.S. Bach. La formule méritait d'être reprise, elle n'est pas seulement dictée par la présence de quatre volumineux instruments, l'oasis est singulièrement fraîche et sereine entre deux coups de simoun. Les pianistes firent remarquablement valoir le beau «largo» de leur concerto; Andrée Wachsmuth, Sonia Roubakine, Rose Dumur, André Loew et leurs camarades représentèrent l'O.C.L. dans la belle intégrité qui nous est chère et que même «Les Noces» ne pouvaient nous faire oublier. Victor Desarzens menait l'oeuvre classique avec ce style souple qui la fait vraiment vivre.
«Noces» est le commencement d'une saison de l'O.C.L. particulièrement brillante [...]
Ed. H.[...]" cité de la Gazette de Lausanne du 29 mai 1950, en page 5, chronique signée "Ed. H." - très probablement Edouard Henriod (ref.: http://docplayer.fr/1115718-La-do-mi-sol-les-sons-du-metropole.html).
Pour des courtes biographies des solistes, voir sous les liens suivants: Denise BIDAL, Jacques HORNEFFER, Maurice PERRIN, Renée PETER.
L' enregistrement que vous écoutez...
Johann Sebastian Bach, Concerto pour 4 claviers et orchestre en la mineur, BWV 1065 (transcription du concerto pour 4 violons en si mineur de Vivaldi, op. 3 no 10 RV 580), Denise Bidal, Jacques Horneffer, Maurice Perrin, Renée Peter, Orchestre de Chambre de Lausanne, Victor Desarzens, 26 mai 1950
- Allegro.................................... 04:22 (-> 04:22)
- Largo.......................................03:55 (-> 08:17)
- Allegro.....................................03:45 (-> 12:02)
Provenance: Radiodiffusion, Archives Radio Television Suisse
rev.14.06.2019
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