Ernest Ansermet et l'Orchestre de la Suisse Romande, 1919

Ernest Ansermet et l'Orchestre de la Suisse Romande, 1919

1919
Phot. F.-H. Jullien, Genève
René Gagnaux

Ernest ANSERMET et "[...] L' ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE, récemment fondé et qui a fait ses débuts à la fin de novembre dernier [...]"

Au milieu, debout, Ernest Ansermet, assis à droite du violoncelliste, les mains croisées, Maurice Pictet de Rochemont, président de l'orchestre, une photo de F.-H. Jullien, Genève (voir aussi cette splendide iconographie de la Bibliothèque de Genève sur Jullien Frères).

Cette photo est parue au bas de la page 32 du Journal Illustré «La Patrie Suisse», No 662, Vingt-sixième année, Genève, 5 février 1919: chaque fois que je regarde ces vieilles publications - celle-ci a près de 100 ans!! - je suis émerveillé par la finesse du grain de la photo!

Elle illustrait l'article écrit par le chroniqueur «A.B.», publié en page 33, bien dans le ton de l'époque...

"[...] L'ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE

De tous temps, la Suisse romande a manifesté un goût très vif pour la musique symphonique. Plusieurs de ses villes, même modestes et peu populeuses, ont réalisé, pour la cultiver, de merveilleux efforts; mais de nombreuses expériences ont surabondamment démontré qu'aucune d'elles ne peut supporter, à elle seule, les charges très lourdes et la responsabilité de la bonne marche administrative d'un orchestre symphonique digne de ce nom. C'est pourquoi, un certain nombre de personnes de nos divers centres romands, pénétrées du rôle important que la musique joue et doit jouer dans l'éducation d'un peuple, ont pris l'initiative de créer un «Orchestre de la Suisse romande», composé d'un nombre suffisant d'instrumentistes éprouvés, placés sous la direction d'un chef de valeur, qui donnerait des concerts symphoniques réguliers à Genève, Lausanne, Vevey, Montreux, Neuchâtel, La Chaux-de-Fonds, Fribourg, organiserait des séances de musique de chambre, collaborerait aux grandes auditions des sociétés chorales, monterait des «festivals», etc. et qui serait ainsi, dans le pays romand, un puissant élément de développement et de vie artistique.

Un grand comité a été constitué, l'été dernier, sous la présidence dévouée de M. Pictet de Rochemont, avec des «groupes» ou sous-comités pour Genève, pour le canton de Vaud, pour Neuchâtel, pour La Chaux-de-Fonds, pour Fribourg. Un chef d'orchestre a été désigné, le 8 août 1918, en la personne de M. Ernest Ansermet, dont il est superflu de faire l'éloge; des instrumentistes de valeur ont été engagés, un programme des concerts établi, comportant pour la saison 1918-1919, douze grands concerts d'abonnement avec solistes qui seront donnés, de quinze en quinze jours, à Genève, à Lausanne et, entre deux, alternativement, à Vevey et à Montreux.

La série de ces concerts devait débuter le 9 novembre, mais par le fait de la grippe, d'abord, de la grève bolchéviste ensuite, les concerts des 9 et 23 novembre n'ont pu être donnés. L'Orchestre romand a fait brillamment ses débuts, à Genève, le samedi 20 novembre; à Lausanne, le lundi 2 décembre.

Bien que des sommes relativement importantes (dont environ 60.000 fr. à Genève seulement) aient été généreusement souscrites, elles ne suffisent pas à assurer définitivement l'existence de l'Orchestre de la Suisse romande. L'appui du public lui est plus que jamais indispensable.

La tentative, hautement intéressante, d'une importance morale et artistique évidente, doit être encouragée et efficacement soutenue. Aussi bien les personnes qui l'aident de leurs souscriptions et dont on espère sans cesse voir grandir le nombre, ont- elles la faculté de retenir leurs places d'avance.

L' oeuvre n'est pas seulement artistique, elle est patriotique aussi et ce n'est jamais en vain qu'on fait appel aux sentiments patriotiques des populations romandes.

Voilà donc réalisé un désir si souvent exprimé et qui parut longtemps irréalisable: la création d'un orchestre romand, merveilleux outil de culture artistique. Cette réalité ne doit pas, faute d'un soutien efficace, être éphémère; la Suisse romande comprendra son devoir.

A. B. [...]"

Voir cet article pour plus de détails sur la fondation de l'OSR.

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  • René Gagnaux

    Si une personne visionnant cette page devait connaître le nom de ce chroniqueur A.B., ce complément d'information m'intéresserait beaucoup! L'endroit où a été prise cette photo m'intéresserait aussi! Grand-Théâtre de Genève?!

  • René Gagnaux

    Le chroniqueur qui signait A.B. pourrait être Arnold Bonard, un journaliste vaudois bien connu de cette époque, et qui écrivait souvent pour La Patrie Suisse. Il ne m'est toutefois pas clair pourquoi il aurait signé bien des articles seulement avec ces initiales A.B., alors qu'il signait d'autres articles avec son nom complet?! /// Arnold Bonard (30 avril 1860, Croy - 19 novembre 1944, Lausanne) créa l'Agence Télégraphique Vaudoise à Lausanne en 1894 alors qu'il était journaliste au Nouvelliste Vaudois. Dès 1895, l'Agence Télégraphique Vaudoise devint le correspondant de l'Agence Télégraphique Suisse, fondée à Berne en cette même année. Arnold Bonard, secondé par ses deux filles Suzanne (1892-1971) et Odette (1897-1987), réunit une documentation destinée aux journalistes. Après sa mort, ses filles prolongèrent son oeuvre jusqu'au rattachement de l'Agence Télégraphique Vaudoise à l'Agence Télégraphique Suisse en 1968 (http://www.davel.vd.ch/partnerdetail.aspx?ID=1430) /// Le Fonds Bonard est géré par l'Inventaires des Archives cantonales vaudoises (http://www.davel.vd.ch/detail.aspx?id=15782) /// Voir la page http://dbserv1-bcu.unil.ch/persovd/detailautcent.php?Cent=1&Num=5305 pour une courte biographie ///

René Gagnaux
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24 décembre 2017
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