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"J'étais à peine transportable"

"J'étais à peine transportable"

20 juin 1916
L* prisonnier de guerre français interné à Montana, coll PM Epiney
Pierre-Marie Epiney

Cette carte postale a été envoyée par L*, prisonnier de guerre, interné en Suisse, Hôtel d'Angleterre à Montana. Elle était destinée à l'épouse de L* et postée le 20 juillet 1916.

Voici la transcription du verso:

"Chère épouse,
J'ai traversé Metz, à minuit, il y a 11 mois et plus, dans un train sanitaire sur un brancard. J'étais le seul Français, on m'a offert du lait et du pain.
J'étais à peine transportable et me rendais à mon second hôpital. Il pleut depuis 2 jours. Je vais bien.

Ton mari dévoué
Signature"

Commentaires:

  • Si on comprend bien le sens de cette carte, le "mari dévoué" n'a plus donné signe de vie à son épouse depuis 11 mois et plus. Quelle attente, quelle angoisse ! Dans quel état devait être le pauvre homme pour ne pas pouvoir se manifester ?
  • A noter aussi la fin brutale de la carte. Pas trace de la moindre effusion sentimentale (alors qu'il y aurait eu la place)! Etonnant dans de telles circonstances.

Alors que la carte est envoyée de Montana, la vue nous montre Metz annexée par l'Allemagne puis rendue à la France au lendemain de l'armistice.

Voici ce que dit Edmond Bille dans son ouvrage "le Carquois vide":

Les Français me donnent moins de fil à retordre. A part quelques fortes têtes, quelques incorrigibles paresseux et pas mal de coureurs, trousseurs de jupons, ils se montrent beaucoup plus militaires et disciplinés que leurs camarades belges.

Ils sont d'abord mieux vêtus. Ils ont mis de côté leurs vieilles hardes de l'arrivée et savent rester coquets dans les vareuses bleu horizon, les longues capotes confortables qui battent leurs petits mollets bien tournés, serrés dans les bandes.

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