LE TRAVAIL DE LA FORET
par Gabriel Zufferey, de Chandolin

La veille, on prépare les outils, on lime la bonne scie et on meule à la pierre la grande hache.

Le matin, nous partons après le déjeuner avec Joseph et Basile, deux colosses qui n'ont peur de rien. Les uns portent les "tsapis" et les coins ; les autres, la hache et la scie.

Après avoir marché pendant longtemps sur une petite couche de neige qui chantait sous nos pas, nous sommes arrivés au bas de la forêt de Zénèvrec. Nous remontons avec peine un grand dévaloir. Là, deux grands arolles sont marqués du sceau du forestier et les numéros correspondent.

Nous posons les outils et, après avoir décidé de quel côté ils tomberont, joseph allume la pipe et commence l'entaille. La grande hache, maniée avec force fait vite une belle entaille. On continue avec la scie que l'on tire à deux. Une heure plus tard, le vieil arolle achève sa carrière. En attendant, la pointe tremble et les trois hommes, du pied de l'arbre, suivent des yeux les mouvements de la cime. Enfin, l'arolle tombe avec un grand fracas. Ensuite, il nous faut couper les branches, scier les billes, réparer les bords, mesurer.

Lorsque tout est prêt, nous prenons les "tsapis" et nous commençons à dévaler les bois jusqu'au torrent de Fang. Dans l'eau, nous établissons des "glissières" pour arriver avec les billons jusqu'au chemin. Plus tard, nous revenons avec la scie des scieurs de long et la hache à équarrir.

Une fois, nous en avons fait des planches qui ont servi à fabriquer les meubles de deux jeunes mariés.

Patois d'Anniviers et d'ailleursAvec l'aimable autorisation de © Jean-Claude Pont. Photo: Forêt de Chandolin, par © Luc Saugy