Le déchargement de la Mignone

Le déchargement de la Mignone

Julien Frères, Genève
Albin Salamin

Construites au début du siècle, ces barques étaient destinées au transport de marchandises. Ici le déchargement de bois à la brouette. La passerelle n'était pas bien grande et pas très sécurisée. Que dirait de nos jours le BPA (bureau de prévention des accidents) et la CNA?

Cette barque du type de la Vaudoise ou de la Neptune, n'existe probablement plus.

© Collection particulière de A. et R. Berthod

Une carte publiée avec l'aimable autorisation de la Société internationale de Sauvetage du Léman à Cartigny.

Histoire:

Dès 1937, le progrès a, une fois de plus tué une industrie prospère, avec le béton armé et l'essence qui ont remplacé la pierre de taille et la navigation à voile, dont ces magnifiques barques aux voiles latines. A une certaine époque, au port de Meillerie, le dimanche les gens pouvaient admirer jusqu'à 20 ou 25 de ces voiliers, bien rangés prêts à partir le lundi avec leur chargement. Les hommes bronzés, le torse nu, les muscles saillants, chargeaient ou déchargeaient les barques, traversant du rivage aux pontons sur des planches élastiques, poussant des brouettes pleines de grosses pierres de carrière. Une fois chargées, l'eau affleurant le pont, la barque s'éloignait du rivage, poussée d'abord par les hommes qui appuyaient de chaque côté, sur de longues perches qu'ils enfonçaient dans l'eau peu profonde et marchaient ainsi d'avant en arrière jusqu'à ce que le vent ayant "porté", les voiles s'étant gonflées, les barques voguaient de leur propre moyen. Amarré dernière le "youyou" le suivait... C'était l'Espérance, la Lorraine, la France, la Canonnière, la Savoie, la Vaudoise, la Bourgogne, l'Algérie, la Mignonne...Maintenant ce ne sont plus que des carcasses pourries et délabrées... J'ai continué ma promenade mélancoliquement, évoquant une lointaine course d'école où gamins insouciants, massés sur le "Général Dufour" nous poussions des cris de joie chaque fois que notre bateau rattrapait ou croisait une de ces belles barques que jamais plus nous verrons *Emile Gos* L'Illustré, 17 juin 1937

Voir aussi:

Photo de Jean-Luc Bonnet

Le port de Meillerie vers 1920, photo de Claude-André Fradel

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  • Sylvie Bazzanella

    Yvonne, Yonne, difficile de lire le nom de cette barque. Il serait intéressant de retracer son histoire.

  • Sylvie Bazzanella

    Il pourrait bien s'agir de la barque "La Mignonne" citée dans l'ouvrage : Lémaniquement votre de Jean-Pierre Cuendet.

  • Sylvie Bazzanella

    La "barque" pontée, à fond plat, sans quille, mais a deux mâts, pouvait recevoir un chargement atteignant 150 tonnes. Sa capacité équivaut à une dizaine de wagons de chemin de fer.

  • Albin Salamin

    Merci Sylvie, effectivement les lettres lisibles sur l'arrière de la barque correspondent.

  • Sylvie Bazzanella

    Barque "La Mignonne. Port d'attache : Saint-Gingolph.

  • Michel Bel

    C’est la Mignonne ex Notre Dame du Lac avant 1894; n* 125 sur les balustres, charge 65 m3 = 98 tonnes. Construite dans les années 1870 pour Jules Péray de Saint-Gingolph. Sur le cliché suivant, c’est une cochère. La troisième est la Reine Berthe de 84 m3 = 126 tonnes. Construite en 1889 pour Benjamin Fornay de Saint-Gingolph, désarmée en 1927. Les barques du Léman sont construites sur quille; elles ont la même méthode de gabariage et d’assemblage, que les galères méditerranéennes, dont elles sont issues.

    Le glossaire des pièces constitutives est exactement le même sur les deux variétés de bâtiments. Les apostis des galères sont devenus les apoustis sur les barques. Les courbes ou varangues sont clouées sur la quille; de puis le milieu de la barque vers la proue, les allonges sont clouées contre les varangues, sur leur face avant. Même principe mais en arrière du milieu vers la poupe de la barque. Aucun mérite de ma part; toutes ces données sont tirées des « Barques du Léman » de Gérard Cornaz, des « Mémoires du Léman » d’André Guex. Mes bonnes dispositions pour le dessin technique me sont bien utiles. Michel.

  • Michel Bel

    Bonjour. Pour les barques il ne faut pas confondre tonne et m3. Le m3 de charge en vrac sur le pont d’une barque est estimé à 1,5 tonne. La portée du bâtiment, lors de sa commande de construction aux chantiers navals, était toujours donnée en m3. À Genève les cargaisons étaient vendues en tonnes, d’où certaines confusions, à la lecture des vieux livres de comptes. La plus grande capacité était celle de la Bourgogne, lancée au chantier du Locum en 1906; 150 m3 de pierres donc 225 tonnes.

Albin Salamin
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9 novembre 2010
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