Électrification Neuchâtel Le Locle Col des Roches

Électrification Neuchâtel Le Locle Col des Roches

3 octobre 1931
Inconu
Yannik Plomb

notrehistoire.imgix.net/photos...

En gare de la Chaux de Fonds Nachrichten Blatt SBB

Le samedi 3 octobre 1931,

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En gare du Col des Roches photographe Montbaron Ne

Inauguration de l’exploitation électrique sur la ligne Neuchâtel-La Chaux-de Fonds-Le-Locle-Col des Roches

Une pendaison de crémaillère à Neuchâtel au Le Locle-Col des Roches et retour à La Chaux-de-Fonds, avec les autorités du canton de Neuchâtel et des communes desservies par la ligne ferroviaire, représentants du Conseil des chemins de fer I, directeur de l’arrondissement I, Haut fonctionnaire de la Direction Générale et Direction Départementale I

Partout le long de la ligne, le public était nombreux y compris la jeunesse scolaire pour le passage du train électrique, à Neuchâtel et au Locle sur le quai, la musique des cadets.

Depuis le 4 octobre, pour les liaisons entre Neuchâtel et Le Locle-Col des Roches tous les trains sont tirés par des locomotives électriques

La ligne de Neuchâtel au Jura est une ligne de montagne à forte pente, avec des tunnels où le fléau de la fumée qui se répand est très désagréable tant pour les voyageurs mais aussi pour le personnel.

La ligne est celle des années 1857-1860 de la société de chemins de fer Jura Industriel

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Le vendredi soir déjà, la traction électrique avait débuté par l'arrivée à La Chaux-de-Fonds d'une des puissantes locomotives qui désormais grimperont nos rampes et franchiront nos tunnels. Les ingénieurs des C. F. F. ont acquis une telle expérience en la matière que leur coup d'essai fut un coup de maître. Aucune panne, aucune avarie. Tout marcha à la perfection.

Samedi matin, sur le quai de Neuchâtel, les invités se trouvaient réunis, attendant le train officiel ne tarda pas à déboucher, conduit par une locomotive décorée d'écussons et de drapeaux. Il était 10 h. 05. On prit place dans les trois wagons de voyageurs, dans le wagon d'observation, voire sur la locomotive et le convoi s'ébranla sans même susciter à Neuchâtel beaucoup de curiosité. L'électrification des Montagnes neuchâteloises n'a jamais eu beaucoup d'importance pour nos concitoyens du Bas... On vit bien qu'il en était autrement dès les premiers tours de roue faits sur la nouvelle ligne électrifiée. En effet, dans les plus petites gares, et même entre les gares, les gens s'étaient massés. Ecoliers qui saluaient l'apparition du progrès, qui se souviendront plus tard et qui diront : « J'ai vu le premier train d'électrification. » Curieux accourus et qui marquaient au passage de la loco une sympathie souriante. Dame ! on l'avait assez attendue. Toute la population enfin, qui, comme Thomas, voulait voir et toucher avant de croire...

Le premier arrêt eut lieu à Chambrelien. Puis on monta sans coup férir et sans essoufflement jusqu'aux Hauts-Geneveys où l'on arrêta pour attendre le croisement et pour admirer la nouvelle gare construite par les soins de l'entreprise Crivelli. C'est là qu'un curieux parla de la suppression éventuelle des surtaxes de Montagnes et fit en trois mots un discours qui n'avait aucun caractère officiel... Enfin, porteur de sa précieuse cargaison, le convoi, qui contenait plusieurs conseillers d'Etat et qui tout le long du parcours avait recueilli les délégations des autorités des communes jouxtantes, déboucha à La Chaux-de-Fonds sur les quais noirs de monde. Une véritable haie humaine garnissait en même temps les talus et les ponts. Enfin, après quelques minutes d'arrêt, on repartit pour Le Locle où une délicate attention de la Musique scolaire accueillait sous forme de pas redoublés entraînants et de mélodieux accords, les pionniers de l'électrification. Une réception fut également offerte par les autorités de la ville qui tinrent à marquer les vieilles traditions d'hospitalité locloise.

Puis un aller et retour au Col des Roches mit le point final à l'exploration. On revint sur le déjà vu pour descendre à La Chaux-de-Fonds, après un dernier regard aux installations et aux pylônes que nous aurons le temps de détailler au cours de nos voyages futurs.

Au buffet de gare, lieu connu des gastronomes, et qui ne faillit jamais à sa réputation, on dégusta un excellent lunch offert par les C. F. F. Une jolie plaquette insigne, de la maison Huguenin frères fut aussitôt arborée par les participants. Elle représente une locomotive électrique dont le relief est véritablement saisissant,

Après la partie économique vinrent les discours.

M. Savary, Directeur du Premier arrondissement, sut, en quelques phrases d'une belle élégance de forme et de pensée, dégager tout d'abord la signification de cette journée, « qui, dit-il, n'est ni une parade, ni une fête, mais l'étape finale d'une campagne de travaux longs et pénibles. » Rendant hommage à l'entreprise Rothpletz et Lienhard qui exhaussa ou surbaissa les tunnels, le distingué orateur constata que le 3 octobre, « une page nouvelle de l'histoire ferroviaire du canton de Neuchâtel s'ouvre au livre de l'électrification. Plus de fumée lourde, mais un grésillement lumineux le long des fils. Plus d'angoisse dans les tunnels, plus d'escarbilles dans les yeux. Les quelques locomotives à vapeur dont on entend encore le souffle qui s'époumone, sont comme les flonflons d'un orchestre qui s'éloigne... »

Le Directeur du ler arrondissement a tenu a répondre aux critiques adressées par la presse au premier horaire d'électrification. « On fera mieux, dit-il, l'année prochaine. H fallait débuter et ce début se raccordait aux horaires existants.» Enfin, après avoir souligné que la situation des C. F. F. n'est pas brillante, M. Savary précisa que l'installation de l'électrification sur les lignes neuchâteloises est une opération financière onéreuse, qui laissera un découvert de quelques centaines de mille francs par an. Une augmentation du nombre des trains ne pourra intervenir qu'après une augmentation du nombre des Voyageurs.

Vigoureusement applaudi, M. Savary trouva dans l'accueil fait à son discours l'expression de la sympathie et de la juste popularité dont il jouitdans nos régions, qui apprécient son franc parler autant que le labeur considérable qu'il fournit à la tête du premier arrondissement. M. Renaud» président du Conseil d'Etat, feuilleta ensuite avec beaucoup de pittoresque certaines de nos annales ferroviaires et même «ferrugineuses »... Il salua les hôtes présents et termina par des souhaits sur lesquels nous reviendrons. Lui aussi fut chaleureusement applaudi. Et ainsi prit fin la partie la plus importante du programme de cette journée, dont nous remercions très sincèrement les C. F. F. Ce fut parfait et réussi en tous points P. B.

L´Impartial, lundi, octobre 05, 1931

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Yannik Plomb
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14 juin 2020
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