Débat intergénérationnel sur la danse en Romandie
Débat intergénérationnel sur la danse en Romandie
Ce fut une discussion improvisée, provoquée par une jeune femme nommée Christine Goumaz avec sa mère Madame Isabelle Goumaz. Cette dernière est née au printemps de 1957 et fut professeure de danse classique dans la région romande pendant environ 40 ans. La formation d'Isabelle a d'abord eu lieu à Lausanne. Madame Colette Schuler, la marraine de Christine, troisième intervenante dans ce document audio, a aussi été formée à Lausanne. Elle a consacré une partie de ses premières années professionnelles à la danse puis à d'autres métiers.
C’est justement autour de leurs souvenirs de danse à Lausanne dans les années 70 que démarre cette discussion intergénérationnelle. Christine m’explique qu’une lecture l’a amenée à provoquer cet échange : « C'est d'abord en lisant le livre "Les 100 femmes qui ont fait Lausanne" que j'ai cherché à trouver des témoignages d'héritières directes ou indirectes encore vivantes. Concernant les pages liées à la culture, en particulier la danse et la musique, je n'avais pas besoin de chercher loin, il m'a suffi de demander directement à ma mère et à ma marraine. »
Christine est membre du Conseil communal de Lausanne, sentant que la danse redevient un sujet politique, elle a compris que cette discussion replaçait ce domaine artistique dans un contexte riche. « J’ai par ces témoignages pu en savoir plus sur la formation de la danse à Lausanne à cette période, donc celle avant l'arrivée du Prix de Lausanne et de Béjart. »
Un certain nombre de questions de cette époque restent ouvertes. Notamment, celle de savoir pourquoi le Conservatoire de Lausanne n'a finalement pas ouvert les classes de danse. « Ma mère avait pourtant reçu une bourse de la Ville de Lausanne afin de se former à Cannes au Centre de danse Rosella Hightower, et ce dans le but d'être engagée pour y enseigner à son retour. Si la Ville avait ouvert ces classes comme prévu, ma mère toucherait une retraite confortable aujourd'hui. Cette décision mystérieuse a influencé toute sa vie. À titre plus personnel, j'ai pris conscience de son parcours professionnel ainsi que de ma propre enfance ». " Si ces « 100 femmes » sont de grandes dames enfin mises en lumière à travers le livre, j'ai aussi découvert que mes « mamans », Isabelle et Colette sont admirables. Ma mère a largement contribué à la formation de la danse classique de la région lausannoise, explique Christine.
Divers récents audits dans le milieu de la formation de la danse en Suise révèlent de mauvais traitements d'une approche pédagogique révolue.
Ma mère, ayant elle-même été formée, était convaincue que l'art de la danse n'a aucunement besoin d'être enseigné sous quelconque mauvais traitement, elle a donc été une professeure sérieuse, encourageante et bienveillante. Elle permettait toujours à toutes et tous de participer aux cours et aux spectacles. Mes meilleurs souvenirs de danse sont ceux avec les professeur.e.s qui ont su me faire progresser tout en restant respectueux, qui m'ont transmis la joie de vivre et de partager une passion et qui m'ont enseigné que l'art en général rend l'essentiel visible à nos yeux. Il te faut savoir être "plus forte que la douleur" me disait-on aussi ! C'est sans doute ainsi qu'une certaine discipline se forgeait. Il en résulte que ma carrière de danseuse s'est interrompue à cause d'une fracture de fatigue. Dorénavant et ces audits en sont comme une promesse, ces personnages violents seront systématiquement dénoncés et remerciés.
Dans cet extrait de document audio enregistré dans le jardin, elles parlent aussi de la famille de Christine Goumaz ainsi que d’autres artistes. Par exemple de sa grand-mère, Delly (Adèle) Goumaz Meystre née en 1914, qui a enseigné le piano au Conservatoire de Lausanne. Elle a donné des leçons de piano à la maison jusqu'à l'aube de ses 96 ans.
Photo Thomas Enckell (1942-2021) avec deux autres élèves de l'école de danse Simone Suter, photo par Mireille Diggelmann Golay.
Vers l'image: notrehistoire.ch/entries/L28LR...
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