L'improvisateur napolitain, Léopold Robert, Hans Christian Andersen

2023
La Chaux-de-Fonds, Suisse
Claire Bärtschi-Flohr

Hans Christian Andersen (1805-1875), l’écrivain et poète danois, fut un grand voyageur. Il parcourut l’Europe et notamment la Suisse. Il fut invité à trois reprises au Locle dans la famille Jürgensen, famille d’horlogers d’origine danoise apparentés à la famille locloise Houriet, dont le patriarche, Jacques Frédéric Houriet est considéré comme le père de la chronométrie suisse.

Andersen a décrit ses séjours dans ses nombreuses et intéressantes relations de voyages.

Hans Christian Andersen est encore très célèbre aujourd’hui mais beaucoup de ses œuvres sont peu connues. Seuls quelques contes sont devenus des incontournables, mais au détriment d’un nombre considérable d’autres qui mériteraient d’être lus et entendus.

L’oeuvre romanesque d’Andersen est encore plus mal connue que ses contes…

Pourtant, ses romans nous permettent de mieux connaître leur auteur car celui-ci s’inspire fréquemment de sa propre vie pour créer des personnages. Or Andersen est un être complexe et possède une originale et riche personnalité.

Il s’est décrit dans un roman intitulé « L’Improvisateur ». Le personnage d’Antonio lui ressemble par plus d’un trait. Il est investi des rêves, des doutes de l’auteur. On y constate sa naïveté, une grande pudeur et sa passion de la vie.

Ce roman fut édité en 1835. Coïncidence : Cette même année, le peintre Léopold Robert, se suicidait en se tranchant la gorge dans son atelier de Venise. Ce roman fut le premier succès littéraire de Hans Christian. Il y décrit avec fascination cette Italie romantique qu’il a visitée avec enthousiasme.

Or, il y a quelques semaines, grâce à l’exposition neuchâteloise consacrée aux peintres Léopold (1794-1835) et Aurèle ROBERT (1805-1871), nous avons bénéficié d’une meilleure connaissance de ces artistes nés à La Chaux-de-Fonds et dont la grande avenue porte le nom du premier. Ce peintre, très célèbre en son temps, est peu admiré et recherché de nos jours.

En parcourant l’exposition de La Chaux-de-Fonds, j’ai découvert une oeuvre intitulée, elle aussi, « L’Improvisateur », Elle représente un homme, un instrument de musique à la main (une mandoline, un luth ?). Sa silhouette se détache sur la mer qui occupe tout l’arrière plan. Léopold Robert a mis en scène un improvisateur napolitain. L’homme va jouer et chanter pour les quelques auditeurs groupés autour de lui.

Le roman d’Andersen nous raconte la vie romanesque, mouvementée et l’art d’Amtonio, pour l’improvisation. L’écrivain, comme le peintre, était fasciné par la vie exubérante de la rue italienne, la liesse du carnaval, la ferveur des fêtes religieuses et des processions.

Et les deux visions de ce pays, celle de Léopold Robert et celle d’Andersen nous permettent de mieux appréhender l’oeuvre de l’un et de l’autre. Néanmoins, le personnage de l’Improvisateur est extrêmement plus vivant dans le roman. L’écrivain connaissait de l’intérieur le monde du théâtre et de l’opéra pour y avoir évolué dans sa jeunesse.

A l’origine, Léopold-Robert avait reçu commande d’un tableau qui devait illustrer un roman de Mme de Staël : « Corinne ». Léopold Robert ne parvenant pas à le mener à bien, il transforma le personne de Corinne en celui de l’Improvisateur. Deux façons bien différentes de traiter le sujet.

Les deux artistes partagent néanmoins beaucoup de choses.

Ils sont quasiment contemporains. Andersen est plus jeune de 11 ans seulement.

Tous deux ont été élevés dans la rigueur de la religion protestante, avec l’éducation très introvertie, très culpabilisante qu’elle induit, entre autres en ce qui concerne l’amour.

Ils proviennent l’un et l’autre d’une famille modeste, et l’un et l’autre ont souffert d’être mal à l’aise dans la haute société dans laquelle ils évoluaient. D’où un désir forcené de devenir célèbres, pensant obtenir par le talent et l’aisance financière ce que la naissance leur refusait. Tous deux étaient des personnalités admirées et courtisées par les grands de ce monde. Pourtant ils ont pris conscience, au fil de leur existence que, quoique ils fassent, ils ne seraient jamais reconnus par eux comme des égaux.

Hans Christian Andersen s’est mis en scène dans beaucoup de ses oeuvres.

Et Léopold Robert nous a laissé une importante correspondance qui nous renseigne en profondeur sur sa vie et son caractère. Beaucoup d’éléments de cette correspondance ont été repris par Dorette Berthoud lorsqu’elle écrivit la biographie du peintre.

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