Quelques souvenirs du temps de la guerre d'Algérie

1960
Claire Bärtschi-Flohr

Cette année 2022 nous rappelle que la guerre d’Algérie prit fin il y a soixante ans.

Et voilà qu’une nouvelle guerre s’invite : la guerre russo-ukrainienne. C’est à désespérer de l’Humanité. Mais c’est inévitable car des problèmes datant du XIXème et du XXème siècle n’ont pas encore trouvé leur résolution.

Voilà quelques souvenirs de cette période.

D’abord, mes voyages en train, en 1960, 1961, début 1962 :

Etudiante à Strasbourg, je rentrais en Suisse tous les quinze jours, le week-end, quand c’était possible. Au retour, le dimanche soir, je prenais le train de 20 heures à Lausanne et j’arrivais à Strasbourg à 3 heures du matin… Une chanson me trottait dans la tête à cette époque-là : « quand j’entends siffler le train, quand j’entends siffler le train, que c’est triste un train qui siffle dans le soir…. »… Qui se souvient encore du chanteur Richard Anthony?

De Mulhouse à Strasbourg, le voyage devenait compliqué. Il y avait très peu de voyageurs civils et le train était tout à coup envahi, bondé de jeunes soldats français de mon âge qui étaient peut-être de retour d’une permission. Ils combattaient tous en Algérie ou étaient sur le point d’y aller. Ils étaient surexcités, certainement anxieux des lendemains qui les y attendaient. Il fallait bien qu’ils se défoulent. J’ai subi pas mal de plaisanteries déplacées... Moi, recroquevillée dans un coin de wagon, essayant de passer inaperçue.

Puis j’ai entendu parler de la guerre d’Algérie, par mon ex-mari. C’était un « pied-noir », nom donné, en Algérie. au Maroc, par les indigènes, à ceux qui portaient des chaussures. C’était l’explication fournie à l’époque. Il était né à Oujda, à la frontière avec l’Algérie. Sa famille, espagnole, avait émigré au Maroc au 19ème siècle et a vécu à Rabat jusqu’à son déménagement à Marseille, lors de la déclaration d’indépendance du protectorat, vers 1956. Pour eux aussi, ce fut un traumatisme.

Lors que j’ai fait sa connaissance, il venait de terminer son service militaire qu’il avait effectué en combattant dans l’armée française en Algérie. Il n’aimait pas en parler. Ce fut une expérience traumatisante. Il n’en était pas fier…

Je lis sur wikipédia :

« De 1954 à 1962, un nombre grandissant d'appelés du contingent fut envoyé en Algérie pour participer à la guerre d’Algérie, commencée le 1er novembre 1954. Leur nombre a dépassé le demi-million à la fin de la guerre, pour une conscription de 28 mois…..

…. Officiellement, la France parlait simplement d'opérations de « maintien de l'ordre » ou de « pacification » car la rébellion indépendantiste algérienne n'employait pas les méthodes d'une guerre conventionnelle, mais des techniques de guérilla ».

Il y a peu, j’ai découvert qu’un certain nombre de membres de la famille Champendal auxquels nous sommes apparentés ont émigré en Algérie comme colons à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. Leur point de départ fut Montpellier. Que sont-ils devenus ? Ont-ils, eux aussi, regagné la France au moment de ces douloureux événements ?

Lire les récits d’Isabelle Eberhardt, que l’on trouve sur le site de la Bibliothèque Numérique Romande. Cette écrivaine a parcouru en tous sens l’Algérie dans les années 1890/1900 et elle a écrits ses impressions et réalisé des portraits sans fard de la population indigène et de son exploitation par le gouvernement français.

Le Mucem, Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, sis à Marseille, consacre régulièrement des expositions et diffuse des podcasts sur les liens franco-algériens. Ce Musée est situé sur un site magnifique, au bout du vieux port, en partie dans le Fort St-Jean.

Photo couverture : plateau en cuivre du Maghreb

Voir mon récit : « Les Champandal, émigrés huguenots » :

Vous devez être connecté/-e pour ajouter un commentaire
Pas de commentaire pour l'instant!
Claire Bärtschi-Flohr
1,072 contributions
12 avril 2022
72 vues
1 like
0 favori
0 commentaire
3 galeries