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Franz Schubert, Quintette D 667, „La truite“, Peter RYBAR

1950
Label Concert Hall pour l'audio, René Gagnaux resp. sources indiquées pour le reste
Label Concert Hall pour l'audio, René Gagnaux resp. sources indiquées pour le reste

Franz SCHUBERT, Quintette en la majeur, Op. 114, D 667, „La truite“, Pina POZZI, Membres du Quatuor à cordes de Winterthur (Peter RYBAR, violon, Antonio TUSA, violoncelle, Oskar KROMER, alto), Fred JAQUILLARD, contrebasse

  1. Allegro vivace 09:07 (-> 09:07)
  2. Andante 06:38 (-> 15:45)
  3. Scherzo: Presto 04:06 (-> 19:51)
  4. Tema con variazioni 07:36 (-> 27:27)
  5. Finale: Allegro giusto 07:07 (-> 34:34)

Provenance: Chamber Music Society CM-3

À partir de la fin des années 1960, Peter RYBAR fut premier violon de l'Orchestre de la Suisse Romande, ainsi qu'enseignant en classe de virtuosité au Conservatoire de Genève. Dix ans plus tard il quitta l'OSR et s'établit à Caslano, près de Lugano. Wolfgang Sawallisch le persuada toutefois de reprendre le poste de premier violon auprès de l'OSR. Mais en 1980 Peter Rybar se retira définitivement à Caslano, très marqué par la mort de son épouse. En 1986 il donna son dernier concert publique.

Auparavant, il fit partie de l'Orchestre Symphonique de Winterthur en tant que premier violon, il va conserver ce poste pendant près de 30 ans et fut aussi très actif comme chambriste - avant tout comme premier violon du Quatuor à cordes de Winterthur.

Le disque Chamber Music Society CM-3 - dont provient ma restauration - est entièrement consacré à Franz Schubert.

Au recto:

➣ Quintette en la majeur, D 667, La Truite

René Gagnaux
Chamber-Music-Society-CM-3_A_Etiquette
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Au verso:

Quatuor en mi majeur No 11, Op. 125 No 2, D 353

Quatuor à cordes en ut mineur No 12, D 703, «Quartettsatz»

Il fut publié en 1950. Les enregistrement des quatuors ont toutefois été fait une année auparavant, juste avant le décès prématuré d'Oskar KROMER.

Dans cet enregistrement nous retrouvons trois des quatre membres du Quatuor à cordes de Winterthur (ce quintette n'ayant pas de second violon) - Peter RYBAR, violon, Heinz WIGAND, alto et Antonio TUSA, violoncelle - avec Fred JAQUILLARD à la contrebasse et Pina POZZI au piano.

Fred JAQUILLARD est né à Neuchâtel le 18 janvier 1913, fit d'abord partie des formation de jazz Magnolians, Original Teddies, The Berry’s, avec Bob Huber, Bob Wagner et Philippe Brun, puis devint membre de l'orchestre de la Tonhalle de Zurich, ainsi que de l'Orchestre de Radio-Zurich.

Pina POZZI (14.01.1914-septembre 1966), originaire du Nord de l'Italie, émigra très jeune en Suisse. Elle étudia au Conservatoire Giuseppe Verdi de Milan, puis auprès d'Anna Hirzel-Langenhan, en Suisse, ainsi qu'aux USA auprès de Frank Mannheimer. En parallèle de sa carrière de soliste, elle fut ensuite professeur au Conservatoire de Winterthur. Elle joua souvent avec - entre autres - le Quatuor de Winterthur et le Quatuor Pascal. Elle forma aussi un duo avec Aida STUCKI (Aida Piraccini-Stucki), une excellente violoniste et pédagogue (Anne-Sophie Mutter a été l'une de ses élèves).

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Sur l'oeuvre elle-même:

Franz Schubert composa son seul quintette avec piano en 1819. Il ne fut toutefois publié qu'après son décès. L'effectif instrumental est très particulier: piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse - et non pas un piano et un quatuor à cordes comprenant deux violons, comme c'était l'habitude.

Ce quintette devint populaire sous le nom „La Truite“ (ce n'est toutefois pas le compositeur qui lui donna ce surnom) car le quatrième mouvement est un thème varié sur un lied homonyme de Franz Schubert, lui-même inspiré d'un texte de Christian Friedrich Daniel Schubart. Le quintette aurait été écrit pour Sylvester Paumgartner, un violoncelliste amateur, qui aurait suggéré à Schubert d'introduire des variations dans ce Lied. Ce thème est très populaire et a fait l'objet de nombreuses variations et adaptations, aussi par des chansonniers: la plus célèbre est certainement celle de Francis Blanche, interprétée entre autres par les Frères Jacques.

D’un ton enjoué du début à la fin, ce chef-d’oeuvre sans prétentions ne manque jamais de charmer l’auditoire et arrive à renflouer même la plus lugubre des ambiances.

"[...] Le son brillant et pétillant de bien des mouvements du quintette est prin­ci­pa­lement dû aux fréquents passages du piano à des registres plus élevés, permis à son tour par l’astucieuse extension de l’échelle de résonance au-delà de l’habituel violoncelle en faisant appel à la contrebasse, inusuelle dans ce type d’ensemble. Ceci permet d’obtenir une image sonore effervescente, souvent emplie (ou pourrait-on même dire gorgée?) de triolets turbulents du piano, qui pousserait à affirmer que «le Quintette de La Truite de Schubert» n’est pas seulement digne de son nom uniquement dans le quatrième mouvement! [...]" cité d'un texte de Arno Lücker dans une traduction de Brigitte Zwerver-Berret.

« Le premier mouvement, rempli de légèreté et de gaieté, s'ouvre sur un arpège de piano composé de triolets, suivi d'une mélodie douce et chantante des cordes. Le thème principal, avec son rythme pointé qui ressemble à une combinaison de menuet et de galop, reflète les rassemblements insouciants des “Schubertiens” qui chantent, dansent, organisent des jeux de gages et écoutent la musique de Schubert.

Le second mouvement, un andante en fa majeur, est d'une grande simplicité formelle. Il se compose de deux parties presque identiques, qui se correspondent exactement sur le plan mélodique. Chacune contient les trois mêmes thèmes. Ils ne se distinguent que par le changement de tonalité.

Le scherzo est extrêmement intéressant du point de vue harmonique, car il marque le retour des moments de gaieté et de convivialité imprégnés de danse et de chant; le la majeur fait place à un do majeur éclatant dès la reprise un peu élargie de la première partie. De plus, le scherzo au rythme incisif et le trio cantabile sont liés par des motifs.

Mais le cercle de Schubert ne s'occupe pas seulement de musique, il y a aussi un échange actif sur l'actualité de la littérature, de la société, des autres arts et de la politique... Le quatrième mouvement est en fait la protestation secrète de Schubert contre la politique d'oppression de Metternich. Il contient le fameux thème de la truite de son lied «Die Forelle», qui est d'abord présenté par les cordes dans un tempo andantino calme, la conduite mélodique incombant au violon.

Dans la 1ère variation, le thème est présenté par le piano avec de petites modifications telles que des ornements ou en jouant autour des notes.

Dans la seconde variation, le thème se déplace vers l'alto, le piano jouant le rôle d'imitateur.

Dans la 3e variation, il accompagne en trente-deuxième le thème qui est maintenant repris par les deux voix de basse.

Dans la 4e variation, dont le rythme rappelle celui d'une marche, le caractère du thème, jusqu'alors plutôt joyeux, change. L'ambiance devient sombre, inquiétante, voire menaçante. Le rythme jusqu'alors pointé se transforme en croches et en doubles croches, et le compositeur module la tonalité claire de ré majeur en un ré mineur sombre. Du thème initial, il ne reste qu'une structure centrale. Cette variation modélise le destin de la truite comme symbole du destin de nombreuses personnes de l'époque - et préfigure le destin de Johann Senn, décrit plus tard par Franz von Bruchmann de la manière suivante: "Après une nuit passée dans l'orage, pendant laquelle nous nous sommes laissés aller à la joie avec insouciance et n'avons eu aucun pressentiment du malheur à venir, ils ont été arrachés au petit matin à notre milieu, dans lequel ils ne sont plus jamais revenus". (Senn fut placé en détention préventive pendant 14 mois, puis expulsé vers le Tyrol et ne revit jamais Schubert. Bruchmann était également présent lors de l'acte officiel décrit au début; son poème «Im Haine» a également été mis en musique par Schubert - D 738).

La 5e variation apporte une modulation en si bémol majeur, le thème étant repris par le violoncelle qui, dans la variation, s'occupe en particulier des valeurs de notes plus longues. En outre, les intervalles sont inversés, diminués et augmentés. Au cours de cette variation, Schubert promène le motif pointé à travers les tonalités les plus diverses, jusqu'à ce qu'il se termine en la majeur avec septième (dominante de ré majeur), ramenant ainsi à la tonalité initiale de ré majeur. Dans le final du mouvement, intitulé "Allegretto", on retrouve l'atmosphère joyeuse du départ, la légèreté, l'insouciance, exprimées par l'accompagnement de piano imitant le mouvement de la truite. On peut priver une “truite” de vue pendant un court instant et l'attraper, mais d'autres “truites” suivront.

Dans le dernier mouvement, on retrouve la simplicité formelle du deuxième mouvement. Le mouvement se divise en deux parties qui se correspondent du point de vue de la mesure et de l'harmonie. La première commence à nouveau en la majeur et se termine en ré majeur, tandis que la seconde commence en mi majeur et se termine finalement en la majeur. Le violon et le violoncelle jouent le thème en alternance et, à la fin, ensemble en duo. La ponctuation initiale est remplacée par un rythme de croches progressant régulièrement, peut-être pour exprimer la "marche" commune vers un avenir meilleur.

Si l'on veut interpréter le "Quintette de la truite" comme une description musicale de l'époque Biedermeier, les trois premiers mouvements sont l'expression du sentiment de vie de cette époque, l'expression de la nostalgie de la paix, de la satisfaction personnelle, l'expression de la conviction que l'on doit chercher le bonheur dans l'étude de la musique. Le mouvement à variations illustre ensuite les contradictions entre les idéaux des jeunes hommes et la réalité de l'État policier de Metternich, la tension qui en résulte et qui, sous le manteau d'un calme et d'un confort apparents, est le terreau des évolutions et des mouvements qui aboutiront à la révolution de 1848. » traduit des notes de Thomas Albertus Irnberger publiées en 2011 dans le livret du SACD Gramola 98919.

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René Gagnaux
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23 février 2024
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