L'auto-stop et ses détracteurs
L'auto-stop est est un art ou plutôt une philosophie de vie. L'essor automobile des Trente Glorieuses fait naître avec lui une manière de voyager à bon marché qui séduit la jeunesse.
Sympathique, l'auto-stop dont la mode vient des États-Unis, suscite pourtant aussi de nombreuses réactions hostiles. La presse romande s'en fait l'écho. Petite chronologie de l'anti-stop:*
1955 - L'Armée l'interdit
"Une ordonnance du Département militaire fédéral interdit aux militaires en uniforme de pratiquer à l'égard des conducteurs civils de véhicules à moteur l'auto-stop. Seule exception: les demandes d'aide à la suite d' accidents."
On comprend fort bien que cette interdiction repose sur des considérations assurantielles. Le Département militaire fédéral connaît que trop bien les risques de l'auto-stop et pour prévenir tout dégât d'image, sa pratique est proscrite.
Source: Le Nouvelliste, 20 janvier 1955.
1958 - Le triomphe de l'indivisualisme
"Nous avons connu, en son temps, de vrais globe-trotters. Ils sont partis à pied pour faire le tour du monde. Tout au long de leurs randonnées ils ont travaillé pour gagner l'argent nécessaire à leur aventure. Tandis qu'aujourd'hui les auto-stoppeurs mendient une vision express de paysages sans âmes."
Cette observation cinglante provient du courrier des lecteurs du Journal du Jura. L'auto-stoppeur y est décrit comme un "mendiant de kilomètres", une personne solitaire et égocentrique, qui voyage pour elle-même. Le rédacteur de ce texte regrette que les jeunes personnes ne se soucient plus de leurs compagnons de route. Autrefois, c'est pourtant avec eux qu'elles cheminaient et partageaient des repas fraternels au bord des chemins. Outre l'individualisme, la critique épingle aussi un autre point:
"(...) en voyant certains de ces spécialistes, munis d'appareils de cinéma et photographique de prix, nous en déduisons qu'ils ne sont pas issus de familles modestes, qui ne peuvent leur payer un séjour de vacances autre que celui que procure l'auto-stop."
Le grief porte sur l'origine sociale des auto-stoppeurs. Les jeunes qui s'adonnent aux trajets économiques réalisés en stop sont loin de le faire par nécessité. Faire du stop se confond avec un mode de vie libertaire. Dix ans avant mai 1968, cette posture désinvolte indigne le rédacteur de l'article. La société est bouleversée par une jeunesse en quête de liberté et de nouveaux espaces d'expression.
Source: Journal du Jura, Numéro 190, 16 août 1958.
1964 - Protection des mineurs
" (...) les jeunes sont éliminés du circuit . Et c'est cela qui compte. (...) Au moins on ne verra plus sur les routes de France, des gamins et des gamines échelonnés au bord de la chaussée , faisant le signe «conventionnel » du pouce retourné. "
Au début des années 1960, plusieurs faits divers défrayent la chronique. L'auto-stop n'est pas une pratique sûre. Des jeunes filles se sont fait abusées sexuellement, des chauffards ont conduit des jeunes à la mort. En France, un arrêté du Secrétaire d'Etat à la Jeunesse interdit la pratique de l'auto-stop aux mineurs de moins de dix-huit ans en vacances au sein d'un mouvement de jeunesse ou d'un mouvement familial. Comme en 1955 pour l'armée suisse, seul le secours à porter à une personne en danger justifie la pratique du stop. En Valais, l'opinion est clairement favorable à la protection de la jeunesse, comme le montre cet avis :
"Alors ! Non à l'auto-stop, chez nous aussi. (...) Donc non , cent fois non à l'auto-stop surtout à l'adresse des enfants . Et c'est aux parents que je m'adresse . Ce sont eux — en attendant que les autorités prennent des mesures — qui doivent interdire à leurs enfants de pratiquer l'auto-stop."
L'auto-stop fera bientôt place à la mode du vélo-moteur. Ici, le danger de voir les jeunes abusés par des conducteurs peu scrupuleux se fait moins présent. Les adolescents sont mis face à leurs responsabilités de conducteur.trice.s. Ils sont sensibilisés aux dangers de la route et gagnent en autonomie.
En l'espace de vingt ans, la route et ses nouveaux moyens de transports accompagne la jeunesse dans son émancipation.
Source: Journal et feuille d’avis du Valais, 12 mars 1964.
Chère madame Valérie Clerc,
oui c'est un sujet fort sensible qui touche beaucoup de gens encore de nos jours et c'est effectivement l'un des moyens de déplacement très appréciable quand tout se passe dans les règle de l'art de vivre. Ayant moi même fait assez souvent des trajets plus et ou moins long dans ma vie en auto-stop, je peux globalement que déconseiller. Ceci surtout aux personnes déjà fragilisées. Oui je dit aux autres de ne pas faire ce que moi même j'avais commencé à faire des l'âge de mes 14 ans à l'époque, soit comme moyen d'arriver à l'heure à l'école après avoir raté le bus, et ou sous forme d'une balade entre deux villes les après-midi de congé. Ceci bien sûr bouche cousue envers mes parents. Déjà là il y avait des propositions malsaines à signaler mais au lieu de cela, je me permettais de claquer la porte à tête haute en quittant le véhicule. Plus tard toujours mineurs mais travaillant en région francophone pour apprendre la langue française, l'auto-stop continua à m'accompagner moi et mes copines. Elles se demandaient selon leurs dires, comment je faisait pour dénicher très souvent des bagnoles de rêve avec lesquelles elles me voyaient arriver au rendez-vous fixé avec elles. Je n'avais pas de réponse à leurs rêves ! En cette période d'auto-stop les pièges étaient aussi tendus par des prédateurs de tout genres. Et cela avait failli très mal finir un jour même que nous étions à trois ! En commençant par le verrouillage des portes d'une break américaine avec plus loin une halte changement de véhicules 2 jeep pour soit disant aller visiter un joli chalet tout près pour aller boire un verre. Après un bout de chemin caillouteux arrivé au chalet ou se trouvait juste un petit coin de cuisine et un lit double à deux étage et un trou dans le sol avec des vraies armes. Une belle journée foutu ! Il fallait redescendre et négocier la promesse d'un rendez vous ultérieur. Réussi avec énorme difficulté et en avertissant que si les jeunes filles au-pairs ne rentraient pas, les flics serait averti d'ci très peu d'heures. Plus tard j'avais eus encore des bonnes et des belles expériences avec des personnes normaux et gentils qui me conduisait joyeusement à la destination souhaité. Mais en suite il y a eu mes voyages seulement en partie accompagnées d'amis au travers de la France, l'Espagne et le Portugal. Voyage rempli de quelques beaux souvenirs mais voyages semés d'embuches qui nous ont coutées très cher au sens large du terme et certaines ont faillies me couter ma vie de femme et pour d'autres ma vie tout court. Entre autre il est bien dommage aussi, que les superbes trajets avec les camionneurs ne soient pas à conseiller, du au trafic de tout genres ( vous une proie incluse ) ! Bien sûr il y a eu des moments de joies de rigolades et de découvertes heureuses mais cela ne justifie pas un encouragement à l'exercice de l'auto-stop de nos jours. C'est une façon de vivre qui demande parfois à devoir exercer un travail mental puissant pour échapper au pire, donc que fait une personne n'ayant pas cette force là ?!
Je peux témoigner que mes parents nous interdisaient, à nous les filles, de faire de l'auto-stop et ils avaient raison. Ce n'était pas par idéologie que mes copains faisaient de l'auto-stop. C'était tout simplement parce qu'à cette époque tout coûtait cher et que la plupart des jeunes étaient fauchés. Or, c'était une époque où nous avions la rage de vivre et l'auto-stop permettait de voyager. Les quelques copains que j'ai eu qui pouvaient se payer une voiture ne faisait pas d'auto-stop !!!
Rebonjour chère madame Valérie Clerc,
en retombant sur une histoire très lourde d'actes et de gravité décrite dans la presse et concernant les autostoppeurs, j'ai repensé à votre récit. Et je pense qu'il vaut la peine d'inclure cette horrible réalité, celle que justement on a jamais envie de croire que cela puisse nous arriver comme à n'importe qui d'autre
letemps.ch/suisse/lombre-sadiq...
Amicalement Renata