L'Ukraine flotte à Romainmôtier

L'Ukraine flotte à Romainmôtier

Voici l'article que j'ai rédigé sur l'Omnibus de ce mois de février.

Les Ukrainiens au Vallon du Nozon

Voir aussi.

Vendredi passé, au sortir de leur leçon de français au centre paroissial de Romainmôtier, une photo devait être prise des participants au cours pour illustrer cet article. Profitant de la présence d’un drapeau ukrainien dressé par Michel Blanc pour manifester son engagement en faveur d’un pays où il a vécu, décision fut prise de prendre la pose autour de cet étendard. Mais, arrivés vers celui-ci, une surprise attendait le groupe : le drapeau avait été souillé par un produit brunâtre. Décision a été donc prise de ne pas faire cette photo. Michel Blanc, qui n’en est pas à la première réaction d’opposition à son initiative, va déposer plainte .

La guerre a donc un écho inattendu et navrant parmi nous. Cet incident ne va en tout cas pas alléger la situation des Ukrainiens, femmes, hommes ou enfants réfugiés sous les toits des villages des environs. Pas besoin d’imaginer les difficultés rencontrées par ces personnes, elles le disent d’elles-mêmes. Le logement d’abord : même si elles ont eu la chance d’être accueillies par des personnes dont elles apprécient la mise à disposition de locaux annexes pour la plupart, la stagnation de la guerre et surtout l’hiver mettent au jour la difficulté de vivre à plusieurs dans un espace restreint, surtout avec des enfants. En plus, il n’y a pratiquement pas de logements plus grands à disposition dans les environs, au contraire des endroits plus densément peuplés. Il y a aussi la volonté de rester dans la région, les enfants étant scolarisés ici dans des conditions qu’ils apprécient beaucoup. Il est à relever la vitesse d’adaptation de ces derniers, en apprentissage de la langue notamment.

Il faut aussi constater que la guerre semble s’installer et qu’on entre dans son ventre mou ; dans un mois, une année se sera déjà passée depuis l’arrivée des premiers réfugiés. Cela se ressent notamment par un regain de motivation pour l’apprentissage du français, couplé avec les progrès. Au vallon du Nozon, si les cours de base furent suivis par une douzaine de participants, les différences de niveau ont fait éclater ce groupe vers d’autres endroits plus spécialisés et la nécessité de parler français s’impose de plus en plus.

Les personnes impliquées cherchent maintenant des occupations pour améliorer les 300 francs de base et par personne alloués par les autorités fédérales.

Les contacts avec l’Ukraine sont en tout cas quotidiens, que ce soit par Wathsapp, Telegram ou encore Viber. Certain(e)s sont retournés en Ukraine pour un court séjour et se sont trouvés au contact de la guerre par la vision de cratères d’obus, du son des bombardements ou encore des cinq heures d’électricité quotidiennes. Ils réussissent à maintenir une température de 15 degrés dans les appartements pour ceux qui ont la chance d’avoir une génératrice. Tous les membres ont des personnes plus ou moins proches engagées dans les combats et sont inquiets pour eux; parmi les quatre interrogés, un membre d’une famille est décédé sur le champ de bataille, alors qu’un autre a été grièvement blessé par un obus. La guerre est donc un souci quotidien pour le devenir des gens qui sont restés au pays.

Pour conclure, toutes ces personnes sont très reconnaissantes envers la Suisse pour son accueil, sa nature et envers les personnes qui les entourent. Elles sont aussi intimement persuadées de la victoire de leur pays sur l’agresseur.

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