Essai sur l’aspect d’antan des villages de Vers-l’Eglise et de La Fontaine, à Fully

Essai sur l’aspect d’antan des villages de Vers-l’Eglise et de La Fontaine, à Fully

1 janvier 1910
photo inconnu, texte de Marianne Carron
Marianne Carron

Aspect général

En 1880, le centre de Fully était composé de deux villages distincts ; Vers-l'Eglise et La Fontaine, séparés par des cultures et des châtaigniers, et d'un hameau - disparu depuis - dans la combe des Avasiers. L'ensemble est bâti sur un cône de ravines provenant du torrent du Saloz et de la Ravine Neuve, recouvrant un gros dôme d'alluvions morainiques laissé lors de la dernière glaciation; la Crête.

Plusieurs chemins s'étageaient sur le bas du coteau :

La route de Martigny - Saillon, située au « fond du village » passait sous l'église, en reliant tous les villages de la commune bordant la plaine. Il semble que ce soit la première route carrossable de Fully.

Le chemin muletier d'Euloz partait de celui-ci, il débutait à La Forêt et desservait tout le haut de Fully, en particulier vers Planuit et Randonnaz. Il passait par Chancotin, montait par la Liaudise en un chemin pour carriole à bras. Ce tronçon avait peut-être était meilleur, mais il se situait dans une dépression favorable aux ravines.

Il croisait le chemin qui reliait Tassonnières à Châtaigner, celui-ci descendait de Plamou vers la Croisée des Cartes, traversait la châtaigneraie à mi-hauteur, puis le torrent du Saloz - là où l'on construira par la suite l'usine électrique- pour se prolonger dans le Chemin des Forains qui aboutit sur la place de Châtaigner. Les maisons se sont agglutinées sur son tracé, formant un village encore peu distinct de sa forêt ; La Fontaine. (on le voit encore sur la photo ci-dessus )

A la croix du Saloz, le chemin de Tassony quittait la voie montante d'Euloz, pour aller presque à plat, passant les torrents du Saloz et des Perches, les vignes et les cultures jusqu'à un replat au-dessus de Châtaigner, le hameau de Tassony.

Entre 1920-1928 un chemin de halage est construit le long du canal, il deviendra par la suite la route cantonale Fully - Saillon - Leytron.

Un faisceau de ruelles se rejoignant dans la châtaigneraie reliait Vers-l'Eglise à La Fontaine.

Avant 1915, seules les ruelles - les dérupes, raidillons où le pied dérape - reliaient ces deux villages. Elles se rejoignaient dans la châtaigneraie, qui semble avoir eu plusieurs carrefours, dont la Croisée des Cartes et le Saloz ( et peut-être d'autres, que les ravines ont déplacé ou effacé) et se terminaient à quelques mètres au-dessus du niveau de la plaine.

La ruelle de l'église était la ruelle principale, mentionnée sur les cartes elle longeait l'église et son cimetière. ( les ruelles du Mont et de la Croisée, dites ; ruelle du mazot blanc, ruelle des chats )

La Poya de Plaquet, un étroit chemin creux encadré de murgères faisant un couloir bien pratique pour mener le bétail de la plaine à la châtaigneraie (les ruelles de la Voûte, du Mazot Blanc, de la Croix et de la Châtaigneraie). Elle comportait de grands bassins au début et à la fin de la route de La Fontaine, en vis-à-vis des croix.

La ruelle des moulins où se concentraient les activités et industries liées à l'eau.

L'ancien chemin d'Eulozmontait verticalement, à l'ouest du torrent à partir de la Croix du Saloz. Construit entre deux cordons de ravines ce chemin muletier à gardé en grande partie son empierrement d'origine. Ce n'est qu'à partir de 1940, où est construite une première route carrossable vers Euloz, qu'il tombera dans l'oubli.

Outre ces chemins, l'eau avait aussi les siens.

Le Rhône comportait de multiples bras eux-même reliés entre-eux. Le Vieux Rhône vaguait au pied de Fully et le Petit Rhône près de Charrat. Bien que marécageuse et entrelacée de voies d'eau, la plaine était exploitée, en particulier ses îles, des dunes parfois rocheuses couvertes de prés ou de bosquets. Par exemple, En dessous de Vers-l'Eglise, le Taillefer rejoignait le Rhône en formant un coude emprisonnant l'île de l'Insarce (Insacre veux dire encerclée). Le fond du mont était occupé par une vaste roselière inabordable en été mais dont on pouvait faucher les roseaux l'hiver, quand le sol était pris par le gel, pour en faire de la litière pour le bétail. L'ìnsarce possédait une abondante végétation, des vernes et des saules et servait de pâturages pour les chevaux

A l'est de celle-ci, deux ponts permettaient d'accéder aux îles: le pont vers l'église -qui existait déjà en 1618 à Tzarnot- une construction en bois qu'emportaient fréquemment les désordres du fleuveet le pont du Rhône.

A partir du premier endiguement terminé en 1868, le lit du fleuve fut partiellement comblé, laissant la place à un Rhône corrigé, resserré et endigué, et un canal de dessèchement entre Saillon -Fully.

Le torrent de La Fontaine ou torrent des moulins qui descendait entre la ruelle de l'église et la poya, servait aussi de chemin. Il venait de la châtaigneraie, descendant sur une arrête du cône de déjection par un conduit couvert construit en dalles (un bisse ?). Il entrait à La Fontaine par l'arrière de la maison Taramarcaz ( Une maison avec une voûte et un cadran solaire, bâtie en 1853) où il semble qu'il chutait du mur situé au fond de la cour. Il passait sous la route pour descendre alimenter les moulins et les bassins des deux villages. Couvert, il était aussi devenu la Ruelle des Moulins, que l'hiver verglaçait. Un grand bassin public se trouvait entre le café de la Fontaine que jouxtait une épicerie et la laiterie. On y remplissait d'eau les seaux pour le ménage, on y abreuvait le bétail ou y lavait son linge. En bas du café se trouvait l'ancienne laiterie et le four banal de J. Carron (construit en 1887, avec un pressoir en contigu du chemin), deux bâtiments bas et allongés séparés par une ruelle.

Un peu plus bas, le torrent faisait tourner le moulin de Frédéric Carron, et alimentait un deuxième grand lavoir. Un petit bassin surmonté d'un aigle sculpté en marque l'emplacement et le souvenir.

Au nord-est de l'école primaire des garçons (construite en 1908) se trouvait le moulin de Pierre Ançay-Bender, suivi par le moulin de Frédéric Bender situé derrière la maison de commune, sur le chemin des écoliers. En dessous de la maison de commune il y avait alors deux bassins : l'un au nord, l'autre au sud de la route. La ruelle des moulins se terminait un peu au-dessus de la plaine avec le moulin de Maurice Bender et la laiterie de Vers-l'Eglise. Des jardins occupaient le bas de la pente et la plaine, où le conduit couvert du torrent rejoignait le canal.

Les citernes

A partir de 1878, l'état impose l'arborisation des digues du Rhône - enfin terminées sur Fully - et de ses affluents. La Fontaine et Vers-l'Eglise ont chacune leur pépinières, et chaque pépinière, sa citerne. La pépinière Taramarcaz plantée au fond du village était irriguée par la citerne de la Croisée des Cartes, la pépinière Roduit située sous la châtaigneraie, au Morin, s'arrosait grâce à une citerne construite en 1958 sous la place du Saloz. La pépinière du Morin était traversée en son milieu (à l'emplacement actuel du petit zoo) par le chemin de La Fontaine.

En 1909, Vers-l'Eglise possède encore avec son ancienne église c**onstruite en 1747 sur les fondations de la précédente. Comme la précédente, elle est orientée est-ouest, avec son entrée du côté du couchant où l'on arrivait semble t'il par une ruelle. Sous le patronage de St Symphorien, elle a aussi un autel voué à Notre-Dame du Rosaire et à partir de 1819, un autre à St. Joseph. De cette église démolie en 1934 il ne nous reste que le clocher bâti - ou plus probablement juste surélevé- à cette époque et la stèle commémorative dédiée à soeur Louise Bron qui se trouvait au milieu du cimetière. Le village de La Fontaine est presque enfoui dans les châtaigniers. L'école construite en 1909, possède ici un clocheton. On ne voit pas de route sur les bords du canal. L'eau miroite encore par endroit dans la plaine plantée de peupliers et de vergers de haute taille.

Carte postale datant de 1910 envoyée en août 1932. Texte effacé.

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  • Marianne Carron

    Une autre vue de Fully, pour voir son changement dans les années 40 http://www.notrehistoire.ch/group/fully/photo/46198/

  • Marianne Carron

    le plan cadastral de 1730, retrouvé par Charly Carron, présente deux chemins disparus, qui débutaient a la Croisées des Cartes. Celui qui partait à plat, était bâti sur un mur, comme le Sentier des Vignes et des Guérites dont il est le prolongement. Le mur est encore visible par endroits. L'autre chemin montait droit derrière la Croix, formant ensuite un angle droit pour rejoindre le Saloz. Il est difficile de le situer, le terrain étant fortement chamboulé, mais doit encore exister partiellement. Ces deux voies ont étés fermées par le muret de la croix, et le chemin empierré qui travers en diagonale la châtaigneraie à dû être construit à ce moment là pour les remplacer.