Le dévidoir à laine

1939
L'Auberson
Lily Schneider
Elisabeth Baudat

A défaut d’autre jouet, le dévidoir à laine devenait magique, par sa mobilité, son extension, en largeur et en hauteur, sa vitesse de rotation, variable à souhait !

Le dévidoir, mine de rien, était un objet important. Il requerrait une large place sur la table de la chambre et nous obligeait à débarrasser les livres et les cahiers d’école, la boîte à couture, les raccommodages restés en attente, et la Gazette de Lausanne abandonnée par mon père.

Pour fixer le dévidoir au rebord de la table, ma mère plaçait un bout de papier entre la vis de serrage et le bois. Sous les quatre branches rassemblées autour d’une tige centrale, une rondelle de bois dur, épaisse, servait d’arrêt. Elle poussait les bras, articulés par des rivets en laiton, et les déployait à la largeur requise par l’écheveau de laine. Il était introduit dans le triangle ouvert, formé aux extrémités des branches et tendu au maximum. L’installation se devait d’être minutieuse pour éviter l’emmêlement des fils et leur difficile rétablissement dans le bon ordre.

Une fois le bon bout de la laine repéré, ma mère formait autour de son pouce un peloton ovale, bien régulier. A la place du pouce-pivot, il restait un trou. D’autres fois, au cœur de la pelote, elle empaquetait une pièce de vingt centimes dans un carré de papier. La pièce serait à moi une fois le tricot terminé ! L’affaire était frustrante, quand, l’ouvrage fini, il restait une petite boule narquoise.

Le dévidoir s’utilisait les jours fastes où l’on avait pu acheter de la laine neuve. Le plus souvent on remettait en écheveau sur la machine, le fil de pulls détricotés. Lavé et séché, il gardait les frisures imprimées par les aiguilles de fer.

Lily Schneider, Octobre 2003

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Elisabeth Baudat
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29 septembre 2023
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