Marie Louise Pitiot assise sur un fauteuil avec inscription offert par le canton de Neuchâtel

Marie Louise Pitiot assise sur un fauteuil avec inscription offert par le canton de Neuchâtel

1940
Musée national suisse / ASL
Musée national suisse / ASL

Le Blog du Musée national suisse consacre un article aux centenaires: cliquer ici.

Extrait de l'article consacré à Mlle Pitiot dans la Feuille d'avis de Neuchâtel en date du 9 mars 1940:

LE LOCLE

On fête aujourd'hui une centenaire : Mlle Louise Pitiot, du Locle, entre allègrement, aujourd'hui, dans sa centième année. Elle a bien voulu faire au représentant de la « Feuille d'avis de Neuchâtel » des déclarations qu'on ne lira pas sans intérêt. Elle était, comme toujours, d'excellente humeur.

— Mademoiselle, lui a demandé notre correspondant, pourriez-vous me donner un détail de votre vie qui soit de nature à plaire et à intéresser les personnes de Neuchâtel ?

— Dites-leur que je suis née à Neuchâtel, le 9 mars 1841 et que c'est dans cette ville que j'ai appris à lire et à écrire. (...)

Et nous avons continué notre bavardage auprès d'un poêle bien chaud, avec, comme témoin, un beau chat noir et blanc, son fidèle compagnon. Notre centenaire croit que c'est à la présence de ses chats qu'elle doit de ne pas souffrir de rhumatismes. Mais, à vrai dire, à part un brin de surdité, Mlle Pitiot ne souffre d'aucune infirmité.

— Je ne connais aucun médecin, dit-elle avec une pointe d'ironie, car je n'ai jamais été malade. Une fois ou l'autre, certaines personnes m'ont conseillé de prendre un thé quelconque. Pour leur faire plaisir, je le faisais, mais plus d'une fois il m'est arrivé... d'oublier de le boire.

— Et le secret de votre longévité ? Consentez-vous à le livrer afin que nous l'éprouvions à notre tour ?

— Vivre sans excès, modestement et ne point être envieuse, me répon-dit-elle en ajoutant: «L'orgueil est en train de perdre un monde qui devient de plus en plus barbare ».

— Et qu'avez-vous le plus aimé dans la vie ?

— Les fleurs, « mes fleurs. Il y a une année à peu près que j'ai quitté mon métier [Mme Pitiot était fleuriste à la suite de son père]. Aujourd'hui, l'inaction me pèse. Heureusement, je peux lire et écrire, même sans lunettes, mais je préfère les mettre, je gagne ainsi du temps, ajouta-t-elle. Mlle Pitiot parle d'abondance de l'ancien Locle et de son développement. Elle a vu construire des quartiers entiers, les collèges. C'est elle — souvenir agréable — qui a offert le bouquet traditionnel â l'entrepreneur le jour où fut terminée la construction de l'Eglise catholique. Elle avait alors dix-huit ans...

— Et le mariage ?

— Eh bien, j'aurais eu de belles occasions de créer un foyer. Mais chaque fois que mon père entendait parler de cette question, il se laissait aller à dire en soupirant : « Que de-vrais-je faire et que deviendrais-je si Louise se marie ? »

Et notre centenaire de reprendre sa vie de dévouement et de désintéressement. Ne soutint-elle pas durant près de quarante ans son père qu'elle perdit âgé de 87 ans ?... Notre centenaire est une philosophe et il se dégage de sa personne et de ses propos quelque chose de réconfortant et des enseignements qui sont les vrais.

Source

"Aux montagnes - Le Locle " in Feuille d'avis de Neuchâtel du 9 mars 1940 (en ligne) e-newspaperarchives.ch/?a=d&am...

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Valérie Clerc
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25 octobre 2022
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