Le journal d'Eugène Samuel, en voyage de formation en France en 1880

Le journal d'Eugène Samuel, en voyage de formation en France en 1880

1880
Philippe Chappuis

En 1880, Eugéne Samuel Chappuis, mon arrière-grand-père, part de Rivaz, au printemps, pour un voyage de formation agricole en France. Il est le troisième enfant du pasteur Jean Louis Chappuis et de Charlotte Louise Roux,fille du syndic de Bremblens qui possédait un vaste domaine agricole à Bremblens. C'est au fils cadet que reviendra de reprendre le domaine.En 1876, âgé de 20ans, il s'inscrit pour 2 ans à la Bernische Landwirthschaftliche Schule Rütti à Zollikofen, puis cherchera à améliorer ses connaissances par des séjours de formation, 3 mois en 1877 dans le canton de Thurgovie à Warth, avec son vignoble, puis à Siviriez dans le canton de Fribourg de 1878 à 1880.

De retour à Rivaz, il décide d'entreprendre un voyage en France pour compléter encore sa formation d'agriculteur.

Départ en train à vapeur de la gare de Rivaz, le 18 mai 1880 pour Paris et, en 1ère page de son journal , il 'écrit.

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18 mai.Départ de Rivaz avec le coeur un peu gros.Pendant le voyage, peu de sommeil. 19 mai. J'arrive à Paris par une fraîche matinée et trouve François qui nettoie ses chevaux. Cela me ragaillardit un peu de pouvoir causer à un compatriote de connaissance. Puis visite à M. Guelain qui a beaucoup vieilli, sa lèvre tremble et je ne le comprend qu'avec peine. L'après-midi, je cours Paris pour trouver M. Risler. Enfin je le prends au nid. Il me reçoit très poliment et a l'obligeance de me donner un mot de recommandation pour M Decrombesque, propriétaire à Lens. Le soir, je vais au théâtre Vaudeville entendre la première représentation de Nos Députés en robe de chambre, pièce très piquante, mais assez dégoûtante, vrai miroir des moeurs parisiennes. 20 mai. Départ pour Arras et Lens...

Puis commence son périple qui le mène en effet dans le Nord de la France et dans le Pas-de-Calais. Tout au long de son voyage, iI prendra des notes très précises sur les différents modes d'exploitation, en indiquant ce qu'il juge intéressant et utile. Son journal est passionnant. C'est aussi le miroir de sa personnalité, une nature soucieuse et perfectionniste. Il désire trouver du travail dans différents domaines agricoles. M Decrombesque lui permet de travailler chez lui. Eugène Samuel note

22 mai. La nourriture des chevaux est composée de paille hachée, mélangée avec du mais, de l'orge, du foin, des lentilles, du sel et enfin de l'avoine. Les chevaux du pays sont des colosses; en somme tout dans les équipages est d'une grandeur et d'une force qui nous surprend. Les charriots ont des roues de 14 cm de largeur et 1, 5 à 2 m de hauteur, des cercles de 12 à 15 mm d'épaisseur. Le reste à proportion. Les chevaux, malgré leur air lourd et stupide, obéissent parfaitement bien à la voix du conducteur. Les fumiers de chevaux et des boeufs restent dans l'écurie durant un mois environ, au bout de ce temps, ils sont transportés dans des fosses avec de la terre. Ai fait une tournée avec le contremaître.Les froments et les betteraves du domaine se distinguent d'entre toutes les autres cultures par leur vigueur et leur propreté. Les betteraves sont semées à la machine, puis sarclées avec des houes à cheval, les lignes sont espacées à 50 cm. Les lignes sont remarquablement droites. Les labourages se font avec des charrues Brabant doubles à 30-50 cm de profondeur. On se sert aussi de charrues à 3 socs. L'assolement du domaine est la 1ère année, betteraves avec 1500 kg de fumier, 500 kg de tourteaux, 100 kg de phosphates, la 2ème année, froment, la 3ème avoine et la 4ème le seigle sans nouvel apport...

Il décide de quitter le Nord et pense aller en Normandie. Il profite d'un nouvel arrêt à Paris pour visiter le Louvre, le Conservatoire des Arts et métiers, se rend au théâtre et à l'Opéra. Il passe un week-end de délassement à Robinson dans la banlieue de Paris près de Sceaux. Puis départ pour Sainte Gaubourge en Normandie, où il a l'intention de visiter et de travailler dans un grand domaine agricole, dans une nature très différente de ce qu'il a vu dans le Nord. Il se déplace ensuite a St-Evroult, pour visiter un élevage de chevaux et près d'Alençon, visite une exposition d'Agriculture est de Beaux Arts !

En août son journal prend fin brusquement sans en donner la raison mais c'est sans doute le moment du retour au bercaille.

En 1884, Eugène Samuel épousera Alix Demierre, ils s'installeront à la Sérouches, dans le domaine de Bremblens où ils resteront jusqu'à leur mort ..

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  • Renata Roveretto

    Cher monsieur Philippe Chappuis, admirable personnage votre très cher arrière-grand-père Eugène Samuel Chappuis, perfectionniste avec le souci sérieux et constant du travail bien fait oui, mais encore il en sort de ses textes surtout, un être d'une profonde honnêteté envers lui même, chose si rare chez l'être humain en générale... j'aime, ainsi que votre façon de nous l'avoir présenté cher monsieur Philippe Chappuis

    Merci