Le service mercenaire des soldats suisses en France ne s'est pas terminé avec la prise des Tuilleries en août 1792 ni avec le massacre de la Béresina en novembre 1812, mais s'est poursuivi pendant quelques décennies. De nombreux mercenaires venaient de Suisse centrale et la raison en était simple : la pauvreté et la faim.

Nous reproduisons ici une lettre de "congé de licenciement" d'un de mes aïeuls, Jean Joseph Joachim Abächerli de Giswil (probablement Hans-Josef) en août 1830. Il avait alors 39 ans et s'était engagé en 1821 comme soldat dans le 8e Régiment d'infanterie de la Garde et a été promu grenadier en 1822. Il avait ainsi servi sous Louis XVIII "Le Désiré" et sous Charles X dans la compagnie Gerber du Régiment Suisse de Bésenval 8ème d'infanterie.
Son licenciement n'est pas volontaire, semble-t-il, mais résulte d'un ordonnance daté du 11 août 1830, deux jours seulement après l'accession au trône de Louis-Philippe 1er. Le « roi-Citoyen » voulait peut-être se débarrasser de ces troupes.
Comme le montre le document, il avait servi lors de la campagne d'Espagne de 1823 et 1824, qui était en fait une intervention voulue par les puissances européennes et confiée à la France contre le libéralisme pour aider le roi Ferdinand VII d'Espagne saisi par les libéraux. Pour les forces françaises commandées par le duc d'Angoulême, il s'agit plus d'une promenade avec quelques escarmouches que d'une guerre. Le pouvoir est rendu au roi d'Espagne, les forces restauratrices ont gagné, du moins pour un temps.
Le document ne mentionne pas de compensation financière en cas de licenciement. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de Jean Joseph qui est probablement rentré chez lui. Ce document était en possession de mon grand-père.
Il serait intéressant de savoir s'il existait aussi des unités composées de mercenaires romands, qui avaient au moins l'avantage de parler la langue du roi....